Gloire aux sacs! (13/10/2013)
Chérie, tu sais où sont les clés ? Oui dans mon sac à main ! A cet instant, l’homme se fige alors que la main de la femme plonge avec précision dans le sac. Il y a toujours un mystère dans ce geste, la recherche va-t-elle aboutir, combien de temps va-t-elle mettre. Parfois, il faudra consciencieusement vider le contenu du sac sur une table pour mettre la main sur l’objet désiré. La surprise, couplée à une perplexité certaine, est toujours au rendez-vous, avec deux questions lancinantes que ne cessent de se poser les hommes et qui constituent surement un des derniers mystères de l’univers : comment peut-on mettre autant d’objets dans une si petite chose et comment peut-on s’y retrouver dans tout ce fouillis. La recherche la plus avancée bute encore sur les nombreuses controverses qui entourent cet objet et les joutes verbales contradictoires de haut vol ne sont pas prêtent de déserter le petit monde de la sacologie dont l’une des plus importantes tient à l’attrait esthétique que l’apposition d’un L et d’un V sur un morceau de tissu ou de cuir constitue et qui a de quoi surprendre l’esprit rationnel et non encore contaminé par une société de consommation qui dicte aussi surement que les traditions familiales ce que chacun doit aimer et désirer…
Mais revenons à nos moutons, dont la laine est plus rarement sollicitée comme matière utilisée dans la fabrication d’un sac, bien que ce dernier puisse contenir pelotes et aiguilles, qu’il n’est pas rare de voir sortir, même chez les jeunes générations mais rarement d’un sac de marque.
L’homme plaisante souvent sur cette manie de composer le contenu du sac de tout et de rien. C’est un sujet de dispute, de blague et pourtant, il faut rendre grâce à cet attribut féminin et à celles qui le remplissent. D’ailleurs, l’homme sans le dire s’y est mis, le sens pratique en moins. Il appelle cela un sac à dos, une besace… mais la fonction recherchée est bien la même que celle de l’original : pouvoir pourvoir. Parce qu’un sac à main, c’est un couteau suisse puissance 10, le glamour en plus (ceci étant relatif selon le contenu du sac…).
Face au péril imminent, il n’est rien qu’un sac à main ne puisse résoudre. Vous êtes perdu au milieu d’une contrée inconnue, qu’à cela ne tienne, plongeons une main dans le sac à main, nous y trouverons pêle-mêle un plan, un guide de conversation si nécessaire… Tu avais cela dans ton sac ? Ben oui, j’avais prévu le coup, pas toi ? L’homme penaud, baisse la tête, signe de défaite tout autant que du respect qu’il a pour cette qualité qu’il jalouse chez sa compagne, le sens de l’anticipation.
Depuis les cavernes de la préhistoire, l’homme est persuadé qu’il peut résoudre un problème par le seul appel à son instinct. Ainsi en voiture, jamais il ne demandera son chemin à un passant s’il est perdu. L’homme va faire confiance à sa bonne étoile et à son prétendu sens de l’orientation qui parait-il, ne lui fait jamais défaut. Rien ne lui fait peur, pas même un détour de plusieurs dizaines de kilomètres, de plusieurs heures. Il pourra bien arriver après la bataille dès lors qu’il y sera arrivé sans assistance. A ce prix, l’honneur est sauf. Mais il comprendra vite qu’il est ridicule dans le regard désapprobateur de sa compagne ou des hôtes qui l’attendaient depuis des plombes. Et bien que le volant ait tendance à le rendre encore plus abruti que d’habitude, l’homme aura ce même comportement à pied, à vélo ou encore à cheval : il préférera se perdre seul que d’avoir à demander son chemin… ça lui arracherait la gueule… La femme n’a pas cette fierté mal placée et disons le particulièrement improductive et stupide. Elle demandera son chemin avec un grand sourire et arrivera à l’heure pour honorer son rendez-vous. Le sexe faible n’est pas celui qu’on croit.
Et la femme, comme les plus grands magiciens, a plus d’un tour dans son sac. Telle Mary Poppins, elle trimbale l’indispensable d’une vie dans un volume réduit, ce qui se révèle bien pratique dans les vicissitudes du quotidien. Portefeuille, clés, brosse à dent, nécessaire de maquillage, romans, téléphone, ticket de réduction pour carrefour, agenda, codes divers et variés, plan du métro…la liste est inépuisable.
Mais n’allez pas croire que tout est rose : A vouloir mettre autant de chose dans un endroit si peu volumineux, les objets s’amusent à jouer à cache-cache. Il devient parfois même impossible de mettre la main dessus quand il y a pourtant urgence à en bénéficier. Ainsi de la recherche des clés, du téléphone portable ou de la carte bleue, qui, suprême humiliation, peuvent se solder par un grand moment de solitude quand pour ramener des profondeurs l’objet désiré ce sont tampons, serviettes hygiéniques, sex-toys ou photos kitsch qui sortent du sac. Il y a peu du capitole à la roche tarpéienne et la honte se lira sur le visage de la propriétaire desdits objets avec une nuance rarement atteinte dans les tons écarlates.
Mais ce sont là les risques du métier ou la rançon de la gloire, selon que vous serez amateur de l’une ou l’autre de ces formules. Au quotidien, le sac rend à l’humanité des services incomparables que tous les smartphones et les google glass du monde, et même de l’univers, ne pourront pas détrôner de sitôt. Longue vie au sac à main et que hommage soit rendue à celles qui le portent si bien !
17:51 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sac à main, femme, glamour, pratique, voiture, homme | | Facebook | |