Jeu de dupes (06/11/2013)
Les bonnets rouges, version 2013, ont eu les honneurs des éditions spéciales, arborant couvre-chefs écarlates et Gwenn ha du dans un attelage surprenant. Commence l’heure du bilan. Oui déjà. Ce mouvement hétéroclite avait une seule chose en commun, ce qui est efficace pour réunir 15 000 personnes une fois mais qui n’est pas assez pour construire un projet sur ce seul nom sans y mettre de contenu : la Bretagne.
Pour le reste, tout est un jeu de dupes et de poker menteur. Croire et faire croire que les règles européennes sur les restitutions vont revenir à ce qu’elles étaient est une fausse naïveté qui permet de faire oublier que la fin de celles-ci est programmée depuis 10 ans : certains ont profité du système jusqu’au bout sans mettre un centime dans la nécessaire évolution à prévoir. Moins d’impôts mais plus d’aides publiques, une Bretagne plus verte mais laissez-nous polluer : la plateforme de ce programme va être intellectuellement et pratiquement difficile à mettre en œuvre mais la contradiction n’a jamais tué personne après tout et si elle amuse l’imbécile, voir le fait rêver…
Pousser à la construction de l’Europe du Traité de Lisbonne pour mieux la dénoncer le moment venu, voilà qui est audacieux, la ficelle est grosse, mais passe encore.
Pour faire tenir tout ceci, une vague promesse de permettre à chacun de vivre au pays, ça ne mange pas de pain, sans dessiner ce que pourrait être ce projet…si ce n’est en maintenant la perfusion sur ceux qui se sont déjà engraissés pour ne pas les obliger aux changements qu’ils savent nécessaires depuis trente ans.
Mais la responsabilité est partagée, y compris par certains qui étaient à Carhaix ou s’en revendiquaient : faire croire que le monde est pareil à ce qu’il était avant, sans changement profond sur les modes de consommation, de production, sur l’état de l’environnement relève d’un mensonge que la profondeur de la crise révèle avec force. Le cas breton n’est pas unique, mais il apparaît dans toute sa splendeur. Dans une société où la mécanisation, la productivité, la technicité l’emporte, où le défi de la transition énergétique est à relever, les solutions du passé, même relookées, ne fonctionneront pas : au plus créera t’on quelques emplois, qualifiés, que l’armée des salariés qui prennent le train des licenciements ne pourra pas occuper et qui de toute manière ne feront leur apparition que dans cinq ou dix ans…
Modèle de développement, partage de la richesse, partage du travail, nouvelle forme de solidarité, en somme nouveau pacte social, sur un changement profond de paradigme : le pacte d’avenir, à l’échelle bretonne, comme à l’échelle nationale, européenne ou mondiale, pour réussir, ne pourra pas être l’inscription des revendications des bonnets rouges pas plus qu’il ne pourra être le maquillage de « mesurettes » qu’un Etat impécunieux n’est pas à même d’honorer notamment en supprimant l’impôt…
La route est longue et le jeu de dupes va pouvoir continuer longtemps… Et pendant ce temps-là, les principaux concernés, les victimes bien consentantes de ce poker menteur n’auront plus que les yeux pour pleurer : il y a des forces qui vous dépassent…
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