On dirait que je suis policier... (20/10/2013)
Les adultes sont de grands enfants quoiqu'ils en pensent et le besoin qu’ils ont de jouer est aussi nécessaire que salutaire.
Il y a plusieurs manières d’aborder la chose pour un adulte. On peut le réprimer. C’est moche et ça fait des psychopathes en puissance qui n’utilisent pas le pouvoir d’exutoire du jeu. Si vous connaissez des gens comme cela, dénoncez les, vous ferez œuvre utile pour la société !
On peut être sous conduite addictive avec les jeux d’argent, du vénérable et inusable PMU au très à la mode poker : quelques-uns s’en sortent, d’autres se mettent sur la paille après avoir vendu père, mère, femme et enfants et même enfants à naître. Les jeux en ligne font des ravages, des hordes de zombies passant une part non négligeable de leur temps, libre mais aussi professionnel, à jouer aux plateformes liées aux réseaux sociaux. Ainsi se multiplient les épitaphes : Ci-git le joueur tombé dans Candy Crush.
On peut aussi courir après un ballon, mais cela implique un peu de condition physique et de savoir insulter un arbitre, ce qui n’est pas donné à tout le monde ou encore faire des jeux de société, bref jouer au sens large.
Mais il manque toujours ce petit truc qui faisait que le jeu était incomparable lorsque nous étions enfant. Ce qui manque, c’est jouer à être quelque chose d’autre, quelqu’un d’autre : on aurait dit que j’étais un cow-boy, une actrice célèbre, un super héros, bref, tout sauf moi. On dirait que…cette phrase c’est la magie de l’imaginaire en marche, des histoires qu’on écrit, scénarise et joue d’un seul tenant. Certains en font leur métier ou un loisir : faire l’acteur, au fond c’est rechercher cette sensation perdue de la prime jeunesse.
Entre les deux, il y a le jeu grandeur nature. S’habiller en chevalier, en mousquetaire, en dame des années folles, en policier du futur ou en enquêteur et jouer comme quand on était minot. Un des exercices c’est la murder. Comme ça, ça fait un peu peur mais traduit par « c’est un cluedo grandeur nature, en mieux », tout de suite, ça rend le concept plus sympathique. Et disons-le sans détour : une murder, c’est le kiff, le pied !
Dans une murder, il y a un corps ou un objet volé. C’est classique, c’est du policier. Si le nœud de l’affaire est un bisounours, vous faites fausse route, c’est un traquenard et la personne qui vous a invité ne vous souhaite pas forcément tout le bonheur du monde, allez savoir pourquoi.
Il y a donc une enquête à résoudre, et comme le commissaire Adamsberg de Vargas, plus surement que comme un héros des experts, il va rapidement devenir nécessaire de démêler les fils que vous n’allez pas manquer de tirer au gré de votre aventure. Il y a plusieurs variantes mais la mécanique est la même, il y a un ou plusieurs coupables sur le lieu de la murder, il faudra les interroger, confronter les témoignages, discerner le mensonge, ne pas s’enfermer dans la fausse piste, ne pas passer à côté de l’indice crucial. Le joueur se prend rapidement au jeu et se fait policier sans même s’en apercevoir.
Si au départ les questions sont convenues, assénées sur un ton peu assuré, la confiance et la crédibilité s’installent chez le participant, qui découvre que le bluff, une voix pressante mais sure d’elle déstabilise même jusqu’au plus sérieux des acteurs. Pouls qui s’accélère, paupières qui tressautent, regard fuyant, même pour jouer, dans le mensonge, le corps lance mille signaux !
Je sens déjà poindre la question : peut-on être très entreprenant à la limite de la violence pour extorquer des informations ? N’ayant jamais été invité à une murder SM je ne saurais dire mais il est tout à fait possible d’imaginer que l’usage de la force puisse transformer une partie bien innocente en une véritable enquête dont vous serez le héros bien malheureux, alors comme le dit l’adage, dans le doute abstiens toi !
Le temps de la partie est limité. Elle s’arrête par la découverte du ou des coupables et du mobile ou à la fin du temps imparti, chacun des participants proposant son hypothèse. Le temps file à toute vitesse, et faut-il le dire, il est difficile de quitter son personnage, même pour le meurtrier. Et peut-être même plus pour lui : ce n’est pas tous les jours que l’on peut être coupable sans conséquence !
Alcool et murder font ils bon ménage ? Si la tradition littéraire policière dépeint souvent un détective carburant au whisky pour oublier une vie privée totalement ratée, d’expérience, la sobriété est le meilleur allié pour conserver le minimum de jugement nécessaire pour démasquer un coupable. Répéter trente fois la même question au même témoin, ça peut être drôle (ou lassant si on est le questionné) mais ne permettra pas de faire avancer l’enquête d’un iota. Si en revanche vous jouez le témoin alcoolique, ne vous privez pas ! Mieux, buvez pour les autres, ils ne vous en remercieront pas mais pourront vous ramenez chez vous.
Au final, une murder repose sur quelques ingrédients : il faut y entrer pleinement, jouer le jeu (on y revient, encore et toujours), une main de sérieux dans un gant de bonne humeur et un scénario béton : le travail de l’organisateur, du scénariste est titanesque, n’oubliez pas de le remercier à la fin, avec de la chance il vous invitera à nouveau la prochaine fois !
En tout cas, après une murder votre serviteur se sent rajeuni de 20 ans et n’a qu’une envie, vous dire qu’on dirait que je suis un cow-boy et toi le voleur, si je t’attrape t’es mort et puis on échange !
16:13 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : murder, jeu, enfant, cluedo, adamsberg, ujap badminton, quimper | | Facebook | |