Y a quoi à la téléologie? (02/12/2014)

téléologie, chat, psychologie, chronique, humour Le cerveau humain a des capacités insoupçonnées. Il permet à tout un chacun de donner l’illusion d’être de fins stratèges, des tacticiens hors pairs, toujours assuré d’arriver aux rivages visés. Les circonstances, le hasard, les déviations, tout est oublié et l’histoire se réécrit en ligne droite. Pratique. Nous sommes toujours l’acteur de notre destin, que ce soit en amour, en affaire ou dans d’autres domaines. La réalité est enjolivée, polie, pour faire oublier que dans la descente d’une rivière, si les coups de pagayes sont appréciables, le courant nous emporte d’autant plus qu’il est impétueux.

 

 

C’est ainsi depuis la nuit des temps, l’humain est téléologique par nature. Ce n’est pas un gros mot même si ça prête à confusion. L’homme voit des fins partout. Ça le rassure. Autant qu’un bon steak-frites. Ce dernier a pour finalité d’adoucir et de reposer l’homme. Sinon le conquistador n’aurait pas découvert l’Amérique et ses pommes de terre. On aurait l’air con de vouloir se rassurer avec un steak-rutabaga ! La nature est donc bien faite et la téléologie aussi. Après tout, c’est une explication qui en vaut bien une autre. 

La téléologie est un art bien difficile : construire à posteriori et l’objectif, et la trajectoire. Ça ressemble un peu à la technique dite du chat retombant sur ses pattes. Désolé pour les termes techniques, mais le chroniqueur s’attend à un poil de concentration de la part de son lectorat. D’ailleurs, si le chroniqueur a un lectorat si peu développé, c’est fait exprès : il ne cherche que le meilleur, alors toi qui me lit, oui, tu es bien chanceux, tu es élu, toutes autres explications sur la qualité médiocre et le contenu inintéressant sont nulles et non avenues et si peu téléologiques ! Donc, nous disions, la téléologie ou art de retomber sur ses pattes n’est pas donné à tout le monde. Il ne suffit pas de dire je le savais. Encore fallait-il préparer le terrain à cette évidence : quoiqu’il se passe, j’avais raison. Ensuite, c’est comme un cadeau, il faut savoir l’emballer.

 

Plusieurs techniques sont possibles :

-         Poser, au préalable, des conditions telles, que de toute manière si un seul évènement diverge, vous pourrez toujours dire que vous aviez raison, tout n’a pas été fait comme prévu donc rien n’est arrivé comme il fallait. Grossier, mais comme on dit plus c’est gros…

-         rester dans le flou et attendre que ça se réalise. Une fois non-atteint le but, faire sien le but nouveau et expliquer comment vous êtes parvenus à ce but, en dépit des obstacles, nombreux, des réticences, des autres bien entendu, de vos moments de doute, ça vous rendra plus humain ;

-         mettre le paquet sur la communication : faites chanter votre geste par des sbires habilement placés at the right place, at the right moment. Votre vérité devient LA vérité.

 

Les exemples de réussite sont fameux. Pour n’en prendre qu’un, on peut citer cette histoire d’un fils de charpentier cloué  par un obscur fonctionnaire romain et qui a vu sa vie écrite quelques années plus tard pour en faire l’icône d’une nouvelle croyance. Notons qu’il a fallu se mettre d’accord sur une vérité officielle : les évangiles, au cours des premiers siècles étaient foison. La téléologie demande un minimum de méthode et point trop de divergences. Dehors la pute, Judas salaud… reste quatre évangiles. L’histoire est écrite par les vainqueurs, ou du moins ceux qui sont assez forts pour prétendre l’être…

 

 

Et mes frères et mes sœurs, c’est ainsi que se termine cette chronique parce que : je le savais !

18:30 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : téléologie, chat, psychologie, chronique, humour | |  Facebook | | | |  Imprimer