Comme en 14 ou comme en 34? (29/12/2014)

chronique, humour, 2014, zemmour, angouleme, ménard, le pen, SDF2014 s’achève et il faut bien lui donner un surnom. Si 69 a été érotique, 2014 a été nostalgique. Et avouons le, ce millésime n’est pas bandant. Dieudonné, Le Pen, Ménard et Zemmour constituent un carré d’as qui résume malheureusement trop bien l’année écoulée. 2014 donc, année où le politiquement correct a été mis au placard et où la parole a été libérée. C’était dans l’air du temps mais quand les manuels d’histoire reviendront sur cette période, ils feront de l’an de grâce 2014 la borne qui a fait basculer le pays dans un épisode de retour vers le futur des années 30. Les étals de noël ne s’y sont pas trompés et ont amplifié le phénomène déjà installé depuis quelques années, celui du c’était mieux avant, quand les maitres avaient des blouses grises et la France des colonies. Dieudonné et son coming out soralien, Zemmour et son pamphlet vichyste, Ménard et ses amours bleu-marine, Le Pen et la rafle électorale, sans mauvais jeu de mot. Après des années de silence, le gros beauf amateur de rouge qui tache, raciste et poujadiste a enfin droit de cité et de dire tout haut ce que l’histoire a appris à ne même plus dire tout bas. Tout ça c’est la faute, au choix, et d’un peu tous selon nos nostalgiques des années germaniques, des femmes, des arabes, des PD, des juifs, des gauchistes, des mous du genou, des noirs, des chinois, des internationalistes, bref de tout le monde entier sauf de soi. Ce qui est assez pratique, renouvelant l’adage, que l’enfer c’est les autres et c’est celui qui dit qui est.

chronique, humour, 2014, zemmour, angouleme, ménard, le pen, SDFLe tonton raciste a été la star des diners de noël, lui qui durant des années s’est tu. Il en a profité pour offrir le dernier bouquin de Zemmour, un homme persécuté selon lui comme il a pu l’entendre sur TF1, LCI, BFM, I-Télé, et même sur la chaîne pour les adultes, car oui monsieur, on a le droit d’aimer le X et d’aller chez les putes et pas aux putes parce que vous êtes qui pour me dire que l’on va chez le coiffeur mais que l’on va aux putes. Et pour une fois, la jeunesse a applaudi le vieux tonton. Il a raison, tonton, et même que Dieudonné il l’a dit aussi, c’est pour ça qu’on lui interdit de parler. Le complot des francs-maçons tiers-mondistes.

Oui, 2014, c’est ça, cette défaite d’une certaine idée de la société, où solidarité rime avec altérité, où société rime avec complexité. De nos jours, la solidarité défendue par les fans de Marine, c’est la priorité nationale, terme plus soft que préférence nationale mais le procédé est identique. C’est le faible qui est désigné à défaut d’avoir le courage de s’attaquer aux gros. Vieille histoire s’il en est.

Plutôt que de s’attaquer aux causes, qu’on élude, on s’attaque aux conséquences, que l’on veut bouter hors de la vue. Tonneau des danaïdes qui nous condamne à l’enfer. Un exemple récent s’il en est, c’est le sort réservé aux SDF. Les causes sont multiples mais pour beaucoup économiques et sociales. Certains mettent des grilles autour des bancs publics pour éloigner les SDF de la vue des passants qui, autrement, ne pourraient pas profiter avec toute la joie requise du Potemkine des illuminations de noël. Ça s’est passé en 2014, à Angoulême. Autant dire en bas de chez nous et ça n'appelle aucun phylactère.

 

Mais il y a en 2014 quelque raison de ne pas désespérer : la population s’est révoltée contre ce procédé, faisant plier la municipalité. Espérons pour 2015 que ces petites révoltes salutaires ne soient pas des barouds d’honneur avant fermeture définitive de la conscience citoyenne ! Pour qu’après l’année nostalgique, nous n’ayons pas à surnommer 2015, l’année pathétique avant les années tragiques. 

12:40 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chronique, humour, 2014, zemmour, angouleme, ménard, le pen, sdf | |  Facebook | | | |  Imprimer