Soldes en solde (05/01/2015)

solde, guerre économique, crédit à la consommation, dette, banque de france, chronique, humour noirLes soldes sont de retour. Le compte en banque à peine vidé par les fêtes de fin d’année, la trêve des confiseurs n'aura duré que le temps d’une gueule de bois. Et en 2015, plus qu’en 2014, la période des soldes constituera un défi aux lois de la physique : comment acheter ce que l’on ne peut pas se permettre, même à prix cassés.

 

Dans une grande schizophrénie d’injonctions contradictoires, la société donne ses ordres  : serrez-vous la ceinture mais détendez vous du porte monnaie ! Et n’oubliez pas, Cétélem et consorts sont vos amis !

 

Seulement même la boule verte ne prête plus aussi facilement : on ne prête qu’aux riches qui n’en ont pas besoin, quant aux autres, ils en deviennent indécemment trop pauvres ou ont déjà acheté à crédit les trois derniers noël

solde, guerre économique, crédit à la consommation, dette, banque de france, chronique, humour noirMais dans la guerre économique que nous vivons, le bon citoyen doit faire tout son possible pour vivre au dessus de ses moyens tout en culpabilisant à outrance en se remémorant le message cent fois répété : la dette, c’est de cela dont l’économie crève. La contradiction est là, présente, sous nos yeux, sans que la rationalité ne défaille ! La terre est ronde, et dans le même temps, elle doit être plate. On voudrait que tout soit moins cher tout en se lamentant que les salaires soient si bas ; Les élites exhortent à exporter en quantité à l’étranger mais voudraient bien interdire aux autres de le faire dans nos frontières ; que les impôts soient inexistants mais en désirant toujours plus de services et d’interventions publiques. Il est vociféré qu’il faut travailler plus mais dans le même temps, la seule multiplication du travail, c’est celle des petits boulots à temps partiel payés au lance-pierre ; il faut limiter son empreinte carbone mais rêver devant le premier pick-up venu ; il faut se cultiver mais pas trop réfléchir, il faut promouvoir la démocratie mais il ne faut pas « mal voter »… hypocrisie de la contradiction faite système.

 

Une société qui vit en permanence dans la contradiction comme principe moteur, à crédit d’idées, ne peut que se vendre au rabais. Et elle organise la compétition entre ses membres, y compris pour être l’heureux propriétaire d’un petit bout de tissu… Après des semaines de repérage, le prédateur des bonnes affaires n’aura que quelques minutes pour attraper sa proie avant que ses congénères ne l’attaquent dans une folle rage consumériste.

 

Pour se rassurer, il faudra se répéter, une fois le graal des soldes atteint : j’ai fait une bonne affaire. Et il faudra assumer de porter tout le reste de l’année une étoffe qui n’aurait pas été achetée autrement. Mais la main sur le cœur, le consommateur, attendant son rendez-vous à la Banque de France pour déposer son dossier à la commission de surendettement, sera fier du devoir accompli en murmurant avec élégance, ah Dieu, que la guerre économique est jolie !!! Qu'il est bon de tomber au champ d'honneur de la croissance perdue!

12:45 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : solde, guerre économique, crédit à la consommation, dette, banque de france, chronique, humour noir | |  Facebook | | | |  Imprimer