Chronique d'un néo-breton, épisode 7 : de l’art de mettre en boîte son appartement (12/05/2011)
Le néo-breton prépare son grand départ, Le voilà embourbé dans la délicate étape de la logistique.
Quitter une région, un appartement, c’est de la logistique et vous avez beau être dans une société dématérialisée où vous pouvez tout acheter par un simple coup de souris, ça devient plus complexe pour tout défaire d’un clic. Quant au remplissage des cartons, si les premiers sont simples à réaliser, la tache s’avère plus ardue à mesure que la fragilité, la forme atypique des objets combinés à la fatigue du héros vont croître de manière plus ou moins rapide. Ainsi, dans deux opérations parallèles, il va falloir résilier ce qu’il y a à résilier, transférer ce qui le mérite et remplir ce qui doit l’être.
Mais avant toute chose, le choix le plus stratégique du déménagement, c’est bien la définition du carton à utiliser. Et en la matière, deux écoles s’affrontent : les tenants de la récup’ et les partisans du normalisé. La bataille peut faire rage au sein d’un couple si chacune des parties défend son école bec et ongles. Les tenants de la récup’ arpentent les arrières boutiques des supermarchés à la recherche du stock de cartons qui va permettre une économie substantielle sur le budget emballage. Ce qui est juste, le carton normalisé est une véritable saignée dans le portefeuille. Mais l’avantage du carton standardisé et ad-hoc, c’est justement qu’il permet, façon Tetris, d’optimiser le chargement du camion, en évitant les espaces vides en autobloquant le chargement.
De son côté, le carton de récupération, c’est rigolo comme une chasse au trésor à débusquer, c’est bariolé comme un carnaval de Rio mais le jour fatidique du chargement, la fête est terminée : les cartons explosent, la montagne dans le camion est brinquebalante, et pour le coup, vous pouvez être certain que le frigo restera sur le bord du trottoir par manque de place.
Il n’en reste pas moins que tant que vous n’en aurez pas fait l’expérience, votre esprit inclinera naturellement vers la gratuité immédiate et le fun du carton de récup’… L’expérience, tout autant qu’un raisonnement économique salvateur bien que petit bourgeois au dire de certains vous conduira inéluctablement à vous précipiter vers un magasin de bricolage pour acheter un pack de cartons de déménagement, les rouleaux de scotchs nécessaires, la papier bulle, les sangles d’accrochages et bien d’autres trésors destinés à vous vider les poches et vous garantir un déménagement sans encombres.
Armé de votre matériel, vous êtes prêts pour la partie opérationnelle : remplir le contenant. Après avoir choisi le bon timing, en planifiant au mieux pour faire coïncider la fermeture du dernier carton un poil avant l’arrivée des premiers amis assez inconscients pour venir vous aider à vider l’appartement et remplir le camion. Ne riez pas, c’est un exercice sur lequel plus d’un s’est cassé les dents. Qui n’a jamais eu la désagréable surprise de réveiller un pote le jour de son déménagement, les cartons pas tout à fait finis et pour tout dire complément pas commencés…
Alors, pour ne pas perdre l’amitié précieuse des déménageurs fraternels, il est impératif de planifier. Ce qui sera d’autant plus vrai quand l’exercice implique six heures de route à l’aller, puis six toujours au retour, auquel cas vous pourriez comprendre rapidement et sans besoin d’un cours de philosophie ce que recouvre le concept de solitude…
Le néo-breton, prévoyant, fait le choix la sécurité en prenant une semaine de congés pour faire les cartons, ce qui lui laisse assez de temps pour décuver des fiestas qui se succèdent dans une farandole amicale et éthylique... parce qu'un départ, ne l'oublions pas, c'est le pretexte rêvé pour faire la fête...
16:20 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chronique, humour, bretagne, paris, déménagement, couple | | Facebook | |