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déménagement

  • Chronique d'un néo-breton, épisode 12 : je ne suis pas un numéro, enfin presque…

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    Le néo-breton s’est installé, mais l’aventure ne fait que commencer…

     

    Penser qu’un emménagement se termine dans la minute même où le dernier carton est vidé relève d’une naïveté dans laquelle s’était plongé consciemment et avec une certaine lâcheté le néo-breton, pour ne pas se faire peur trop vite.

    Mais rapidement une forme de réalité le rattrape : celle des choses administratives. Elles sont si nombreuses que le chroniqueur a légitimement pensé que la Bretagne était devenue indépendante : toute une vie bureaucratique à reconstruire, signe incontestable d’une expatriation. De la maison à la voiture, des impôts à la sécurité sociale, de la banque aux fournisseurs divers et variés, ce sont des dizaines de courriels, courriers, standards téléphoniques qui sont venus agrémentés un quotidien qui ne demandait pas tant d’égards. A l’heure de la dématérialisation, qui nous vend du rêve et de la facilité, il y a là une forme de paradoxe qui fait sourire, du moins dans un premiers temps puis énerve passablement à mesure que les démarches se multiplient.


    Pourtant, le chroniqueur s’est senti rassuré : Big Brother n’a pas encore pris totalement le contrôle de la société. Les fichiers ne sont pas croisés, certains se perdent…et des courriers continuent à arriver à l’ancienne adresse en dépit des nombreuses interventions pour donner la nouvelle localisation.


    Ce temps bureaucratique où vous n’êtes plus parisiens mais où vous n’êtes pas encore administrativement breton, vous entrez dans la quatrième dimension, une sorte de no man’s land constitué de limbes dans lesquelles vous n’existez pas totalement, seule la sacro-sainte facture de téléphone ou d’électricité, en lambeaux à force d’être constamment demandée, et à la condition d’en détenir au moins une qui ne soit pas périmée, vous permettra d’attester que vous êtes installés ici désormais et pas ailleurs.


     
    Heureusement, le breton en général, et le finistérien en particulier, est plutôt avenant, sympathique même et cherchera à ne pas ajouter sa touche à l’enfer que vous vivez. Il sera empathique, indiquant qu’il comprend et compatit.

    Mais ce n’est pas pour autant qu’il transigera. Si vous n’avez pas le fameux justificatif de domicile et le formulaire N°XXXX dument complété, pas la peine d’insister, le règlement c’est le règlement. Et attention, il est inutile de revenir à la charge, le breton est comme tout un chacun, et paraît il, un peu plus que les autres : il serait têtu.


    Remarquez qu’un déménagement, c’est aussi l’occasion de faire table rase et de remettre quelques compteurs à zéro : votre banque qui s’est sortie de la crise financière en vous ponctionnant allégrement sur les frais de gestion de votre compte, votre fournisseur d’accès à internet dont le prix est inversement proportionnel à la qualité du service, votre assurance auto qui n’a jamais répercuté les baisses qu’ont connues les primes… la loi permet de résilier sans pénalités presque tous ces contrats. La condition : avoir du temps pour faire une étude comparative et faire la queue à la poste pour envoyer une flopée de recommandé. La plage ou les économies, la terrasse de café ou l’amélioration des conditions de son assurance… Choix cornélien… C’est pour cela que le chroniqueur a souhaité déléguer cette tache : sa compagne est bien meilleure pour ces choses là, alors que lui n’a pas son pareil pour lézarder sur le sable ou en terrasse : ce n’est pas de l’oisiveté, à ce niveau c’est une conscience artistique et professionnelle aigue.


    Après ce parcours du combattant par délégation, enfin reconnu comme habitant du 29, sa plaque d’immatriculation l’attestant, le néo-breton va pouvoir, enfin, se glisser dans la vie des autochtones…enfin, peut être…

  • Chronique d'un néo-breton, épisode 11 : la mer, qu'on voit danser...

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    Le néo-breton a fait un tour chez un géant suédois pour meubler sa maison. Mais il n'a pas le coeur à l'ouvrage...

    La pointe du raz, la baie d’Audierne ou encore celle de Douarnenez, à quelques encablures, les festivals de musiques qui s’enchainent pas très loin non plus, un soleil à faire pâlir Marbella, le néo-breton aurait de quoi profiter de ses premières semaines sans s’ennuyer une seule seconde. Mais…mais quelques mètres cubes d’un meccano suédois l’attendent, accompagnés de quelques surprises plus ou moins désagréables, qui soit disant font le sel de la vie, manière de se rassurer et d’oublier qu’on serait bien mieux ailleurs qu’à gérer ces embrouilles.

    Pour se motiver avant d’attaquer le chantier, le chroniqueur se décide malgré tout à faire un tour du côté de l’océan, humer quelques embruns, mettre un orteil dans l’eau mais pas plus (pas par manque de temps mais 16° est une température à laquelle il va avoir toutes les peines du monde à s’habituer). Il a fait le trajet en un quart d’heure, a trouvé une place rapidement et se retrouve sur une plage clairsemée, avec vue sur voiliers et rochers pénétrant l’océan. Le bonheur n’est pas dans le pré mais bien dans cette petite crique. Certes, ce ne sera pas farniente à la sauce méditerranéenne, l’Atlantique et la Bretagne ont ce climat océanique qui ne donne pas des hivers rigoureux mais contrepartie à payer, la température reste fraiche, même au plus fort de l’été. Le naturisme n’y est d’ailleurs pas aussi développé qu’ailleurs, non par une pudibonderie qu’une culture catholique passée aurait imposée mais bien par la nécessité de se couvrir décemment pour ne pas tomber malade.

    Devant l’océan, le néo-breton savoure cet instant, le calme et la quiétude avant les nombreuses autres étapes qu’impliquent son emménagement et sa nouvelle vie.

    Les orteils touchés par les vagues, le champ des possibles lui saute à la figure : se remettre à la voile, enfin s’y mettre parce qu’une semaine de stage d’optimiste en CE2 ne fait pas du chroniqueur un loup de mer ; le surf, depuis « Point Break », ça le titille, même si son sens de l’équilibre est précaire et que le goût du danger n’est pas dans sa nature ; et puis, soyons fou, pourquoi ne pas rêver de venir courir toutes les semaines le long du sentier des douaniers. Le chroniqueur rêve éveillé… mais ce charmant tableau s’écroule lorsque son aîné lui demande de rentrer à la maison séance tenante, pour cause de Bob l’éponge contre les araignées de mer. Tabarly et Keanu Reeves s’envolent, le chargé de famille proteste mais la magie n’est plus là, il décide de ramener sa troupe en voyant s’éloigner à regret dans le rétroviseur le fruit de son imagination.Ne reste plus qu’à monter le mobilier stocké dans chacune des pièces pendant que ses enfants s’abrutissent devant une éponge qui parle. Ita Missa Est, il s’inscrira au Winch Club plus tard, dans un an, peut être, enfin, il verra.

    En attendant des jours meilleurs, Fest-noz et Fest-Deiz tout le weekend : concert de vis, marteau et jurons, entrecoupé de pauses arrosées à la bière Bretonne. Ça tombe bien, les brasseurs sont nombreux et le breuvage aussi varié qu’excellent. De la Tri Martolod à la Coreff en passant par la Mor Braz, le néo-breton pourra découvrir un terroir singulier. Et s’il veut rester sobre, il y aura toujours les deux colas bretons, Breizh et Britt. En matière d’apéro, la Bretagne pourrait affronter l’indépendance sans avoir peur d’un embargo : elle autoproduit !

    Mais croire que monter quelques meubles suffit à être installé, c’est faire preuve d’une naïveté certaine. Le temps des changements d’adresse arrive, et avec lui son lot de surprises et d’arrachage de cheveux que la multiplicité des administrations et entreprises à contacter va exacerber… Le néo-breton va découvrir, en pétard, que si la République est une et indivisible, ses dossiers administratifs sont départementaux et qu’à l’heure de la dématérialisation, il n’a jamais eu autant de papier et de courrier à envoyer…

     

  • Chronique d'un néo-breton, épisode 10 : de l'art de parler suédois en terre celte

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    Le néo-breton a déménagé, mais sa maison est bien vide. L'ameublement est de mise... N’ayant ni la prétention d’être original, et ne disposant pas non plus d’un budget qui lui permettrait d’aménager son intérieur avec les derniers décorateurs à la mode, le néo-breton se voit contraint de choisir entre le bric et le broc d’un chinage en bonne règle ou le confort pas très original d’une chaine de vendeur de meubles. N’ayant jamais réussi une bonne affaire de sa vie dans une brocante, conséquence d’une peur à poser les questions qui fâchent au moment de l’achat de par une empathie mal placée, l’auteur se dirige donc vers la deuxième solution.

    Le nouvel arrivant pensait légitimement apprendre le breton, mais c’est le suédois qui va être la langue qui lui permettra de franchir cette étape particulière de sa nouvelle vie. L’avantage de cette solution est indéniable : le mobilier du géant scandinave est passe-partout, pas trop excessif et le montage ne demande pas d’être équipé comme un bricoleur professionnel. Cela tombe bien, à part un marteau et un jeu de tournevis au rabais, la trousse à outils est tout ce qu’il y a de plus vide. La liste des emplettes dressée au préalable, qui permettra de contenir tout autant ce que les cartons contiennent que ce que l’avenir réserve, on n’est jamais trop prudent, le néo-breton va donc faire un tour dans le grand nord, ou plus précisément dans une de ses nombreuses succursales.

    Si la France est le pays du vin et du fromage, le prêt à monter mobilier, tout autant que le groupe ABBA et plus près de nous le roman policier, constitue le fer de lance du modèle économique de la patrie des Bernadotte. La camionnette louée, le chroniqueur file vers la grande sœur ennemie de Quimper, Brest, dans une découverte en accéléré des différences entre Nord et Sud Finistère, entre Léon et Cornouaille. Pour dire vrai, d’une sortie de ville à l’autre, elles sont minces, les zones commerciales qu’elles soient ici ou ailleurs ont une fâcheuse tendance au mimétisme, pour ne pas dire à un manque d’originalité inesthétique. Le tourisme ne sera pas pour cette fois, bien que la vue plongeante sur la rade de Brest depuis le pont enjambant l’Elorn puisse faire croire à une véritable escapade près du cercle polaire : il y comme un air de petit fjord pour rejoindre la petite Scandinavie.

     Le circuit imposé peut commencer, ce dédale organisé pour laisser à penser que tout est indispensable et de très bon goût mais qui n’a qu’un but, alléger un portefeuille qui n’en a pas besoin. L’agencement est diablement bien pensé. Avant même d’entrer dans le vif du sujet, l’ennemi tente de vous faire baisser la garde par sa gentillesse. Bonjour, Bienvenue, pouvons-nous vous aider ? Prenez donc un stylo, un mètre en papier et un sac. Bonne visite. Sans se détourner de son objectif, sa liste préalablement éditée, le béotien de l’aménagement avance, s’arrêtant ci et là pour confirmer que son choix initial est le bon. Mais c’est un combat de tous les instants, la moiteur, le bel agencement, l’odeur du bois se dégageant des meubles cherchent à perturber la quête entreprise. C’est vrai que ce canapé est chouette, et cette table, comme elle irait bien, et là, cette bibliothèque et ce bureau…

    Mais le petit padawan n’ira pas du côté obscur de la force, il est venu accompagné d’un esprit raisonnable et avouons le, un peu pingre, pour lui donner mauvaise conscience et ainsi le tirer des embuscades dans lesquelles il pourrait tomber à chaque instant. Cinq chariots pleins sont nécessaires pour équiper la maison, la file d’attente à la caisse étant de votre seul fait. Les clients qui se mettent à la queue de vos cartons vous détestent. La vendeuse sent le mauvais coup : les cartons sont nombreux, lourds et vous n’avez pas pensé une seule seconde au passage du code barre. La manipulation des cartons va être longue et fastidieuse, le regard de l’hôtesse de caisse n’y trompe pas : comme les autres clients, elle vous hait. Le dernier article est passé, la douloureuse arrive : des mois d’économies vont changer de propriétaire : de votre compte à une banque suédoise. Autant dire qu’avec ce que vous lâchez, le personnel se met en quatre pour vous aider à charger le camion, qui contient bien six mètres cubes de planches et vis.

    Et c’est ainsi que sur le chemin du retour, entre deux sandwiches au renne, vous tentez le calcul : combien de tours de poignet vont être nécessaires pour monter la totalité de ces meubles sans se faire un tour de rein…

  • Chronique d'un néo-breton, épisode 9 : l’installation en terre bretonne, les tous premiers pas…

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    Après bien des aventures, le néo-breton est en terre bretonne, mais il n’est pas arrivé au bout de ses péripéties :

     

    Arrivé à bon port, l’équipage du camion de déménagement se voit assigner sa mission finale : procéder à l’opération exactement inverse pratiquée quelques heures plus tôt en vidant le camion, carton par carton, meuble après meuble. Si cette partie semble plus aisée, le Tétris du remplissage n’ayant pas besoin d’être reproduit, un camion chargé et quelques centaines de kilomètres plus tard, la fraîcheur des troupes laisse à désirer. Les premières courbatures se font sentir, l’hygiène corporel est douteuse, les auréoles constellent les tee-shirts au niveau des dessous de bras et pas seulement, les yeux piquent, les marches d’escaliers comptent triple…

    Le néo-breton sort un atout de sa manche pour relancer le moral de sa fine équipe : à peine le dernier carton sera sorti qu’ils pourront aller se jeter un demi en terrasse au bord de mer. Le procédé est démagogique mais il a le mérite d’allier efficacité et faisabilité, et à condition de se situer non loin de la côte.

    Ce coup de maître, qui transposé dans un contexte professionnel pourrait être vu comme une forme malicieuse de management, permet de franchir le dernier col de cette étape du déménagement. Car une précision est à apporter utilement dès cette ligne : l’emménagement ne fait que commencer…ce que les plus pessimistes traduisent par les emmerdes commencent.

    Les cartons empilés dans le salon ou dans chacune des pièces si les caisses ont été correctement aiguillées, l’heure de la sacro-sainte pizza-bière post déménagement arrive. Ou vin. Ou coca, c’est une question de goût. Avec une différence de taille : vos cartons trônent sous vos yeux, tire-bouchon et décapsuleur sont emballés, enfouis, enfermés, quelque part, là, dans la dizaine de cartons fermés, dont vous pressentez que l’ouverture prématurée pour la seule satisfaction éthylique constituerait une erreur confinant à la connerie…

    Pour la canette de bière, n’ayez crainte, il y aura bien un fumeur décapsuleur à briquet, l’apéritif est sauvé. Mais pour le vin…

    Et pourtant, la bouteille de vin, si vous insistez, permettra un premier contact avec le voisinage sur le mode, bonjour, je suis arrivé il y a une heure, je suis votre nouveau voisin et comme vous le constatez je suis alcoolique, c’est à ce titre que je souhaiterais savoir si je puis vous emprunter un tire-bouchon…hips…

    Pas de panique, de prime abord, le breton a le verre plus facile que la conversation, il ne vous jugera donc point négativement. Le voisinage constatera que vos efforts d’intégration sont réels et immédiats, un bon point pour vous. Dès lors, l’auteur n’a qu’un seul conseil qui n’engage que lui : privilégiez le vin, pour permettre ce premier contact avec l’autochtone. Bourgogne ou bordeaux c’est à vous de choisir. Mais non sans rappeler à votre voisinage que vous consommez également local : la bière est bretonne à l’apéritif…

    La première fête improvisée en terre finistérienne fut aussi agréable qu’elle fut courte, la fatigue s’invitant sans demander la permission, vos aides déménageurs prennent la route le lendemain matin, retour dans la jungle francilienne oblige, ils insistent pour se coucher à l’heure à laquelle, en temps normal, ils commencent à peine à connaitre la Saturday Night Fever.

    Au réveil, le néo-breton constate que les meubles ne se sont pas montés tout seul, comme des grands et par magie, pas plus que les cartons ne se sont vidés, aplatis et transportés par leur propre moyen à la déchetterie. Du reste, de meubles, l’ancien parisien n’en a pour ainsi dire pratiquement pas : dans son 35 m², dans lequel l’espace est optimisé, à peine quelques étagères constituaient son patrimoine. Les cartons vont se révéler des commodes, armoires et buffets de tout premier ordre, pour quelques jours ou semaines, en fonction de la motivation du néo-breton à s’équiper, à faire le tour des magasins et arrêter un choix aussi difficile que cornélien dans la mesure où il ne sait pas faire…n’ayant jamais eu à acheter, au cours de sa vie étudiante et depuis le début de sa vie active, que la seule collection bon marché des Billy d’Ikéa…

    Le sol se dérobe sous ses pieds, la sueur perle à grosses gouttes sur son front, le néo-breton, pour la première fois de son aventure, est saisi par le doute et la peur : et si il n’y arrivait pas…

  • Chronique d'un néo-breton, épisode 8 : on the road to the wild wild west

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    Le déjà plus tout à fait Parisien et presque bientôt Breton se trouve dans les starting blocks du déménagement, le ballet de son depart d’Ile de France peut commencer :

     

     

    Tout est prêt, le plan de bataille pour remplir le camion est dans la tête, les bras arrivent, accueillis par l’indispensable café et ses acolytes, croissants et pains au chocolat. La valse des cartons commencent dans les étages, le voisinage ne se propose pas de vous aider, la frustrée de l’étage du dessous a le sourire : vous partez. Dans un dernier accès de politesse, vous demandez à vos amis de bien insister en s’arrêtant systématiquement devant sa porte pour parler fort : après des années de bienséance où vous n’avez pas moufté sur ses manies psychotiques, vous vous lâchez dans un acte de vengeance sans bravoure en lui pourrissant sa matinée. Elle aura au moins une véritable raison désormais de vous haïr, voilà un beau geste de votre part qui permettra à ce pauvre être de justifier sa méchanceté quotidienne.


     

    Le bilan du camion rempli n’est pas si catastrophique : vous êtes dans les temps, à peine deux ou trois cadres cassés et vous laissez derrière vous ces immondes chaises que votre compagne tenait absolument à emporter. Une bien belle récompense !

    Les portes battantes se referment, vous partagez une dernière bière à même le trottoir, sous le regard haineux de votre voisine qui esquisse un sourire lorsqu’elle entend le nom de votre destination finale.

     

    Après les dernières embrassades, le camion démarre et seul le rétroviseur vous permet de distinguer les morceaux de vie que vous quittez. Proxima estacion : Kemper.


    La première partie du parcours est rapide, mais vous ne pouvez vous empêcher de vous arrêter en route pour dévorer un dernier KFC. Dans votre nouvelle vie, le plus proche ne sera pas à moins de 70 kilomètres, autant dire à des années lumières. Puis, quelques temps après avoir repris le volant, un panneau "bienvenue en Bretagne" apparaît, sous titré en une espèce de langue obscure mais à la puissance magique « Degemer Mat ». Vous avez atteint votre but.


     

    Enfin…presque. Rennes n’est pas encore en vue et le Finistère n’a jamais aussi bien porté son nom. C’est bien le bout du monde et avant de l’atteindre, il va falloir traverser la Bretagne dans toute sa longueur. Pour se rendre compte que cette région, ce n’est pas seulement des côtes océaniques aussi riches que variées mais tout autant une terre vallonnée, et très agricole. C’est par les narines débouchées par une fragrance douteuse que vous vous en apercevez. L’épandage du lisier n’est pas un mythe, il existe, l’élevage porcin et bovin est bien réel.


    Pour l’élevage bovin, vous auriez du le deviner depuis longtemps déjà : d’où vient tout ce beurre que l’on trouve à toutes les sauces et dans tous les plats, jusqu’au fameux caramel au beurre salé ?.. Pour le cochon, vous pensiez que c’était un montage des bretons, qui sont capables des pires mensonges tels que de faire croire qu’il n’y a jamais de soleil chez eux, dans le seul but de ne pas être envahis par une horde de Parisiens en mal d’espaces et d’air iodé. Il ne pleut pas (encore) mais le suidé n’est pas une vue de l’esprit, son odeur attaque l’habitacle, puis vos narines et il faudra quelques minutes d’aération pour que les effluves tenaces se dispersent ! Vous noterez que le chroniqueur, néo-breton, entretient lui aussi les légendes urbaines, bien que rurales, pour se protéger à son tour des hordes… ce qui prouve bien que les convertis sont les plus fanatiques mais c’est là un autre débat et d’autres chroniques. Revenons à nos moutons bretons, qui sont plutôt roses avec la queue en tire en bouchon.

     

    Un panneau annonce enfin la terre promise, et des noms de destination de vacances : Concarneau, Quimper, Bénodet, la Pointe du Raz…Le Finistère, la Cornouaille, here we are !


    Il fait beau, il fait…une température de côte bretonne, l’humidité et la fraîcheur tombent nets, sans prévenir, lorsque le soleil commence sa lente disparition de l’horizon. La fourmilière parisienne est loin, le Breton est pareil au tournesol, il ne sort la tête que le jour, ensoleillé si possible, les rues sont clairsemées, pour ne pas dire l’odieuse vérité : en saison hivernale, il n’y a pas un chat à l’horizon après 19h, weekend compris. Il faut s’y faire.


    Mieux, il y a du charme dans ces rues désertes, balayées par un fin crachin, qu’une faible lumière artificielle éclaire. Une quiétude que l’usager quotidien du métropolitain avait oubliée. Ajouter à cela une fine odeur de crêpes et de galettes, qui se mêle presque naturellement à celle du beurre fondue, et voilà l’auteur de ces lignes transporté au sommet du massif armoricain. Certes, l’altitude ne lui fera pas manquer d’oxygène mais il n’empêche qu’il prend un peu de hauteur pour mieux souffler…Et du souffle, il va en avoir besoin ! Passer d’un studio à une vraie maison avec jardin va constituer une nouvelle aventure qui ferait passer un déménagement pour une promenade de santé…