Il y a des anniversaires dont on se passe, comme celui d’un an de confinement, déconfinement, de vies en accordéon, de vies aux perspectives comme une ligne d’horizon, toujours fuyantes.
Même la petite satisfaction d’une baisse des émissions de CO2 par le ralentissement de l’activité humaine est derrière nous : après avoir diminué de 6 % à l’échelle mondiale avec l'apparition des premières mesures de restrictions, elles ont déjà dépassé le niveau d’avant crise! C'est la reprise, au moins dans un secteur, celui de la pollution !
Du fin fond de nos canapés et avec un trafic aérien en berne, dans l’attente de la sortie de la crise sanitaire, nous pourrions nous demander pourquoi il est un vaccin sur lequel la recherche n’avance pas, sur lequel le politique ne pousse pas, le vaccin contre le réchauffement climatique et les atteintes à notre environnement !
Pourtant nous sommes prêts pour le monde d’après, nous avons depuis un an expérimenté quelques pistes de la décroissance. Ainsi nous avons drastiquement limité nos déplacements, nous avons appris à nous recentrer sur l’essentiel y compris culinairement en faisant à nouveau de la cuisine maison. Avec la fermeture des bars, boites de nuit et restaurants, les rencontres se sont taries et la natalité est en chute libre, à l’instar des grosses soirées bien arrosées, facteurs de multiplication de l’espèce humaine. Pour lutter contre les effets de la crise sanitaire, la mise en place d’un revenu universel est même revenue sur la table, la question de la valeur était interrogée, nous rappelant qu’un personnel soignant est bien plus utile qu’un trader en costume trois pièces... A la limite du trostko-environnementalisme...
Souvenez-vous la promesse d’un nouveau monde, comme la découverte de l’Amérique en son époque : à l’arrêt, la société (re)découvrait l’essentiel, le lien social, le soin, ces drôles d’indiennes de caissières, de soignantes, qu’on nous enjoignait d’applaudir... On verrait ce qu’on verrait une fois la pandémie passée, on ne nous y reprendrait plus, on allait changer de fond en comble pour se recentrer sur l’essentiel !
Au bout d’un an, ce qui reste c’est l’impression, qui n’en est pas qu’une, que c’est le lien social, ce qui fait culture commune qui a été passée à la trappe. Nous avons colonisé le monde d’après avec notre civilisation du monde d’avant, renvoyant nos indiens et nos indiennes dans les réserves et bas-fonds de la société... et après un an d’éducation politique en temps de pandémie, nous sommes prêts à écouter et à repartir sans moufter. Le quoiqu’il en coûte est devenu le quoiqu’il advienne, c’est reparti comme en 40 dans le monde des affaires !
Nous replongeons avec délectation dans nos vieux démons avant même la fin des restrictions et le retour des touristes s’envoyant en l’air dans le grand ballet de l’aviation : explosion de la bande passante, démultiplication de la livraison à domicile dans des contenants plastiques, nous sommes inventifs pour rattraper notre vilain bilan carbone contrarié par SARS-COV 2 !
Nous pouvons même revendiquer la fierté de notre capacité à faire un doigt d’honneur à ce que la pandémie avait conduit à mettre en place en terme d’inflexion en matière environnementale !
Homo sapiens ne se laisse pas commander par un vulgaire coronavirus qui cherche à faire son intéressant avec ses variants plus ou moins exotiques...
A moins que, à moins que la fuite en avant dans laquelle nous semblons repartir ne soit qu’un appel du pied pour une encore plus belle catastrophe, de celle qui permet les vraies ruptures, d’un scénario digne des plus grands films catastrophiques d’Hollywood ! Parce que l’humanité mérite une fin qui a de la gueule, aussi bien qu’une météorite géante faisant disparaître des dinosaures !
Alors bon anniversaire et rions ensemble en attendant la prochaine pandémie...