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  • Et maintenant, que vais-je faire….

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    attentats,paris,daesh,maintenant,terrorismeLes loups sont une nouvelle fois entrés dans Paris. Les attentats du 13 novembre, inédits par leur ampleur et par leurs méthodes, vont nous conduire à des réflexions et des actions difficiles, contradictoires, sinueuses. Depuis vendredi, le questionnement est là, après la stupéfaction. Que vais-je faire, qu’allons-nous faire ?

    Le piège tendu par les terroristes est simple, grossier, sanglant mais efficace : tenter d’instaurer la peur, la haine, au cœur de nos vies. C’est tout un chacun qui est visé. N’importe où, n’importe quand, pendant des instants de bonheur : un match de foot, un concert, un vendredi soir au restaurant. Les cibles sont moins arbitraires qu’on ne le pense, elles disent tout du projet totalitaire des intégristes religieux de Daesh, réfuter toute idée, toute action, toute vie, différentes à leur précepte. La meilleure réponse à apporter c’est vivre. Écouter de la musique, créer, boire à une terrasse, aimer, rire, sourire, être ensemble, en un mot se vautrer un peu plus dans la culture, le plaisir et l’ouverture sur l’autre! Car céder à la peur, à laquelle les terroristes et leurs commanditaires souhaitent nous conduire, ce serait offrir une victoire sur un plateau à Daesh et aux intégrismes de tous poils. Il n’y a pas d’irresponsabilité à lever la tête et regarder la bête dans les yeux. Elle est ailleurs, l’irresponsabilité, comme nous le verrons plus loin.

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  • Métropolitain

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    Nouvelles, humour, métro, paris, description, odeurs, ratpJe suis ce que l’on peut appeler un vulgaire quidam. Mais sans permis. De conduire j’entends. Par la force des choses je me trouve condamné à rejoindre mon bureau ou tout autre lieu en métro. Ce qui n’est pas possible partout mais se trouve être un choix pour ne pas dire une obligation lorsque l’on vit comme moi à Paris. Transporté ainsi en commun, je peux ainsi côtoyer mes égaux, le menu peuple, celui qui sent le travail de la tête et des jambes tout aussi bien que le déodorant bon marché. Dans mon malheur, je partage ma rame avec des voyageurs qui en mettent. Du déodorant. Pas comme dans ces premiers wagons de cinq heures du matin. Dans ceux là, c’est le peuple le plus laborieux qui revient d’un travail malodorant et qui fait suer que l’on croise. Heureusement, mes narines sont habituées à cette odeur aigre, qui se transforme en rance à mesure que le temps fait son œuvre au cours de la journée. C’est seulement après les vacances ou encore après un gros rhume que l’indélicat et repoussant fumé du métro me donne la nausée. L’odeur est une caractéristique de ce monde souterrain, odeurs corporelles, odeurs d’urine le long des couloirs, plus rarement dans les rames, ou encore sensations olfactives déclenchées par le brulé d’un freinage brusque. Du nauséabond duquel s’échappe parfois une délicate fragrance. C’est d’ailleurs toujours une enivrante et agréable surprise que de sentir le doux parfum d’une personne, en particulier d’une jeune femme, dont les cheveux longs viennent m’asticoter les narines. Lorsque cela arrive, je sais que ma journée sera bonne. Ou je me prends à le croire. Au contraire, imaginez mon état d’esprit lorsque je me retrouve, en plein mois de juillet caniculaire, vers dix sept heures, le nez plongé dans l’aisselle d’un touriste ayant arpenté tous les pavés de la capitale…

    Autant que les odeurs, le bruit est présent dans cet univers, à en devenir oppressant. Comme si tous ces sons forçaient mes oreilles pour emplir mon cerveau. Bruit des pas cadencés et continus dans les couloirs, des conversations sur les quais et dans les rames, des roues contre les rails, grésillement des annonces de la RATP… A contrario, le silence quasi religieux qui peut s’installer en de rares occasions estivales en deviendrait dérangeant en même temps que précieux. Cette pollution sonore non sollicitée, je la combats par le mal même. Je recouvre mes tympans des écouteurs de mon MP3, que j’allume et qui envoie, au gré de mes humeurs, tantôt un peu de classique, tantôt la plus tarte des variétés. Je pose une frontière sonore avec le monde extérieur qui m’installe dans un confort ouaté individualiste et égoïste. Confort qui me permet de ne pas tomber chaque jour dans une rage folle en pensant au nihilisme de nos vies de labeur quotidien. Manger pour vivre, travailler pour manger, jouer aux sardines en boite pour travailler…une vie emplie de sens, sans conteste.

    Le nez habitué aux odeurs, mes tympans protégés des agressions extérieures, reste le coude à coude, cette promiscuité étouffante, en particulier aux pires heures de pointe (mais y en a-t-il de bonnes). Comme si tous ces corps se liguaient contre moi pour me submerger. Et m’écraser.

    Il ne fait pas bon être agoraphobe et hypocondriaque dans le métropolitain. Dans une immense orgie, les virus circulent de toux en rhumes, de nez qui coulent en mains à l’hygiène douteuse. Imaginons un microscope géant qui montrerait la faune et la flore invisible à l’œil nu qui se balade sur la barre centrale : la forêt tropicale en plein cœur de l’Europe. Heureusement, le cerveau humain a cette faculté de pouvoir laisser certaines questions de côté, pour pouvoir mieux avancer. Bref, je me vaccine chaque jour un peu plus, j’essaie par ci, par là, des souches que je ne connaissais pas. D’ailleurs, cela ne rate pas, dès que je pars en vacances, loin du tube, je ne me sens pas bien. L’air sain, ça rend malade, par manque d’ennemis. Cette promiscuité, c’est également la gymnastique de la sortie, qui se doit d’être préparée, sous peine de se retrouver le nez face à la porte qui se referme. Et qui vous amène une station trop loin. Ou deux si vous êtes vraiment dans le coton et en plein rush. Une gymnastique nécessaire, qui oblige à se contorsionner, à jouer des abdos et des épaules, en intégrant le volume des affaires et des sacs que l’on porte. Sans compter le calvaire lié à la condition paternelle dans le métro, lorsqu’il me faut entrer dans une rame avec une poussette. Une quasi-impossibilité physique de se frayer un chemin doublée d’une myriade de regards désapprobateurs lancée par l’ensemble du wagon. A l’exception de ceux qui partagent ma condition. Solidarité parentale oblige. Je me sens moins coupable ainsi. Même si je ne devrais pas éprouver ce sentiment. Après tout, le métro m’appartient tout autant qu’à eux non ?

    Mais sur ce plan de la promiscuité, tout autant que le reste, j’arrive à faire abstraction de mes semblables. Ma bulle protectrice est bien solide. Certains jours, je ne vois quasiment plus les autres. Je suis seul dans la rame, mon MP3 vissé aux oreilles, un nouveau roman que je viens de dénicher, presque par hasard, et qui m’entraine aussi loin que nécessaire. Ces jours là, j’ai l’impression que le bonheur existe. C’est ce que je me dis intérieurement jusqu’à l’instant fatidique où un groupe de musiciens solitaires entre et souhaite me faire partager son incroyable talent. A la guitare, au violon ou à la beat box, des sons torturés sont accompagnés d’un chant discutable. Une méthode de torture éprouvée, qui bienheureusement reste assez rare. Il est même des chanteurs ambulants qui mettent du baume au cœur et vous accrochent un sourire aux lèvres, dans un cocktail assez précis de musiques sympas, de voix agréable et d’un soupçon d’humour. C’est d’ailleurs un des moments que je préfère dans le métro. Ces rares moments de communion quasi unanime d’un wagon entier, autour d’un intermède musical. Tout un chacun, à l’exception des quelques réfractaires réglementaires, se met à se balancer sur les airs qui emplissent jusqu’au moindre interstice, une bouffée de chaleur humaine dans un quotidien parfois morne. Je vois bien que certains se mettent à sourire, ce sera d’ailleurs peut être le seul de la journée. La complicité s’installe, entre l’artiste et son public. Le musicien pose une question, la foule répond à l’unisson et la mélodie repart de plus belle. Des regards de complicité sont jetés, de ci, de là. Comme une envie de crier par les yeux le bonheur de connaître et d’être de ce moment. A force de ne plus se regarder, les citadins ne se voient plus…enfin presque, le métro est un de ces rares endroits dans lequel existe ces brefs moments de communion intime entre de parfaits inconnus. Certains y verront une forme d’angélisme, j’essaie seulement de mettre un peu d’humanité dans mon quotidien.

    Je sais que cela va provoquer quelques cris réprobateurs, mais j’espère secrètement que la grève s’installe, à l’occasion, pour une journée. Oui vous avez bien lu. Et je compatis à l’enfer que beaucoup vivent ces jours là. Mais pour ma part, c’est une journée où je peux arriver en retard au travail, en déambulant tranquillement dans les rues, en prenant mon temps. Il me suffit de dire la phrase magique, une fois arrivée au bureau. Cette grève, pffiou ! Et là, par enchantement, je suis absous de mon oisiveté, sur le dos du transporteur public. Intérieurement, je fraternise avec les grévistes. Moi qui serait plutôt d’un tempérament de briseur de mouvement, je me fais révolutionnaire secret. Comme une envie de mettre à bas un système qui vous condamne au métro-boulot-dodo. Je veux vivre…

    Conducteurs de métropolitains de tous pays, unissez-vous !!!

  • Chronique d'un néo-breton, épisode 16 : premières retrouvailles de Paris...

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    Il ne faut pas croire que le néo-breton a rangé sa vie d’avant dans une boîte et qu’il voue aux gémonies Paris et l’Ile-de-France. Pour de nombreuses raisons qu’il n’y a pas lieu d’expliciter, n’étant pas le sujet central de cette chronique, autrement l’auteur l’aurait dénommé causalités d’un retour aux sources, votre serviteur est revenu et reviendra sur les traces de son expérience parisienne aussi surement que la crêpe au sucre doit comporter sa quantité de beurre réglementaire.

    Bref, les contingences de la vie le ramènent sur les bords de Seine, et c’est non sans une certaine appréhension que le voyage se déroule : saura t’il se mouvoir avec la même aisance qu’il avait acquise au cours des années dans le métropolitain ou se sera-t-il déjà transformé en un odieux touriste de province déclamant à qui veut bien l’entendre qu’il n’y a rien à faire, le parisien fait la gueule dans le métro, pour ne pas dire qu’il parait antipathique, avec une certaine constance, faut il lui reconnaître cette opiniâtreté, dont l’origine réside non pas dans une donnée culturelle qui viserait à le distinguer du reste de l’humanité mais bien dans un mode de vie qui ne prête pas à sourire. J’aimerais vous y voir serrés comme des sardines dans une boîte en fer où l’haleine de votre voisin tient largement la comparaison à vos propres aisselles.

    Mais là encore, l’auteur s’éloigne du sujet, pour ne pas entrer dans le vif de la chronique, qui pourrait froisser le parisien qu’il a été. En effet, à peine posé pied à terre, deux sensations étranges l’ont assaillit : les yeux qui piquent et le nez qui gratte de l’intérieur des narines… Le néo-breton a retrouvé…le Nuage, cette masse presque invisible à l’œil nu, que vous pouvez découvrir un jour de beau temps en grimpant sur le Sacré-Cœur et qui donne cette teinte sépia au ciel parisien. En effet, le nuage est composé d’infimes particules en suspension et permet à chaque inspiration d’avaler l’équivalent d’une bonne soirée de tabac lors d’une fête particulièrement animée. Mais l’autochtone est immunisé contre l’agression que constitue ce mélange d’oxydes divers et variés assaisonné de métaux lourds. Il a développé une pellicule de protection qui recouvre pupilles et alvéoles pulmonaires. Du moins est-ce l’explication que le chroniqueur propose à défaut d’avoir conduit une étude très sérieuse, pour ne pas dire aucune.

    Jamais dans feu son existence de parisien il n’avait éprouvé de gêne particulière, à l’exception d’une journée ou deux, lors des fameux pics de pollution. Aurait-il dès lors perdu ce bouclier des temps modernes : devant son début d’asthme et ses yeux pareils à un lapin atteint de myxomatose, il doit le reconnaître, les embruns finistériens l’ont ramené à sa condition de mortel provincial.

    Mais ce sont bien les cinq sens qui ont été bousculés, au propre comme au figuré, alors que le néo-breton quittait la gare Montparnasse pour rejoindre sa destination finale : la rue assourdissante autour de moi hurlait.

    La foule, les sirènes de police, les panneaux publicitaires électroniques et lumineux à vitesse de défilement supersonique… point de mouette, aucun écho de marées… La Cité dans ce qu’elle a de plus démesuré, plus haut, plus vite plus fort…

    Passé ce choc, le néo-breton se plonge dans la ville et la redécouvre, en suivant un programme plus ou moins établi selon qu’il est pris dans les contingences ou non (entendons par là qu’il a laissé sa petite famille en Bretagne).

    Et là, surprise, il peut en profiter. Il détient une arme qu’il n’avait pas auparavant : le temps. Les balades le long des quais, les musées, le théâtre s’ouvrent à lui. Ainsi Paris est moins faite pour ses habitants que pour ceux qui la visitent… Sans contrainte, la vie devient plus douce, forcément. Même le métro en devient agréable : en dehors des heures de pointe, les rames sont moins compactes, le trajet semble plus propice à la sérénité.

    Mais déjà l’heure du départ sonne, le séjour défile à toute vitesse selon l’axiome bien connu de plus tu veux faire de choses moins t’arrives à en réaliser d’autant que les horloges tournent plus vite quand tu prends du bon temps.

    Le néo-breton retourne dans sa nouvelle vie, réconcilié avec son ancienne. En arrivant à la gare, le silence, les mouettes, un fin crachin et un léger fumet de crêpes l’accueillent. Home Sweet Home, Degemer Mat. Sa vie est ici désormais, mais le chroniqueur le devine, Paris ne sera jamais très loin. Enfin presque, à 4h30 de train précisément : aucun risque de s’y rendre tous les quatre matins…

  • Chronique d'un néo-breton, épisode 9 : l’installation en terre bretonne, les tous premiers pas…

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    Après bien des aventures, le néo-breton est en terre bretonne, mais il n’est pas arrivé au bout de ses péripéties :

     

    Arrivé à bon port, l’équipage du camion de déménagement se voit assigner sa mission finale : procéder à l’opération exactement inverse pratiquée quelques heures plus tôt en vidant le camion, carton par carton, meuble après meuble. Si cette partie semble plus aisée, le Tétris du remplissage n’ayant pas besoin d’être reproduit, un camion chargé et quelques centaines de kilomètres plus tard, la fraîcheur des troupes laisse à désirer. Les premières courbatures se font sentir, l’hygiène corporel est douteuse, les auréoles constellent les tee-shirts au niveau des dessous de bras et pas seulement, les yeux piquent, les marches d’escaliers comptent triple…

    Le néo-breton sort un atout de sa manche pour relancer le moral de sa fine équipe : à peine le dernier carton sera sorti qu’ils pourront aller se jeter un demi en terrasse au bord de mer. Le procédé est démagogique mais il a le mérite d’allier efficacité et faisabilité, et à condition de se situer non loin de la côte.

    Ce coup de maître, qui transposé dans un contexte professionnel pourrait être vu comme une forme malicieuse de management, permet de franchir le dernier col de cette étape du déménagement. Car une précision est à apporter utilement dès cette ligne : l’emménagement ne fait que commencer…ce que les plus pessimistes traduisent par les emmerdes commencent.

    Les cartons empilés dans le salon ou dans chacune des pièces si les caisses ont été correctement aiguillées, l’heure de la sacro-sainte pizza-bière post déménagement arrive. Ou vin. Ou coca, c’est une question de goût. Avec une différence de taille : vos cartons trônent sous vos yeux, tire-bouchon et décapsuleur sont emballés, enfouis, enfermés, quelque part, là, dans la dizaine de cartons fermés, dont vous pressentez que l’ouverture prématurée pour la seule satisfaction éthylique constituerait une erreur confinant à la connerie…

    Pour la canette de bière, n’ayez crainte, il y aura bien un fumeur décapsuleur à briquet, l’apéritif est sauvé. Mais pour le vin…

    Et pourtant, la bouteille de vin, si vous insistez, permettra un premier contact avec le voisinage sur le mode, bonjour, je suis arrivé il y a une heure, je suis votre nouveau voisin et comme vous le constatez je suis alcoolique, c’est à ce titre que je souhaiterais savoir si je puis vous emprunter un tire-bouchon…hips…

    Pas de panique, de prime abord, le breton a le verre plus facile que la conversation, il ne vous jugera donc point négativement. Le voisinage constatera que vos efforts d’intégration sont réels et immédiats, un bon point pour vous. Dès lors, l’auteur n’a qu’un seul conseil qui n’engage que lui : privilégiez le vin, pour permettre ce premier contact avec l’autochtone. Bourgogne ou bordeaux c’est à vous de choisir. Mais non sans rappeler à votre voisinage que vous consommez également local : la bière est bretonne à l’apéritif…

    La première fête improvisée en terre finistérienne fut aussi agréable qu’elle fut courte, la fatigue s’invitant sans demander la permission, vos aides déménageurs prennent la route le lendemain matin, retour dans la jungle francilienne oblige, ils insistent pour se coucher à l’heure à laquelle, en temps normal, ils commencent à peine à connaitre la Saturday Night Fever.

    Au réveil, le néo-breton constate que les meubles ne se sont pas montés tout seul, comme des grands et par magie, pas plus que les cartons ne se sont vidés, aplatis et transportés par leur propre moyen à la déchetterie. Du reste, de meubles, l’ancien parisien n’en a pour ainsi dire pratiquement pas : dans son 35 m², dans lequel l’espace est optimisé, à peine quelques étagères constituaient son patrimoine. Les cartons vont se révéler des commodes, armoires et buffets de tout premier ordre, pour quelques jours ou semaines, en fonction de la motivation du néo-breton à s’équiper, à faire le tour des magasins et arrêter un choix aussi difficile que cornélien dans la mesure où il ne sait pas faire…n’ayant jamais eu à acheter, au cours de sa vie étudiante et depuis le début de sa vie active, que la seule collection bon marché des Billy d’Ikéa…

    Le sol se dérobe sous ses pieds, la sueur perle à grosses gouttes sur son front, le néo-breton, pour la première fois de son aventure, est saisi par le doute et la peur : et si il n’y arrivait pas…

  • Chronique d'un néo-breton, épisode 8 : on the road to the wild wild west

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    Le déjà plus tout à fait Parisien et presque bientôt Breton se trouve dans les starting blocks du déménagement, le ballet de son depart d’Ile de France peut commencer :

     

     

    Tout est prêt, le plan de bataille pour remplir le camion est dans la tête, les bras arrivent, accueillis par l’indispensable café et ses acolytes, croissants et pains au chocolat. La valse des cartons commencent dans les étages, le voisinage ne se propose pas de vous aider, la frustrée de l’étage du dessous a le sourire : vous partez. Dans un dernier accès de politesse, vous demandez à vos amis de bien insister en s’arrêtant systématiquement devant sa porte pour parler fort : après des années de bienséance où vous n’avez pas moufté sur ses manies psychotiques, vous vous lâchez dans un acte de vengeance sans bravoure en lui pourrissant sa matinée. Elle aura au moins une véritable raison désormais de vous haïr, voilà un beau geste de votre part qui permettra à ce pauvre être de justifier sa méchanceté quotidienne.


     

    Le bilan du camion rempli n’est pas si catastrophique : vous êtes dans les temps, à peine deux ou trois cadres cassés et vous laissez derrière vous ces immondes chaises que votre compagne tenait absolument à emporter. Une bien belle récompense !

    Les portes battantes se referment, vous partagez une dernière bière à même le trottoir, sous le regard haineux de votre voisine qui esquisse un sourire lorsqu’elle entend le nom de votre destination finale.

     

    Après les dernières embrassades, le camion démarre et seul le rétroviseur vous permet de distinguer les morceaux de vie que vous quittez. Proxima estacion : Kemper.


    La première partie du parcours est rapide, mais vous ne pouvez vous empêcher de vous arrêter en route pour dévorer un dernier KFC. Dans votre nouvelle vie, le plus proche ne sera pas à moins de 70 kilomètres, autant dire à des années lumières. Puis, quelques temps après avoir repris le volant, un panneau "bienvenue en Bretagne" apparaît, sous titré en une espèce de langue obscure mais à la puissance magique « Degemer Mat ». Vous avez atteint votre but.


     

    Enfin…presque. Rennes n’est pas encore en vue et le Finistère n’a jamais aussi bien porté son nom. C’est bien le bout du monde et avant de l’atteindre, il va falloir traverser la Bretagne dans toute sa longueur. Pour se rendre compte que cette région, ce n’est pas seulement des côtes océaniques aussi riches que variées mais tout autant une terre vallonnée, et très agricole. C’est par les narines débouchées par une fragrance douteuse que vous vous en apercevez. L’épandage du lisier n’est pas un mythe, il existe, l’élevage porcin et bovin est bien réel.


    Pour l’élevage bovin, vous auriez du le deviner depuis longtemps déjà : d’où vient tout ce beurre que l’on trouve à toutes les sauces et dans tous les plats, jusqu’au fameux caramel au beurre salé ?.. Pour le cochon, vous pensiez que c’était un montage des bretons, qui sont capables des pires mensonges tels que de faire croire qu’il n’y a jamais de soleil chez eux, dans le seul but de ne pas être envahis par une horde de Parisiens en mal d’espaces et d’air iodé. Il ne pleut pas (encore) mais le suidé n’est pas une vue de l’esprit, son odeur attaque l’habitacle, puis vos narines et il faudra quelques minutes d’aération pour que les effluves tenaces se dispersent ! Vous noterez que le chroniqueur, néo-breton, entretient lui aussi les légendes urbaines, bien que rurales, pour se protéger à son tour des hordes… ce qui prouve bien que les convertis sont les plus fanatiques mais c’est là un autre débat et d’autres chroniques. Revenons à nos moutons bretons, qui sont plutôt roses avec la queue en tire en bouchon.

     

    Un panneau annonce enfin la terre promise, et des noms de destination de vacances : Concarneau, Quimper, Bénodet, la Pointe du Raz…Le Finistère, la Cornouaille, here we are !


    Il fait beau, il fait…une température de côte bretonne, l’humidité et la fraîcheur tombent nets, sans prévenir, lorsque le soleil commence sa lente disparition de l’horizon. La fourmilière parisienne est loin, le Breton est pareil au tournesol, il ne sort la tête que le jour, ensoleillé si possible, les rues sont clairsemées, pour ne pas dire l’odieuse vérité : en saison hivernale, il n’y a pas un chat à l’horizon après 19h, weekend compris. Il faut s’y faire.


    Mieux, il y a du charme dans ces rues désertes, balayées par un fin crachin, qu’une faible lumière artificielle éclaire. Une quiétude que l’usager quotidien du métropolitain avait oubliée. Ajouter à cela une fine odeur de crêpes et de galettes, qui se mêle presque naturellement à celle du beurre fondue, et voilà l’auteur de ces lignes transporté au sommet du massif armoricain. Certes, l’altitude ne lui fera pas manquer d’oxygène mais il n’empêche qu’il prend un peu de hauteur pour mieux souffler…Et du souffle, il va en avoir besoin ! Passer d’un studio à une vraie maison avec jardin va constituer une nouvelle aventure qui ferait passer un déménagement pour une promenade de santé…