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De la réforme orthographique, mère de toutes les batailles d’une guerre qui n’existe pas…

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reforme de l'orthographe, langue, graphie, latin...Il y a des débats qui sont immuables, faciles et qui amusent la galerie plus surement que des questions plus urgentes ou profondes. L’orthographe. Sa réforme. La mauvaise foi.

L’accent circonflexe, ce trait graphique qui constitue un cauchemar pour des générations est défendu avec un zèle que l’on pourrait apprécier de voir dans d’autres domaines. Défense qui se base sur une méconnaissance de la réforme, tous les accents circonflexes ne disparaissent pas, bien heureusement pour distinguer ce qui doit l’être, mais aussi sur l’oubli qu’une langue évolue et que la réforme est permanente en la matière, notamment dans une langue où il n’y a pas identité parfaite entre le son et la graphie. Je n’y vois qu’une explication : il y a comme une nostalgie sadique à vouloir conserver des éléments contre-intuitif pour piéger le chaland, autrement formulé j’en ai chié pour apprendre l’orthographe, chacun son tour !

L’orthographe, ce n’est pas que la beauté d’une langue. D’ailleurs, il faudra nous expliquer l’esthétique d’une langue, dans la présence d’une graphie qui est l’héritage…d’une convention établie surement lors d’une précédente réforme. La beauté de la langue, c’est la richesse de son vocabulaire, les tournures qu’elle permet, le plus souvent en s’affranchissant des règles établies. C’est aussi la sonorité que l’écrivain, le poète, insufflent dans les textes qu’ils gravent sur le papier. L’amour des mots ne doit pas conduire au fétichisme de façade. Car l’orthographe est un discriminant. Une torture, qui va trier entre ceux qui savent, ceux qui ne savent pas. Qui va mettre en difficulté des enfants dans l’apprentissage de l’écriture. Avec la dictée couperet. Certains individus ont plus de difficultés que d’autres sur l’orthographe, sans qu’ils ne soient plus bêtes ou moins intelligents que d’autres. Nous ne fonctionnons pas tous de la même manière. Nous n’apprenons pas au même rythme. Avec l’orthographe, la chose est flagrante. Les inégalités vont se creuser parce qu’une convention sur la graphie d’un mot vient compliquer l’apprentissage, voire le rend tortueux, quasi impossible, en transformant l’école en une institution des tortures intellectuelles pour certains.

Une langue n’est jamais neutre. Les règles d’accord, le masculin, le féminin... Elle dit beaucoup de son histoire, de ses représentations. Elle est une idéologie (la Novlangue du 1984 d'Orwell en est le symbole). Elle est un instrument politique autant qu’un moyen de communication ou encore une expression artistique.

C’est une convention que l’orthographe. C’est utile une convention en société, ça permet de se comprendre. Une convention ne doit pas être changée tous les quatre matins. Mais vouloir conserver ce qui n’apporte aucune plus-value, ce qui complique l’apprentissage sans pour autant dénaturer la langue, c’est se mettre dans une position conservatrice, en souhaitant, consciemment ou non, faire perdurer un marqueur social.

La langue, son écriture, c’est le premier bien culturel que nous partageons. Comme toute culture elle évolue, pont entre histoire passée et promesse d’avenir. Elle vit. Ne la cryogénisons pas.

Et puis dernière question,  même si ce ne sont pas mes ognons, c’est quoi la tradition. La tradition, sans les évolutions, c’est le retour au latin, ou plus loin encore l’indo-européen, ou plus loin encore la modulation des grognements des cavernes… GRRRRRR, avec ou sans accent ?

 

NB : voir le Books n°73 de février, "contre le pédantisme orthographique, p.85

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