Le séparatisme générationnel ou le dilemme du tramway en temps de COVID (17/01/2021)

Covid, séparatisme, boomers, chroniques, débats, générationsQuand le gouvernement pointe du doigt un prétendu séparatisme ethnique ou religieux, il tente de faire oublier que c’est un autre séparatisme qui guette la société avec la gestion de la crise sanitaire. Celui du séparatisme générationnel.

Une société est à l’arrêt, confinée, les libertés congelées aussi surement que le vaccin Pfizer, sans débat sur les mesures à prendre : une sanction collective pour protéger une frange de la population, les plus fragiles et les plus anciens. Il serait difficile et fort peu humain de les isoler, eux et seulement eux. Mais la société dans son ensemble est en train de perdre sens et de sacrifier l’avenir pour préserver des générations qui ont pour beaucoup déjà participé à obérer les chances pour les générations présentes et futures de connaître un avenir radieux.

Le débat est nécessaire pour trouver l’équilibre dans les mesures à prendre : quand le remède devient à terme pire que la maladie elle-même, il faut arrêter de s’entêter et réinterroger la stratégie !

 

Mais la préférence pour le présent emporte des biais non négligeables. Comme celui de ne plus savoir ou ne pas vouloir peser la balance des bénéfices et des risques. Combien de vies sacrifiées à terme pour en préserver un nombre déterminé aujourd’hui, combien d’années de perte de vies et de pertes de chances provoquées par les confinements et la crise économique sur les générations les plus jeunes ? Nous sommes en plein dans le dilemme du tramway où une personne peut effectuer un geste qui bénéficiera à un groupe de personnes A, mais, ce faisant, nuira à un groupe de personne B ; est-il moral de faire un tel choix, et surtout quelle est la bonne solution ?  

Ce dilemme du tramway, c’est notre société face à la crise sanitaire. Quelles sont les personnes que nous condamnons, quelles sont celles que nous sauvons. Mais ce débat n’a pas lieu. La culpabilisation est tout de suite mise en avant, la culpabilisation sur l’effet présent, en occultant les conséquences futures des choix arrêtés aujourd’hui.

Il serait intéressant de dire que cette crise aura un cout, social, humain, financier… que son traitement en a un et qu’il faudra finir par régler l’ardoise. C’est maintenant et pas une fois la crise passée que ce débat de fond doit avoir lieu, débat sur qui paie et paiera les pots cassés ? Les prêteurs, les entreprises, les particuliers, les riches ou les pauvres, les petits ou les gros et dans quelle proportion ?

Depuis le début de la crise sanitaire, le chômage explose, la pauvreté grimpe en flèche, le mal-être devient un état permanent et la dette nationale s’est alourdie de près de 200 milliards d’€ et le compteur tourne encore : quand l’écrasante majorité des personnes à risques qui sont l’objectif de protection de ces mesures de confinement seront décédées, il restera les victimes réelles de la crise pour payer la douloureuse, financièrement, socialement et mentalement.

Il est d’ailleurs étonnant que les générations de 20 à 50-60 ans ne se soient pas déjà soulevées, en mode séparatisme générationnel. Elles auraient toutes les raisons de le faire quand on voit le poids des dettes contractées par les boomers pour leur mode de vie que les générations plus jeunes ont à supporter : réformes des retraites, catastrophes écologiques, réduction de la fiscalité au profit de la rente et du capitalisme financier.

Dans la gestion de cette crise sanitaire, l'idée n’étant pas d’éradiquer le virus mais bien de ralentir sa progression pour ne pas mettre le système de santé en rupture, c’est bien le ciblage des cas les plus problématiques qui devrait être à l’ordre du jour. Oui mais ça touche aussi des jeunes se voit-on rétorquer immédiatement. Oui mais un jeune de moins de 60 ans qui meurt c’est une tragédie au milieu de de la forêt des statistiques tenaces qui font de l’âge et des comorbidités la majeure partie des cas problématiques. En cachant par ailleurs les effets mortifères à terme sur ces mêmes jeunes, de l’absence de repères, des études sacrifiées, du chômage de masse…

Le débat sur la crise sanitaire est urgent, à défaut de quoi le pacte social ne pourra qu’exploser en vol. Peut être choisirons nous de protéger les plus anciens et les plus fragiles, au détriment des générations présentes et à venir. Mais c’est à nous, collectivement qu’il appartient de faire ce choix, jeunes, moins jeunes et anciens.

17:30 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : covid, séparatisme, boomers, chroniques, débats, générations | |  Facebook | | | |  Imprimer