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Les comiss agricoles

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Le Finistère, à l’instar des départements où l’agriculture est bien implantée, est coutumier des foires et autres comices qui vont primer les plus belles bêtes qui concourent.

Cette année, le 29 a l’honneur de voir se dérouler un concours de portée nationale. La foire parmi les foires : l’élection de Miss France. Un défilé des prétendues plus beau spécimens féminins de nos régions. Un salon de l’agriculture qui permettra de revêtir d’une écharpe pareille à une cocarde la gagnante de ce concours de beauté qui n’est si pas éloigné de celui que l’on peut apercevoir sur un marché aux bestiaux.

Les miss vont devoir parader, faire les belles, permettre aux juges d’apprécier la robe, la croupe, le déhanché, les qualités mammaires qui incarneront l’idée de la France (enfin pas la mienne) pour une année. En gardant le sourire, ce qui n’est pas une sinécure.

A quoi peut bien servir un tel concours ? Bonne question. Autant le premier prix de la meilleure Holstein peut avoir une forme de sens, pour primer le travail d’un agriculteur, autant cette recherche se révèle plus complexe pour ce défilé de mode institutionnalisé. A part permettre à de vieux saligauds de baver devant ces femmes objets et à d’autres de rêver devant ce spectacle pathétique et moderne de princesse qu’on couronne, le conte n’y est pas.

Pour les jeunes femmes, il y a la recherche d’une reconnaissance assurément. Profiter de l’éclat de la jeunesse pour occuper les feux de la rampe, sans faire appel à d’autres qualités que celles que l’on prête subjectivement à la plastique. Ou pour le dire plus crûment, parce qu’elles sont bonnes. Bien sûr, il y aura un petit couplet de chacune sur la faim dans le monde qui les révulse. Mais il faut bien faire passer la pilule en maquillant une exposition de chair humaine en une sorte de concours général.

Elles sont les premières complices de cette perpétuation de concours d’un autre âge. Mais il y a tous les autres. Tous ces spectateurs et téléspectateurs. Que trouve-t-il à ce spectacle ? En dehors de ce défilé de 90-60-90 dans toutes les tenues… Là, le chroniqueur sèche, cherchant l’explication du côté du rêve, de la reproduction sociale ou pire dans une absence totale d’intérêt pour le reste des programmes télévisuels.

Et si, et si…le fond de l’affaire résidait dans la délectation qu’éprouve l’humanité devant un combat. Qu’il soit de gladiateur, de sport ou plus près de nous devant le spectacle de jeunes femmes qui se battent pour une place qui n’est pas sans désavantage, assurant à la gagnante amour gloire, et beauté, même éphémère. Apercevoir les larmes des perdantes, la tristesse d’un destin brisé par un talon haut mal ajusté, une phrase aussi futile qu’amusante. La cruauté à l’état pur… Un concours, c’est prendre parti. C’est miser sur un cheval, en l’espèce une jument. S’identifier et l’encourager. Espérer intérieurement ou bien publiquement que la concurrente va rater sa prestation…

Et il y a des sujets plus glamour que d’autres pour ce genre de pari. L’élection des miss en est assurément un.

Pourtant, le destin est cruel. Il ramènera vite les participantes à la réalité du concours de bêtes de foire. Ce n’est que le début d’une longue aventure faite d’inaugurations de foire aux vins et d’opérations exceptionnelles de vente de boudin dans les hypermarchés de France et de Navarre. On a la gloire des qualités que l’on revendique…

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