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Arrêter de pédaler...

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contemplation.jpgPédale, encore et toujours, ne pense pas, ne t’arrête pas. C’est aujourd’hui le mode de vie que l’on nous promeut, mieux, que l’on nous enjoint. Travaille, consomme, abrutis-toi mais surtout ne regarde pas qui tu es… 

Homo sapiens autant que le monde s’inscrit dans une course folle, pour attraper on ne sait quel rêve d’avenir sans même regarder ce qui l’entoure, de vivre son présent. 

L’auteur de ces lignes ne déroge pas à ces règles, pédalant encore et toujours, par peur de tomber en s’arrêtant et incapable de reprendre sa route. Mais la chaîne déraille parfois. 

 

 

Certains choisissent sciemment de s’arrêter, de vivre leur vie, refusant de renvoyer l’image que l’on attend d’eux, et laissent les autres continuer à s’échiner. Ce sont les plus courageux, ils assument d’aller à contre-courant, d’être vus comme les marginaux ou moutons noirs de la société. D’autres se retrouvent éjectés du vélo, sans l’avoir choisi. Et une fois à terre, la réaction est soit de reprendre tout de suite la bicyclette, jusqu’à la prochaine chute, soit de rester au sol et de s'enfoncer ou enfin d’en profiter pour regarder autour de soi. Et en soi. Réapprendre à vivre sans pédaler sans but. C’est certainement le plus difficile. Le plus déstabilisant. 

Reprendre la folle course, c’est éviter de penser et de regarder en soi. Rester à terre, c’est capituler. Regarder en soi et autour de soi, c'est se retrouver nu, fragile, mais c'est nécessaire pour se reconstruire. Pour apprécier le présent plutôt que de courir après un futur qu'on ne saisit jamais. 

La mise en perspective est abyssale, elle donne le vertige, entre peur du vide mais aussi tentation de vivre à 100 à l'heure en jetant tout ce qui nous entoure. Il faut retrouver des repères, quand vos schémas intérieurs ont explosé, que les fondations sont mouvantes et les murs branlants quand ils n'ont pas tout simplement disparu. 

Au milieu du vide et du chaos, dans cette obscurité, des formes un peu plus claires apparaissent : les choses simples de la vie, le temps qui s'écoule sans le compter. Finalement, à terre, regarder un ciel bleu, des nuages défiler, essayer à en deviner les formes... Ne pas se donner de contrainte en dehors du minimum nécessaire à une vie en société et pouvoir partager du temps avec d'autres, sans but que celui de sourire et d'être heureux. Ce n'est pas si facile, il faut se forcer un peu au début, apprendre à lâcher prise. Puis peu à peu, quelques bulles de bonheur pétillent : jolies récompenses. 

Il est un moment où il faut reprendre le vélo. Mais avec cette promesse d'en descendre à l'envie, autant que de besoin, autant que nécessaire. 

Il y a des chutes qui sont salvatrices. Il faut les accepter, aussi inconfortables qu'elles soient. Pour soi, pour les autres.  

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