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  • Vous reprendrez bien un slide ?

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    Qui ne s’est jamais retrouvé dans une réunion, professionnelle ou publique, hypnotisé par une présentation en dix planches et vingt minutes pour se rendre compte mais bien tard qu’il n’y avait rien dans le fond si ce n’est une nette impression de s’être fait balader comme un bleu. C’est le syndrome Power Point.


    Si la cravate n’est plus l’accessoire indispensable du col blanc, nul ne peut plus sortir sans son power point! Peu importe la vacuité du propos, la forme prime sur le fond comme jamais. Pas une réunion sans que l’œil et la concentration ne soient irrémédiablement attirés par l’écran du rétroprojecteur.


    Une présentation Power Point, c’est le déroulé millimétré d’une argumentation qui ne cherche pas tant à ouvrir la discussion qu’à contrôler la réflexion, en l’orientant. Pour résumer la complexité, quelques points forts, des graphiques bien étudiés et des animations bien travaillés qui raviront les néophytes et rendront complice les experts de la fabrication du « slide».


    C’est d’ailleurs le complément indispensable de la réunionite ! Et avec le diaporama, il n’est plus demandé de présenter un projet mais de projeter une présentation. Où quand le moyen devient la fin…


    A ce jeu là, la compétence n’est plus reconnue à l’être pondérée, raisonnable, qui étudie en profondeur une perspective pour livrer tous les éléments nécessaires à la réflexion. C’est l’as de la souris, le roi du diaporama, qui gravit à toute vitesse les échelons !


    Power Point n’est pas mauvais en soi, mais il ne peut pas être le but ultime. Résumer la complexité du monde en quatre graphiques, c’est au mieux de l’inconscience naïve, au pire de la manipulation éhontée. Mais personne n’assumera de dire que le but est fixé d’avance et que le diaporama n’est là que pour faire coller la réalité à ce que l’on souhaiterait qu’elle soit. Si vous voulez repousser l’âge de la retraite, vous sélectionnerez les graphiques qui iront dans le sens de votre démonstration…CQFD


    Et un graphique, ça se modifie, ça se tord, ça se censure… L’utilisation de telle ou telle échelle masque des données, une couleur embellit ou assombrit une situation factuelle. Ce n’est jamais neutre.


    Vous me direz, mais c’est vieux comme le monde la manipulation ! Et vous n’avez pas tort ! Faire mouche par le discours, la rhétorique, le pamphlet en décrivant le monde à sa façon, c’est ce qui construit les petites histoires et les grands empires. Mais la force de Power Point réside ailleurs. Dans une prétendue objectivation des faits : le déroulé des planches ne permet pas de revenir en arrière, le spectateur est rivé sur l’écran, l’exposé devient un bruit de fond, l’esprit se laisse happer par l’aspect scientifique des choses, le sens critique semble annihilé.


    Par ailleurs, les slides se transférant à volonté, une erreur peut très vite devenir une référence commune : il n’est qu’à voir le nombre croissant de power point que nous recevons dans nos boites mails qui sont des collages parfois léchés mais dont le contenu peut être une démonstration à partir d’un tissu de mensonges. Rappelez-vous Colin Powell à l’ONU demandant l’invasion de l’Irak avec l’appui d’un power point et d’une fiole…


    Remarquez, Power Point, ça peut être aussi des animations très amusantes, un ersatz pour les nuls en graphisme ! C’est peut être là ce qu’il faut retenir de ce logiciel : utile, à condition de ne pas trop le prendre au sérieux…


    Source : Le Monde- Power Point c’est du cinéma

     

  • Tous à l'eau...

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    L’Homme est un loup de mer pour l’Homme. Juré, c’est la vérité, je l’ai vu de mes yeux vu. Bon, quand je dis de mer, ce serait plutôt de piscine mais c’est pour la beauté du mot, et ça revient presque à la même chose, au gout de javel près. Et franchement, vous auriez lu une chronique qui aurait commencé par l’Homme est un loup de piscine pour l’Homme ? Personnellement, et tout comme vous, je ne l’aurais pas fait ! On n’attrape pas des mouches avec du vinaigre non ?

    Maintenant que vous y êtes, ne partez pas tout de suite et profitons-en pour chroniquer sur cet équipement que constitue la piscine -du point de vue de l’allégorie de la société humaine s’entend- : un monde impitoyable sous un vernis d’activité ludique, dans lequel règnent le paraître, l’esthétique et la performance. Un lieu où les regards s’échangent, inquisiteurs, interrogateurs sur le physique, le style et l’efficacité de la nage de l’autre, pourquoi lui ou elle et pas moi. L’esprit humain ne peut s’empêcher de comparer, même avec les meilleures intentions du monde.

    La piscine est à l’image d’une petite communauté humaine, il y a tous les âges, tous les niveaux, tous les physiques. Du sportif confirmé à la mamie qui vient pratiquer son aquagym, de la maman attentionnée au pervers qui vient reluquer avec lubricité, vous trouvez de tout. Et ce tout doit se partager quelques mètres cubes d’eau chlorée.

    Ainsi de l’athlète qui bouscule et écarte les eaux pour ne pas ralentir sa performance, des copines qui bloquent et provoquent l’embouteillage en se racontant tout et n’importe quoi sur toute la largeur de la ligne d’eau, de l’apprenti nageur qui coule sous vos yeux mais ne souhaite pas votre aide ou des jeunes ados qui sautent du plongeoir juste devant vous au risque de vous briser la nuque, le bassin est une aire de danger qui vous fait rapidement regretter d’avoir quitter la terre ferme.

    Mais pourquoi donc s’infliger une telle torture, le bruit, les yeux qui piquent, le ventre et les hanches qui sortent du maillot, la marques des lunettes, la tasse qu’on boit, la comparaison avec le bellâtre et la bombe sexuelle ou encore la vision d’une horde de fausses sportives venant se déculpabiliser de leur consommation de pains au chocolat en enchainant les figures ratées dans un cours d’aquagym ? Après tout, en restant bien au chaud à la maison, le non pratiquant s’évite les champignons entre les orteils, le rhume permanent, la rentrée toujours pénible dans l’eau, les cheveux qui fanent sous l’effet du chlore, la sensation désagréable du bouchon dans l’oreille dont on se ne débarrasse pas sans l’adoption de cette position ridicule du petit doigt dans le pavillon avec penchement de tête sur le côté pour tenter de briser la pellicule d’eau fautive…

    Les raisons pour y venir sont multiples et pas toujours avouables.

    Commençons par la plus simple : nager est un plaisir, sentir l’eau glisser sur la peau est une sensation incomparable qui doit nous renvoyer à ce temps plus ou moins lointain où le petit d’homme en devenir que nous étions se construisait entouré de liquide amniotique, un temps d’innocence, de chaleur et de quiétude.

    Ce n’est pas le sport le plus violent qui existe, quoi qu’un coup de palme ou de genou ne soit pas chose agréable. La natation vous nettoie sans douleur et avec des efforts limités d’une vie sédentaire trop stressante ou trop planplan. Pour ceux qui cherchent un aspect plus sportif, ils y trouveront également leur compte. Et avouons le, c’est moins barbare que la course à pied.

    Reste qu’il faut un peu de technique et d’humilité, quelques cours n’étant pas un luxe. Car il n’est rien de plus désagréable que la personne qui ne sait pas nager mais qui s’entête cependant à rester dans la ligne Crawl/Papillon. Soit elle est suicidaire, soit personne n’a jamais osé lui avouer la triste vérité : un chat jeté à l’eau aurait plus de grâce et d’efficacité.

    Pour les parents, la piscine est également un allié précieux. Comme le dit la sagesse populaire, ça creuse la mer. C’est également le cas pour le bassin de natation. Pour peu qu’il y ait autour des toboggans, une belle soirée tranquille s’annonce, les diablotins ne demanderont pas leur reste à l’heure du coucher. Une belle activité familiale, pas trop chère, qui ravira les petits et surtout les grands, vous en connaissez beaucoup vous ?

    Mais la piscine, c’est aussi pour les couples un lieu de réalisation de fantasme : qui n’a rêvé de faire des cochonneries dans les vestiaires à défaut de pouvoir les faire dans le bassin ? Demandez au personnel de la piscine où vous avez vos habitudes, ils auront, à n’en pas douter, quelques anecdotes croustillantes à vous conter.

    Et reconnaissons que pour ce sport de cabines, il n’est pas besoin d’être bon nageur…