On ne le rappellera jamais assez : en matière de communication ce n’est pas tant la vérité qui compte que la croyance que l’on met dans une assertion. Et en la matière un exemple récent démontre que le journalisme est un combat permanent pour ne pas laisser la communication tuer l’information. A la suite du récent sommet sur la biodiversité à Nagoya, la presse a repris en chœur la conclusion de celui-ci: la biodiversité est sauvée, la preuve, le texte final historique ! Mais d’accord écrit, de texte final, il n’en a pas été vu une seule ligne ! Et pour cause, le seul texte existant n’est qu’un communiqué de presse, pondu par le secrétariat du sommet, et repris par presque toutes les rédactions. Tout va très bien madame la Marquise, mieux c’est pas possible. C’est un éditorialiste spécialiste de l’environnement du Guardian qui a fait son boulot, en cherchant à travailler sur le texte promis pour écrire un papier. Il n’a pas trouvé ce qu’il appelle l’accord fantôme et a alerté l’opinion sur la tromperie, qui reflète l’absence de décisions contraignantes et plus largement un contenu flou lors des échanges du sommet[1]. Depuis, rares sont les médias ayant osé avouer l’entourloupe dont ils ont été les principaux promoteurs par leur négligence à ne pas vérifier le communiqué de presse. Plus que jamais, à l’heure où l’information se périme plus vite que le temps de chargement d’une page web, la vérification des sources, le recoupement des données est une nécessité pour assurer la transparence. La distinction entre propagande, communication et information devient chaque jour plus ténu devant l’avalanche de ressources disponibles. Prendre du recul n’a jamais été aussi fondamental pour conserver ce qui fait la force de la démocratie moderne : le jugement éclairé. [1] Ce qui est ressorti concrètement c’est le fait d’affecter une valeur monétaire à la biodiversité. Pas sur que ça aide la nature, c’est plutôt la porte ouverte à une déresponsabilisation des pollueurs, qui intégreront ce coût comme aléas, oups j’ai pollué votre île paradisiaque, vous prenez l’American Express ?…
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On nous ferait tout gober