Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

déflation

  • La théorie des deux François (et d’Angela)…

    Imprimer

    Dogme, infaillabilité, pape, crise, inflation, déflation, françois, UEDogme : nom donné à une croyance pour esprits étriqués…

    Longtemps apanage du fait religieux, du fait de l’exclusivité décrétée par les vicaires de Dieu sur les explications relatives aux origines du monde et de ce qui en dérive, donc tout, par voie de conséquence. Ce concept s’est largement laïcisé en empruntant ses mécanismes et caractéristiques à une recette qui a fait ses preuves depuis la nuit des temps. La filiation est même frappante jusque dans les modalités de la présentation des choses. Ainsi de la réponse à la crise économique et à celle de la dette de la part des dirigeants européens.

    Le dogme est au final assez simple et repose sur une saignée salutaire. Dans le dogme, la rédemption ne peut se faire que dans la douleur, il faut expier et le sentir passer. C’est ce que nous sommes en train de vivre, ou plutôt c’est ce dont nos économies sont en train de crever. L’austérité est une des facettes du dogme. Elle part pourtant d’un bon principe ou du moins d’une tentative d’explication plausible : arrêter de payer des intérêts aux banques et aux rentiers. Et pour ce faire, dépenser moins que ce que l’on gagne ou à minima pas plus que ce que l’on possède. Gestion rationnelle pour ne plus dire en bon père de famille, formule désormais écartée du code civil, ce qui n’est pas trop tôt, mais qui n’est pas le cœur de notre propos aujourd’hui.

    L’Europe se saigne… si ça a marché pour les allemands, il n’y a pas de raison que ça ne puisse pas marcher chez les autres se répètent les apprentis sorciers…oubliant au passage, un contexte différent, une paupérisation et une précarisation accrues outre-rhin, et une Allemagne qui a profité des marchés des autres. Autrement dit, entre François Hollande et le pape François, il n’y a finalement que peu de différence : les deux croient à la vierge Marie, même si l’auteur de ces lignes a un doute pour le second…

    Dogme, infaillabilité, pape, crise, inflation, déflation, françois, UEL’austérité est la nouvelle planche de salut, la vertu capitale qui nous sauvera tous de l’enfer.

    Mais comme dans la bombe atomique de Boris Vian, il y a un truc qui cloche… Les résultats des politiques menées ne sont pas ceux attendus… la croissance est homéopathique, la consommation est en berne, la récession menace, et la déflation guette. Ce qu’une partie de l’opinion avait prédit. Mais la pensée unique l’avait répétée sur tous les tons : ces gens ne savent pas ce qu’ils disent, ils vivent avec les oripeaux du passé et notamment ceux de Marx et de Keynes, alors que Thatcher/Schröder/Merkel, ça c’est contemporain.

    Devant l’ampleur des dégâts, sociaux notamment, on pourrait s’attendre à une adaptation des politiques économiques, à défaut d’un acte de contrition publique sur le mode du mea culpa…

    C’est pourtant l’application dans toute sa splendeur de la philosophie des Shadocks qui s’offre à nos yeux. Ce n’est pas parce que ça ne fonctionne pas aujourd’hui que ça ne pourrait pas fonctionner demain… alors continuons, jusqu’à ce que marche… ou pas. Bref, un dogme. Ni plus ni moins.

    Le dogme, c’est ce concept pour esprit étriqué qui ne sait pas reconnaitre une erreur. L’erreur est humaine mais comme le précisait Saint Augustin, c’est persévérer dans l’erreur qui est diabolique… Les pères de l’Eglise étaient subtils, comme les pères de l’économie. Ils n’étaient pas dans le dogme, ils analysaient les circonstances et adaptaient les règles à leurs besoins. Les premiers conciles ne sont rien d’autre que le résultat d’un rapport de force politique au sein de l’Eglise en construction. Comme les premiers économistes, qui ne faisaient rien d’autres que de l’idéologie. Leurs disciples, en revanche, se recrutent plutôt du côté des ânes, prenant pour argent comptant tout ce qu’on leur raconte. Prendre une théorie économique comme vérité d’évangiles, ça conduit presque toujours au désastre.

    Mais pourquoi une telle incapacité à évoluer ? Très bonne question, posée au bon moment, pour permettre de relancer la chronique à propos… Je me remercie et cela confirme que l’on est jamais mieux servi que par soi-même parce que si nous attendions les explications des principaux intéressés, nous risquerions de trouver le temps long, voire sans fin…

    Se dédire, c’est avouer que nous pouvons avoir tort et que nous ne sommes pas infaillibles. Les yeux dans les yeux, certains préfèrent continuer à entretenir un énorme mensonge qu’assumer une vérité qui n’est pas favorable. C’est, pense-t-on, à tort, déboulonner l’autorité du piédestal sur lequel elle est savamment fixée…

    Et puis pour se dédire, encore faut-il comprendre ce qui se passe : le vivre ou se mettre à la place de celui qui le vit. L’économie est au point mort, un scénario déflationniste menace. Mais quand votre position n’est pas menacée à court terme, pas plus que celles de vos proches, les pots cassés ne sont que l’écho imperceptible d’un murmure. Les statistiques ne font pas pleurer.

    Il y a même quelques gagnants à la crise… qui le font savoir en toute discrétion…

    Et d’ailleurs, sur le long terme, il se peut même qu’un jour la crise s’envole et que la croissance revienne. Ce jour-là, nous pourrons entendre à coup sûr : vous voyez, on vous l’avait bien dit. La société sera mal en point, les laissés pour compte innombrables, mais oui, le PIB se remettra peut être à bander, une dernière fois, pour l’honneur… Autrement dit, le malade sera mort guéri…

    Pour le malheur de l’humanité, les dogmatiques meurent pour leur part plus souvent au fond de leur lit que dans des circonstances tragiques… L’Histoire les juge parfois, mais ça fait une belle jambe à tous ceux qui ont été les victimes du dogme. L’Histoire jugera surement les dirigeants européens actuels en montrant l’étroitesse de leurs pensées, l’irresponsabilité dont ils font usage, la bêtise dans laquelle ils se complaisent.

    Mais comme le dogme de l’infaillibilité du pape, il est toujours possible de montrer la supercherie qui prévaut dans les décisions des grands de ce monde.

    N’attendons pas qu’ils nous aient tous entrainés dans les abysses de leur ignorance…

    Brisons encore et toujours les dogmes…