Dans la vie, quelques centimètres de plus ou de moins, quelques secondes de plus ou de moins et c’est l'ordre naturel des choses qui s'en trouve bouleversé… Non lecteur, nous ne parlons pas là des errements de l’industrie cinématographique dont Rocco Siffredi et Clara Morgane sont les dignes représentants, mais de ces quelques centimètres, de ces quelques secondes qui peuvent changer la face du monde ou le destin d’une vie.
Commençons par le trivial, le futile, bref, en ces temps de coupe du monde, parlons du football ! Quelques centimètres suffisent pour transformer une passe, un tir, un tacle ratés en chef d’œuvre… de l’élimination piteuse au parcours sans-fautes, c’est une addition de ces quelques centimètres de plus ou de moins qui font la différence. Un but de dernière seconde, l’espoir qui s’envole ou au contraire qui repart…
Avec des trains, quelques centimètres de plus ou de moins, vous rabotez des quais…ou pas. Vous êtes la risée du monde… ou pas… quelques secondes de plus ou de moins, vous attrapez votre train ou pas… et l’effet boule de neige se déclenche ou pas…
En voiture, ces quelques centimètres sont bien connus. Un créneau, c’est de la dextérité, mais c’est aussi une question de centimètres. Qu’il en manque cinq, et vous êtes bon pour refaire un tour en espérant qu’une place se libère. Peut-être manquerez-vous un rendez-vous, un entretien d’embauche, pour ces quelques minutes…
La vie se joue parfois à quelques centimètres, à quelques secondes… le téléphone qui tombe au fond de la poche, à quelques centimètres et seconde près, vous avez le temps de décrocher…ou pas … Vous chutez et à quelques centimètres, c’est un fou rire ou la pierre tombale… Vous êtes à une table de restaurant, un pilier, quelques centimètres de plus ou de moins et vous croisez un regard ou pas… a quelques secondes près, vous rencontrez votre destin ou pas…
L’histoire se joue sur des grandes tendances et des petits détails : une balle est perdue ou en plein dans le mille, et elle change la face du monde…
Le destin qui se joue à quelques centimètres, à quelques secondes, c’est le rappel qu’il n’y a pas de certitudes totales… que la banalité ou la beauté du geste, c’est un petit supplément d’âme, de distance et de temps… Unité de lieu, de temps et d’action : tout est déjà dit…
C’est ce qui est rageant. Mais c’est aussi ce qui laisse de l’espoir, qui rappelle que rien n’est gravé dans le marbre… et ce qui rend cette sphère perdue dans l'espace vivable autant qu'habitable...