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  • Peste noire et peste brune sont de retour...

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    zemmour, ebola, brasillach, pétain, danse macabre, pesteLe buzz de l’automne a un nom qui claque et une vraie tête de méchant… En fait, il y en a plusieurs mais par commodité, ce billet se concentrera sur ce virus qui avant même de contaminer le quidam conduit ce dernier à faire dans son pantalon. Ebola, ce nom siffle comme une marque déposée issue d’un brainstorming d’agence de communication. En tout cas c’est plus vendeur qu’H1N1. C’est bien plus exotique tout en personnalisant la maladie.  Comme le nom du méchant d’un film d’horreur.

     

    L’occident regardait ça de loin tant que le virus restait cantonné à l’Afrique. Mais en faisant le grand saut, il rappelle à tout un chacun sa condition d’homme : un grain de poussière qu’un gros coup de vent balaie. Au final, nous ne sommes pas si différents de nos ancêtres qui ont eu à connaître la grande peste. La médecine est plus élaborée, mais suffit il qu’un grain de sel se mette dans le rouage du progrès pour le bloquer et le faire s’effondrer.

    Les conditions d’hygiène, la médecine sont bien plus efficientes mais le basculement vers la terreur peut être rapide : au cours de la première guerre mondiale, le typhus, la grippe espagnole ont fait des ravages dans un contexte de conditions d’hygiène dégradées, bien plus que les morts par combat déjà trop nombreux sur les fronts…

     

    L’humanité a tout autant la répulsion pour la mort que l’attraction irrésistible pour le morbide. C’est ainsi, Eros accompagne toujours Thanatos, les grecs l’avaient bien perçu.

     

    Homo Sapiens est irrésistiblement attiré par la grande faucheuse dans son côté spectaculaire. Pour les autres bien entendu! L’être humain aime les décomptes morbides il se délecte à l’avance du décompte des morts dans une catastrophe… Il connaît la folie d’ouvrir la boîte de Pandore, il sait ce qu’il y a dedans, mais il veut être spectateur de son ouverture…

     

    Il y a aussi de la mystique derrière une pandémie : regardez ; c’est la punition divine. Les prédicateurs de tous bords, y compris laïcs, s’en donnent à cœur joie… Contrôler les masses par la peur de la maladie : les danses macabres ont toujours leur utilité.

     

    Pour d’autres, Ebola est un risque qu’il faut intégrer froidement dans le raisonnement : que peut rapporter une pandémie, que coute-t-elle à mes affaires ? Ne souriez pas, c’est la réalité qui doit commencer à émerger dans les cercles des grands de ce monde…

     

    Ebola, au-delà de son action immédiate, dit beaucoup sur nos sociétés modernes et l’image qu’il nous renvoie est stupéfiante : une fracture nord/sud plus béante que jamais, le courage de quelques-uns qui vont combattre la maladie sur le terrain, le cynisme de la plupart qui ne se sentent concernés qu’une fois la menace à leur porte, la tentation de fermer un peu plus l’occident, de faire d’Ebola un prétexte à un contrôle plus appuyé des masses, voir de faire le ménage dans une posture malthusienne de mauvais goût. L’Homme est un virus pour l’Homme…

     

    En parlant d’Homme-Virus, il en est un qui se balade en toute liberté en ce début d’automne sur les plateaux télévisés et de radios. Il aime les chemises à carreaux, ce qui jusque là ne dénote pas autre chose qu’une faute de goût mais ce sont ses propos qui présentent un haut niveau de dangerosité qui devrait inciter à le mettre en quarantaine.

    Eric Zemmour est le Dieudonné des élites. A la différence de ce dernier, il est de bon ton de l’inviter pour le tancer gentiment en lui ouvrant un espace pour le laisser proférer ses saloperies. Parce que sous couvert d’un discours iconoclaste et mal pensant, il participe de l’entreprise réactionnaire, révisionniste qui réhabilite des valeurs d’inégalités, de justification du rejet de l’autre, de sa discrimination : l’enfer c’est les autres mais c’est aussi l’origine de tous nos maux. La violence, verbale, à défaut d’être physique pour l’instant, est redevenue le mode de régulation des conflits de société, la valeur en vogue. La volonté de puissance et une paire de couille assumées, voilà ce qui devrait conduire le monde selon le pamphlétiste et ses amis.

     

    Le virus Zemmour est victime du syndrome de Münchhausen, il voit des maladies partout à en rendre malade le quidam : pour lui, elles ont des noms bien précis l’égalité, la femme, l’immigré, l’handicapé, la solidarité…

     

    zemmour, ebola, brasillach, pétain, danse macabre, pesteCroire que Zemmour est un phénomène isolé serait une mascarade : comme dans les pires feuilles des journaux des années 30, les analyses de la peste brune s’étalent à nouveau dans les médias. Empruntant la vulgate d’extrême-droite et néo-fasciste, l’histoire est réécrite : Pétain était un héros, Mussolini un homme d’Etat et Hitler n’avait pas que de mauvaises idées… Encore quelques mois et l’on verra apparaître une pétition pour la tenue d’une expo coloniale….

    La question qui s’est posée à la Libération, à savoir la responsabilité des journalistes et des écrivains, est toujours d’une actualité brûlante. On ne fusille plus Brasillach mais on ne peut le laisser impunément déverser sa bile haineuse et mortifère.

     

    Le phénomène n’est pas franco-français. Il est européen, mondial… Jan Jambon, vice-premier ministre belge du NVA (extrême droite flamande) n’a pas hésité à déclarer que « les gens qui ont collaboré avec les allemands avaient leurs raisons ».

     

    Au final, tout est bon dans le cochon du néo-réac et c’est à un Charles Pasqua que nous devons en France un recadrage du phénomène Zemmour. Étrange époque…

     

    L’histoire ne se répète jamais dit-on. De la peste noire à la peste brune, elle en a néanmoins le hoquet ces derniers temps, à en donner la gerbe, presque autant que le virus Ebola.