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Chroniques d'un jeune parent, de l'esclavage légalisé comme mode de vie : le weekend

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chronique, humour, jeune parent, weekend, television, doraDans la vie d’avant, le weekend était ce temps béni, pareil à l’Eden, où rien n’était à programmer, presque tous les possibles s’ouvraient chaque fin de semaine, même si souvent aucun n’était exploré.  Sorties, petits voyages, cinéma, luxure ou au contraire oisiveté assumée au fond du lit et du canapé, à se regarder une saison complète de 24 heures ou de Dexter…Mais oubliez tout ce qui vient d’être décrit.

Avec l’arrivée des enfants, le programme est chamboulé, ou plus exactement il devient impératif d’en avoir un puisque c’est le rythme de l’enfant, la satisfaction de ses besoins primaires, et, à nouveau, l’intendance qui vont dicter l’armature de l’organisation : lever, heure de déjeuner, sieste, diner, coucher. Tout va tourner autour de ces quelques étapes entre lesquelles il faudra caser le remplissage du frigo pour la semaine, la corvée de linge nécessaire pour réduire la montagne qui se forme sans fin, un brin de nettoyage pour ne pas transformer le logis en annexe de la maison des trois petits cochons, les impératifs familiaux qui se renforcent avec les récurrentes et plus ou moins espacées visites grand-parentales, et autres branches de l’arbre généalogique, les impératifs professionnels qui tombent sans crier gare et quelques autres bricoles non prévues. Notons, au passage, que le lever aux aurores imposé par les enfants offre une plage horaire plus conséquente pour faire tenir toutes ces tâches. Ainsi, en étant sur le pont dès 7h30, vous avez le temps de caser la corvée de linge jusqu’à l’ouverture du supermarché le samedi matin. Ça n’a l’air de rien mais c’est toujours ça de pris.

A ce stade de la chronique, retenez un concept sur lequel nous aurons l’occasion de revenir : l’optimisation du temps. C’est une quête perpétuelle qui peut servir également en dehors du champ familial, ce qui n’est pas négligeable dans un CV. Malheureusement, la majorité des employeurs ne voient que les aspects négatifs dans le fait d’avoir des collaborateurs avec des enfants. C’est dommage, ils passent à côté de nombreuses qualités inhérentes à la fonction de parent sont une vraie plus-value pour une entreprise. Mais ce n’est pas le cœur du sujet de la présente chronique, peut-être y reviendrons nous un jour…ou pas. Revenons dès lors à nos moutons. Donc, 7h30 un samedi matin, la journée commence, le petit déjeuner peut être pris dans un calme relatif même si le premier combat va débuter sous peu, roulement de tambours à l’appui : papa, maman, je peux regarder des dessins animées ? Ou pour les plus petits au travers d’une seule onomatopée  « OUI-OUI », la télécommande à la main !?...

La télévision est à la fois le pire ennemi et un allié de taille pour le parent. Elle permet de gagner quelques minutes de paix, voire de prolonger la nuit d’une heure ou deux, Mickey et compagnies faisant office de nounou d’appoint, pour le modique coût de la redevance télévisuelle. Mais le revers de la médaille est terrible, même dans le cas d’une consommation très modérée, voire quasiment inexistante. L’enfant, sous l’influence de la télévision devient un junkie à culottes courtes. Point de tabac, de cocaïne ou d’alcool en cause, mais le résultat est le même, une véritable addiction aux lignes colorées animées représentant si possible des animaux qui parlent. La difficulté surgit lorsqu’il faut décoller les yeux de l’enfant de l’écran, le regard bovin fait place à des éclairs sombres, signe manifeste d’une dépendance incontrôlée. Les symptômes de manque sont terribles : cris aigues, pleurs sans fin, coups de pied, coloration écarlate du visage. Le petit ange se transforme en une bête féroce n’ayant plus qu’un objectif, une idée en tête et un mot à la bouche : Télé…

Le ver est dans le fruit, et face à Dora l’exploratrice, vous ne tenez pas la comparaison, vous n’existez plus ou pire, vous devenez l’ignoble monstre qui veut l’écarter de sa nouvelle idole, dont il vous demande de passer encore et encore le DVD (l’enfant est monomaniaque, il a des phases, elles peuvent durer un certain temps et je vous le dis tout de suite, c’est insupportable, le salon se transformant en une salle d’interrogatoire de Guantanamo, un simple DVD un instrument sophistiqué de torture psychique). Si vous cédez, vous êtes dans le pétrin pour les vingt prochaines années, la progéniture vous mangera sur la tête tout le temps, avec le risque non négligeable de créer un Frankenstein des temps modernes, un corps d’humain avec une tête d’abruti. Mais vous gagnez une quelques minutes de silence et de quiétude tout de suite...

A priori, comme ça le choix est facile, la fermeté, quelques minutes de pleurs et il vous remerciera plus tard et vous vous serez épargné des difficultés insurmontables pour des lendemains qui déchantent. En pratique, c’est bien plus compliqué que cela. La fatigue, l’inattention, le « c’est pas grave, c’est exceptionnel, ça se reproduira pas» font baisser la garde même aux plus résistants et l’engrenage commence. Impitoyable. Il faut des jours, des semaines, des mois pour redresser la situation. Parfois, il est trop tard. Condoléances…


(à suivre)



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