La soif de victoire, le gout de la compétition ou tout simplement la nécessité de tenir les cadences infernales imposées par la société moderne conduit l’Homme à se donner quelque liberté dans le franchissement des limites physiques imposées par la nature. Que ce soit la caféine salvatrice du travailleur, le programme élaboré de dopage du sportif de haut niveau, les amphétamines de l’étudiant en période de révision, le rail de coke de la star avant de monter sur scène, il y a toujours la volonté de tenir la cadence ou se dépasser. Mais Homo Sapiens ne s’arrête pas à améliorer les performances de sa seule espèce : il ouvre au monde animal ce signe de civilisation supérieure au règne animal et même végétal. Pour le règne minéral, avouons-le, les essais ne sont guère concluant, si ce n’est que pierre qui roule n’amasse pas mousse, mais la discipline est trop obscure pour que le commun des mortels s’y intéresse.
Le cheval de course, le lévrier, le lapin, l’escargot, bref tout animal qui peut faire une course en ligne contre un de ses congénères peut se retrouver dopé à l’insu de son plein gré comme un vulgaire cycliste sur un col de montagne en plein mois de juillet en France. Au passage, si vous avez des témoignages sur le dopage des gastéropodes, merci de prévenir l’académie qui, à ce jour n’a formulé qu’une hypothèse vague sur la réalité de ce phénomène.
Mais l’inventivité de l’Homme en général et du belge en particulier ne s’arrête pas là. Dans le plat pays qui est le sien, le flamand ou le wallon fournit ses pigeons de compétition en cocaïne ! Nous pensions tous que les performances de ces charmants volatiles trouvaient son origine dans un régime alimentaire composé de moules-frites et de bière d’Abbaye, pour découvrir avec stupeur un vaste trafic de poudre blanche chez des quidams, pareils à des amateurs de scrapbooking, au-dessus de tout soupçon. La compétition transforme de paisibles colombophiles en dealers impénitents gavant de poudre blanche les graines à manger de leur champion. L’homme n’est pas qu’un loup pour l’homme, il l’est aussi pour le pigeon et pas seulement accompagné de petit pois.
Mais nous attendons déjà le prochain scandale, celui où d’immondes producteurs de télévision bourreraient de silicone d’innocentes jeunes femmes en pratiquant par ailleurs une ablation partielle de leur matière grise pour les mettre en scène avec des jeunes hommes dont on aurait effacé la connaissance du français correcte ainsi que la fonction respect de l’autre en général et de la femme en particulier et se rapprochant au final assez du règne des gastéropodes. Je tremble de découvrir l’horrible vérité : Nabila, qui es-tu réellement, ma belle colombe (en rapport avec son intelligence de basse-cour) aux lèvres proéminentes et aux seins si généreux qu’ils nous font oublier tes fautes de liaison et d’accord ?
La dépression m’assaille à cette idée, autant qu’à celle de la plongée dans l’hiver : les feuilles mortes se ramassent à la pelle, j’ai glissé d’ailleurs sur l’une d’elle, jurant comme un gaulois de village irréductible contre Proserpine qui nous inflige depuis l’antiquité ces 6 mois de ténèbres, n’ayant jamais cru par ailleurs à ce phénomène de rotation de la terre que tentaient de vendre des professeurs de science en mal de reconnaissance, le niveau de mon café n’ayant jamais bougé d’un iota au fond de sa tasse, ce qui prouve bien que ça ne tangue pas tant que cela !
Le froid, la pluie et la fête des morts : si avec ça nous ne sommes pas prévenus que nous allons en baver avant de pouvoir utilement penser à lire un magazine futile sur une plage sans relief, c’est à désespérer de l’inaptitude à lire les signaux que mère nature et l’Eglise catholique apostolique romaine reprise dans le calendrier officiel des jours fériés de la République nous envoient.
Mais l’Homme a de la ressource. Si le coup de pompe survient, il pourra toujours aller picorer quelques graines « sur vitaminées » dans quelque colombier ou clapier de compétition comme dans une bonne histoire belge !
Et pendant ce temps là, la terre continue à tourner en se marrant bien de la connerie humaine...