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Old fashion week...

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personnes agées, mode, vêtements, conformisme, papi punkDans une vie, il y a des étapes à franchir. Certaines sont liées à une date, un événement. Elles sont faciles à identifier : premier poil pubien, majorité, permis, premier boulot, première fois, etc… Mais il y a aussi des évolutions mystérieuses, dont on ne saurait donner une date précise d’apparition et pourtant le changement est là, sous nos yeux. Il suffit de regarder dans la rue, mieux, dans une pharmacie, un jour de semaine. C’est la rencontre du 3ème âge, plus flippante que celle du 3ème type, parce qu’on y lit notre avenir inéluctable… Une chose est frappante, il y a une unité vestimentaire, une unité capillaire… La vérité est là sous nos yeux et elle est impitoyable : il est un moment dans la vie où le destin bascule et où l’on s’habille comme un vieux…

 

Pour l'homme, pantalon velours aux couleurs passées, chemise à carreaux tirant sur le vert marron, ceinture souvent, bretelles pour les plus audacieux, grosse paire de chaussures intemporelles, pardessus élimé et casquette gavroche vissée sur le crane. Et par tous les temps, une écharpe. Pour la femme, robe aux motifs floraux rappelant un je ne sais quoi d'une nappe de cuisine que l'on a vu autrefois chez ses grands-parents, bas épais et chaussures tout-terrains. Le manteau est pareil à l'homme âgé, un peu plus épais peut être, avec un soupçon de féminité qu'il faut découvrir à force d'insistance et qui se manifeste le plus souvent par une broche sans âge. Coquetterie surannée s’il en est.

 

Il est difficile de dater l'instant où l'on passe d'un état à l'autre. Ce n'est pas aussi simple que pour la température d'ébullition de l'eau. A un ami pharmacien à qui je demandais ce qu’il en pensait, il fut bien embêté pour me répondre. Sur les vieux, pas sur l'eau. Si je lui avais posé cette dernière question il m'aurait pris pour un demeuré. Enfin, vous me suivez. Donc, concernant les vieux, il est bien conscient du phénomène mais n’a jamais prêté attention au processus. Le mystère demeure.

L'enquête ne peut se baser que sur les maigres indices laissés ci et là à l'attention de l'observateur averti.

 

Premier constat : moins la personne âgée est active au quotidien, plus vite elle tombe dans le travers vestimentaire.

 

Deuxième constat : plus la personne âgée vit au milieu de ses contemporains de la carte Vermeil, plus elle tombe dans un mimétisme vestimentaire.

 

Troisième constat : à proprement parlé, il n'y a pas de boutiques vestimentaires spécialisés dans le troisième âge, mais il existe des revues dédiées à la mode du troisième âge, miscellanées où l'on peut trouver des loupes de lecture pour yeux fatigués, des chaufferettes de mains pour doigts mal irrigués, des cannes de marche sculptées à pommeau ergonomique, des guéridons aux mesures standards pour accueillir un napperon comme il se doit, c’est-à-dire moche si possible, porte-dentier à la finition travaillée et last but not least une garde-robe intemporelle, à prix cassé, dans laquelle l'homo sapiens en fin de parcours peut trouver un bonheur suranné et à température garantie.

 

Quatrième constat : là où les modes mettent souvent le serré à l'ordre du jour, les finitions compliquées à enfiler, la garde-robe du troisième âge fait primer l’utilité et le confort. Il y a une forme de sagesse dans ce choix, au détriment de l’abandon d’un matérialisme sans issue qui pourtant constitue l’alpha et l’oméga de nos sociétés dites développées.

 

Cinquième constat : il y a des exceptions à la règle. Des personnes âgées à la mode ou du moins attachées à un certain courant peuvent être croisées ci et là. Et force est de constater que le cerveau joue un tour fâcheux. Comme si l’ordre naturel des choses était rompu, la présence d’un papi hard rockeur, d’une mamie-punk, d’une femme fatale aux formes avachies et fanées trouble le champ de vision. Tout comme il semble inconcevable de porter une casquette « Cars » passées les 10 ans, à l’autre extrémité, le jeunisme ne sied pas au plus de 50 ans. Selon les règles non-écrites de nos sociétés. La liberté individuelle, si souvent brandie, n’est que le cache-sexe rhétorique d’un conformisme prégnant en matière vestimentaire (mais plus largement culturel).

 

Au final, si l’on ne naît pas vieux, on le devient… Nous sommes le produit de nos conformismes inavoués… Pour lutter, réhabilitons le pantalon velours accompagné d’un tee-shirt de Metallica et d’une casquette les chevaliers du zodiaque à tous les âges ! L’intergénérationnel, c’est un combat de tous les jours !

Commentaires

  • aïe... j'aime bien votre façon de voir les choses

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