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  • Le poulet aux hormones, c'est taftaïen...

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    Mais où sont passés les bonnets rouges ? Après avoir fait l’actualité il y a un an en anticipant les feux de la Saint-Jean de quelques mois, ils ont disparu des écrans radars aussi subitement qu’ils y étaient apparus…

    C’est bien dommage, car il y a en ce moment un vrai combat qui pourrait coller pile-poil à une large part des luttes qu’ils prétendaient incarner sur un sujet plus dangereux que quelques portiques. L’écotaxe c’est même pipi de chat et roupie de sansonnet à côté.

    Ça tient en quelques acronymes : CETA (comprehensive economic and trade agreement) pour le Canada, TAFTA (Transatlantic Free Trade Area) pour les USA, ce dernier se dénommant désormais dénommé TTIP (Transatlantic Trade and Investment Partnership) parce que TAFTA commençait à être connu comme le loup blanc… Pour CETA, pas de bol, il a déjà été signé dans une indifférence générale, pendant que l’Europe s’extasiait sur l’été indien.

    En gros, c’est faire des deux rives de l’Atlantique une grande et belle zone de libre-échange entre cousins européens et nord-américains…

    C’est pas déjà le cas se demande le lecteur qui sent qu’on le prend pour une truffe et qui se rappelle avoir déjeuner dans un fast-food pas plus tard qu’hier…

    Certes, il y a des accords qui existent, des droits de douane qui aujourd’hui sont réduits à peau de chagrin, des quotas pas très restrictifs mais mon bon monsieur, il reste des freins qui empêchent de faire, des verrous à faire sauter : la libéralisation de l’économie est un combat permanent… Il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour : il ne faut pas seulement aimer le business, il faut le lui montrer...

    Les enjeux sont de deux ordres mais intrinsèquement liés entre eux…

    Les barrières non tarifaires et un organe supranational de règlement des différends… ça fait beaucoup de mots compliqués dans la même phrase mais il va falloir faire un effort lecteur, parce que derrière ces mots le grand méchant loup se cache. Et il a très faim. Très très faim. Et les petits cochons, c’est vous, c’est moi… d’ailleurs, il les aime bien aussi avec un bonnet rouge les petits cochons…

    Alors Les barrières non tarifaires c’est quoi ? C’est tout ce qui n’est pas un droit de douane mais qui limite ou empêche une marchandise, une technologie de pénétrer sur un territoire : les normes environnementales, les normes sociales… bref des règles de droit qui sont le reflet d’un choix de société (et à l’occasion, mais c’est très rare, avouons-le pour ne pas être taxé de partial, pour empêcher de faire entrer des marchandises tout court)… vous voyez venir la chose non ? Les OGM, les hormones de croissance, les normes sanitaires… c’est tout ça… Quelle norme sera choisie ? La plus protectrice ou la plus lucrative ? Au fond de toi, lecteur, au fond de toi petit bonnet rouge, tu le sais : tu vas en bouffer du bœuf aux hormones nourri aux OGM, pendant que ce qui reste de ton code du travail, protecteur de ta santé, sera mis en charpie, tandis que nos amis américains vont se retrouver avec la city londonienne aux basques de leur système financier…

    Imaginez maintenant que vous mettiez dans cet accord la création d’un tribunal arbitral au-dessus des Etats, un peu comme celui qui a donné raison à Bernard Tapie (des personnes privées, qui arbitrent, la décision s’imposant aux parties, y compris aux Etats)… Cocktail détonnant non ? Les grosses firmes, Européennes et Américaines poussent très fort, très très fort pour ce type de solution. Les frontières et l’état de droit existent encore un peu. Les juridictions internes sont plutôt protectrices du citoyen. Monsanto n’en peut plus de se faire refouler par le Parlement européen et les Etats, les groupes européens, notamment bancaires, aimeraient bien rapiner un peu plus outre-Atlantique pour faire sauter les verrous protecteurs. L’organe de règlement des différends, c’est le rêve : attaquer les Etats pour faire appliquer la législation la moins contraignante au nom de la liberté du commerce et du combat contre les barrières non tarifaires. Avec une décision privée s’imposant aux Etats… Il y a des conseils d’administration de multinationales où l’on jouit pour moins que ça…

    Dans une opacité réelle, la commission européenne et le secrétariat du commerce américain négocient un accord que les lobbys ont posé sur la table après quelques années de pause : il y a un peu plus de dix ans, ils s’étaient fait sortir par la porte avec l’AMI, pas plus qu’ils n’ont réussi à faire aboutir les négociations de l’OMC. Qu’importe, ils essaient par la porte de service.

    Les allemands ont d'ailleurs vu de la lumière et ils commencent, doucement, à se réveiller… Derrière le sourire de Golden Boy des lobbys, ils ont vu la gueule du loup et sa queue.

    Si vous voulez rester maître de votre destin, vivre et travailler au pays, plutôt que de mettre le feu à un portique ou à une permanence des impôts, allez voir vos députés, nationaux, européens et demandez-leur des comptes sur TAFTA/TTIP et CETA. Les citoyens européens, américains, canadiens ne peuvent et ne doivent pas laisser passer cette nouvelle intrusion de ces mêmes groupes qui les ont déjà bien assez mis sur la paille…

    Bonnet blanc et blanc bonnet de tous les pays, unissez-vous !