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  • La première rame ou la suivante?...

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    La vie est faite de choix se répétant jour après jour, des petits paris qui colorent un quotidien parfois terne et routinier et qui offrent à l’esprit humain le sentiment que l’individu est libre de choisir, en dépit du déterminisme qui prévaut dans cette vallée de larmes.

    Cela commence au réveil, se rendormir dix minutes ou s’arracher avec dépit mais conviction des couettes bien moelleuses et bien chaudes. Dans un cas, le fait d’avoir volé un peu temps au temps sera ce que l’on appelle un instant de bonheur, mais qui sera payé chèrement si l’on se rendort profondément : lever en catastrophe, sans café, la marque du lit incrustée profondément dans la joue pour la journée. Dans l’autre cas, vous aurez fait exactement ce que la société attend de vous. Le sentiment du devoir accompli de celui qui est véritablement un numéro parmi d’autres…

    Mais le sentiment de liberté le plus accompli d’une vie trop bien rangée, qui donne du relief à un quotidien moutonnier, c’est celui que l’on ressent lorsqu’il faut choisir entre deux rames de métro, deux bus ou encore deux rames de RER. Pour les béotiens qui ne sauraient pas de quoi il retourne, le chroniqueur, magnanime, a décidé de décrire précisément la mécanique de cette petite jouissance que provoque le pari réussi. Et l’échec ? J’y viendrais aussi sur ce dernier, qui apporte pour sa part son cortège de malheurs, de retards et de blessures à l’amour propre.

    Imaginons, vous êtes à un arrêt de bus, vous attendez le 150 (ou le 3 ou le 76 selon votre attirance pour tel ou tel chiffre, si cela vous aide à vous projeter). Il en arrive deux. Lequel choisir ? Le premier, un peu bondé mais à n’en pas douter devant l’autre. Ou le second, plus aéré mais qui étant derrière n’est pas à l’abri d’un feu rouge récalcitrant et susceptible d’arriver deux minutes plus tard que le premier. Vous me direz, votre exemple est nul, ils se suivent, autant prendre le second, ou même plutôt y aller à pied parce que de toute manière mon bureau est juste à l’arrêt suivant, et puis le 150, ça n’existe que dans les grandes villes, chez moi, ça s’arrête à quatre. Peut être, mais voilà, le chroniqueur a besoin de savoir si le lecteur suit. C’est le cas, passons aux choses sérieuses.

    Donc, vous êtes sur le quai du RER. Deux trains sont annoncés. Le premier est sensé être parti il y a une minute, le second part dans dix minutes. Logiquement, le premier devrait précéder l’autre dans l’ordre de départ. Mais aucun des deux ne bougent. Et vous vous rappelez de ce reportage, vu il y a quelques semaines, lors d’une terrible nuit d’insomnie. Vous aviez le choix entre une rediffusion des aventures de Mimie Mathy en pays landais sur des échasses ou un reportage sur l’aiguillage des trains. Etant allergique aux ovins vous aviez choisi le reportage. Qui vous avait appris que la priorité est de faire partir celui qui est le plus susceptible d’être à l’heure des trains, celui qui est en retard ne doit pas mettre les autres à la bourre à leur tour. Un truc de régulation dont vous n’aviez pas saisi totalement les subtilités de l’explication. En même temps c’était trois heures du matin, avec le cerveau en bouilli de l’insomniaque. Mais si vous suivez le raisonnement, c’est donc le deuxième train qui partira le premier. Logique.

    Apparemment, la rame complète est insomniaque et allergique aux moutons, car tous les individus qui la composent, dans un même élan, qui rappelle que l’homme vit au milieu du troupeau de ses congénères, se lèvent et se précipitent dans le deuxième train. Il y a bien quelques originaux qui ont fait un autre pari, restant dans le premier train. Qui va gagner ?

    Ce n’est pas une science exacte, mais si le second train part, cette petite victoire du matin vous mettra sur les rails du bonheur pour la journée. Rien ne peut vous atteindre, vous avez vaincu le sort de la rame qui part sans vous. A une échelle d’homme, c’est comme un Austerlitz ferroviaire (la victoire pas la gare).

    Dans le cas contraire, Waterloo, waterloo ! Comme le chantait si bien ABBA. Vous voyez les portes du train que vous avez quitté se fermer et la locomotive s’enfoncer dans les sous-sols. Comme un malheur n’arrive jamais seul, votre train ne partira ni à l’heure, ni même en retard. Au bout d’un suspense insoutenable, dont seules les compagnies de chemin de fer ont le secret, vous entendrez l’annonce tant redoutée, votre train est supprimé. Vous serez à la bourre au boulot, comme un jour sur deux. Votre patron vous regardera encore de travers, vous baisserez la tête, ayant raté la réunion de l’année, celle où vous auriez pu briller et enfin bénéficier d’une promotion qui se fait attendre depuis tant d’années. Vie de merde sera votre crédo pour la journée et peut être même pour la semaine.

    Tout le monde n'a pas la chance d'avoir des amis disposant de jets privés...

  • Ceci est un message de l'amicale des dictateurs à ses membres

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    Il semblerait qu’un mal étrange frappe nos adhérents ayant prêté ou dont les proches auraient prêté des avions à des membres du gouvernement français, membres de l’UMP. Dès lors qu’un ministre de Nicolas Sarkozy met les pieds dans un jet affrété, le dictateur est contesté, et peut même avoir à s’enfuir. L’amicale des dictateurs insiste sur les mesures prophylactiques à prendre d’urgence : n’affrétez plus d’avions aux membres de l’UMP qui souhaiteraient venir passer quelques jours au soleil, entre deux conseils des ministres. Eviter la photo sur le perron en leur compagnie. Fuyez les comme la peste quand bien même ils souhaitent vous aider en déclarant que votre pays n’est pas si dictatorial que cela, deux trois coups de matraques n’ayant jamais fait de mal à personne.

    Ces quelques mesures provisoires devraient vous permettre de passer l’orage de la contestation pour retrouver la stabilité qu’appellent de leurs vœux les grandes institutions financières, que nous remercions au passage pour leur soutien qui se manifeste par une dégradation de la note financière de la Tunisie depuis que la population de celle-ci a déposé notre regretté collègue Zine El-Abidine Ben Ali.

    Le bureau de l’amicale.

  • Demain, peut être, enfin, on verra...

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    Le chroniqueur, devant sa feuille blanche, commence à écrire sur un sujet, puis sur un autre, sans jamais terminer une foutue note. Il remet à demain cet exercice, qu’il remettra au surlendemain dès le jour d’après. En un mot, le chroniqueur est atteint de procrastination. Cette faculté de repousser toujours plus loin que le présent les taches qu’il devrait faire là, tout de suite, tant que le fer est encore chaud pour le battre. Et que celui qui n’a jamais procrastiné me jette la première pierre ! Aïe ! Bon d’accord, peut être toi, lecteur, au fond à droite mais tu es bien l’exception qui confirme la règle.

    L’humain procrastine depuis la nuit des temps, la paresse a été livrée avec le premier modèle. Adam n’en foutait pas une dans l’Eden, il n’a pas changé de ligne après en avoir été chassé. C’est d’ailleurs pour ne plus avoir à faire que l’Homme a inventé le progrès technique, l’esclavage et avec l’abolition de ce dernier le salariat. Faire faire, ne plus avoir à faire. Sans cette aptitude à remettre au lendemain et aux autres, les hominidés seraient encore nus dans la savane et ne connaitraient pas la joie que procurent le métro, la religion, la crise financière, plus belle la vie ou encore les états d’âmes politiques d’une première dame de France sur son engagement à gauche. Heureusement pour l’Homme moderne, Homo Erectus, et tous ceux qui lui ont succédés, est né avec un poil dans la main. Sans ce dernier, pas de poésie, pas de culture.

    Et je vois déjà les yeux du lecteur rouler dans tous les sens : dis donc Coco, tu nous dis que la paresse engendre la création ? En plus d’être procrastinateur, tu n’es qu’un imposteur fieffé chroniqueur !...

    Attendez que je m’explique – même si j’avoue, je préférerais qu’il n’en soit pas ainsi et que l’on traite cela plus tard.

    Ne cherchant pas à seulement survivre et perpétuer l’espèce même s’il y prend un plaisir bien compréhensible sur ce dernier point, le paresseux a le temps de cogiter, d’aspirer à, et prend nonchalamment un bout de charbon et fait des mickeys au mur, tape sur un arbre creux avec un bâton en attendant que ça passe et découvre avec stupeur que c’est beau. Inutile mais beau, sans s’obliger. Faire par plaisir. Découverte étonnante. Qui distingua d’emblée l’homme du reste de la vie sur terre. A l’exception du bonobo bien entendu, dont l’onanisme bien connu et si souvent répété semble être ce qui s’apparente le plus à cette belle qualité que l’Homme porte en lui : c’est naturellement un branleur.

    Mais le chat, est ce qu’il procrastine lui ? La réponse est simple, il n’a pas la conscience de. Et à vrai dire, il n’a pas d’obligation si ce n’est de manger et se reproduire. Car la procrastination apparaît avec les obligations que l’humanité s’impose : écrire à mère-grand, changer le monde, régler ses impôts, constituer un patrimoine qui dépasse largement ce dont un homme normalement constitué a besoin, livrer une chronique…

    Heureusement, l’Homme est enfin réconcilié avec lui-même, il a désormais les outils qui lui manquaient dans sa quête pour remettre à demain de ce qu’il devrait faire maintenant pour s’enfoncer dans le confort de l’inutilité : Facebook, youtube et les autres…Ah, ce que c’est bon de procrastiner en réseaux…on se sent moins seul et coupable…