Aimer, c’est attendre. C’est surprenant comme définition mais après de nombreuses recherches, c’est le seul trait scientifiquement commun que l’on peut trouver à toutes les histoires d’amour. Le truc des molécules, de l’accélération du cœur et tout le reste, c’est également vrai. Mais si tout devait être résumé par un verbe, sans hésiter, ce serait : attendre. Attendre quoi ? La rencontre, déjà. Le désert sentimental, vous n’imaginez ce que ça peut être long et pathétique. Plus particulièrement lorsque vos amis sont casés. Ils disparaissent de la circulation, tout à leur bonheur et l’oukase de la dulcinée au dessus de la tête comme une épée de Damoclès : tes copains sont sympas mais franchement, tu n’es pas mieux avec moi ? Tout est dit. Dès lors, les soirées entre potes ressemblent peu à peu à la chevelure de l’homme qui avance dans la vie : elles deviennent clairsemées. Un peu par dépit, mais plus surement par attirance, vous jetez finalement votre dévolu sur celle qui pourrait devenir the first, the last, my everything. Vous attendez la bonne occasion pour commencer une discussion qui ne s’arrête pas seulement à bonjour bonjour, et là encore, la relativité du temps vous arrive en pleine face, l’éternité, c’est long et la patience n’a jamais été votre fort. Finalement, par un subtil jeu de billard à vingt bandes, vous remontez la piste de la jeune femme pour vous retrouver face à elle lors d’un déjeuner ! Chouette ! Enfin presque… Vous apprenez de sa bouche qu’elle est avec un abruti depuis quelques années. Elle ne vous a pas dit que c’était un abruti, mais vous l’avez deviné…Après tout, il n’est pas vous ce qui implique par voie de conséquence qu’il ne peut être qu’un abruti… Mais la partie va être subtile : il fait trois têtes de plus que vous. Pour profiter de la belle, vous allez devoir passer encore votre tour et patienter encore un peu. Mais un mois de plus, un mois de moins, vous n’êtes plus à la pièce et la séduction n’est elle pas le plus doux des jeux… Vous l’avez séduite, elle est dans vos bras et elle a définitivement quitté le lit de l’autre. Après quelques semaines ou quelques mois de va et vient…entre vous et l’abruti… Le bonheur est là, vous le touchez enfin…C’est ce moment où le temps suspend son vol, les amants sont en lévitation, pas l’ombre d’un nuage. Les secondes semblent des heures, les heures des jours lorsque l’être aimé n’est pas là. D’où cette impression d’attendre encore et toujours. Je vous le dis, on ne s’en sort pas. Mais soyons clair et ne laissons pas les malentendus s’installer entre nous : cette attente est douce, loin de moi l’idée de jeter le bébé avec l’eau du bain. Et ne croyez surtout pas que le chroniqueur charge dans un seul sens. Les hommes savent aussi faire attendre la demoiselle au point de la faire enrager… Ainsi la douce à nos cœurs attend le coup de téléphone qui la prévient que nous sommes tombés dans un guet apens avec les copains, la tournée des grands ducs et des petits bistrots faisant que nous ne rentrerons qu’au petit matin, tout comme elle attend encore ce grain de folie qui la fera se prendre pour une princesse de conte de fées quelques minutes ou quelques heures. De plus, l’esprit d’initiative de l’homme est assez proche du néant, tout au moins en matière amoureuse. Les vacances romantiques, c’est génial, mais heureusement qu’elle les organise, sinon vous passeriez l’été à vivoter entre votre petit appartement et votre ancienne chambre chez vos parents…à attendre…la fin des vacances ! Une dernière preuve, qu’aimer c’est attendre ? Il ou elle se prépare pour sortir et vous en êtes réduit à lire une chronique, attendant le départ…
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Indignez-vous
Le dernier succès de librairie, qui flirte avec la barre du million d’exemplaire n’est pas un livre à proprement parler. Et l’auteur n’est pas dans les canons supposés du jeune auteur de best-seller.
Indignez vous n’est pas un livre, c’est l’appel d’un vieux monsieur, résistant et corédacteur de la Déclaration universelle des droits de l’homme, à ses frères d’humanité à ne pas baisser les bras. A ne pas courber la tête.
La forme n’est pas appétissante, le style est sec, le propos est souvent décousu. Mais le fond est là, puissant : s’appuyant sur son histoire personnelle, qui fait partie de l’histoire avec un grand H, Stéphane Hessel indique que le moteur de son engagement, c’est l’indignation. L’indignation contre le totalitarisme, contre la barbarie, l’injustice ou encore les atteintes à la dignité humaine. Et les motifs d’indignation sont nombreux de nos jours : l’explosion des inégalités sociales et économiques, que la crise a amplifié et mis un peu plus en lumière, le renforcement des lois sécuritaires, le réchauffement climatique, la chasse aux sans papiers, le mal-logement… Pour l’auteur, il ne faut pas se résigner, mais au contraire s’indigner, pour s’engager. C’est un appel à l’engagement, un appel à la résistance, avec un grand R.
Le court texte, il est vrai, est peu étayé. C’est ce que la majorité de ses détracteurs lui reproche (ainsi que le passage sur Gaza, mais en le lisant, on ne voit pas bien où se trouve l’antisémitisme dénoncé). Mais là réside la force du texte. Ce ne sont pas les statistiques qui doivent indigner, c’est la réalité vécue, de près.
Stéphane Hessel, rappelant lui-même que sa fin approche, livre un vibrant plaidoyer à ne plus être indifférent à ses frères d’humanité. Et là s’explique surement le succès du texte et la recherche du lecteur : la nécessité que l’homme ne soit plus un loup pour l’homme.
Source : Indignez-vous de Stéphane Hessel
Le monde, chat avec Stéphane Hessel le 19 janvier 2011
http://www.lepost.fr/article/2011/01/20/2377315_indignez-vous_1_0_1.html
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Lâcher un ami déchu ou l’art du rétropédalage dictatorial…
La vie n’est pas rose tous les jours pour nos gouvernants : dans un parcours ministériel et politique un petit caillou dans la chaussure vient malheureusement ternir le prestige du maroquin. Quand ce caillou est un ami, dictateur de profession, la gêne est déjà plus conséquente. Pour peu que vous l’ayez appuyé ouvertement, avec insistance et qu’il soit déchu, c’est la catastrophe ! L’ami devient encombrant…
Pourtant, qu’il était doux avec vous cet ami…Son Etat policier vous permettait de vous sentir en sécurité lors de vos vacances au soleil. Il y avait toujours un couvert à table. Et puis vous rigoliez bien ensemble : le coup de la menace islamiste, c’était génial pour tout justifier. Sans compter que vous étiez admiratif : se faire élire avec 90 % des suffrages, ce n’est pas donné à tout le monde.
Mais voilà, on vous reproche votre empathie à son égard et d’avoir renié vos convictions démocrate, humaniste et républicaine. Vous êtes poussé à la démission, à deux doigts d’être mis dehors. Que faire ?
Gagner du temps ! Demandez à un ami bienveillant de souffler la création d’une commission d’enquête. Ça ne mange pas de pain et ça calme l’ardeur des opposants. Le comité, la commission, c’est l’arme suprême du rétropédalage. Vous pourrez expliquer pourquoi ce que l’on vous reproche a été mal interprété. Vous pourrez même prendre une stature d’Etat en faisant pleurer dans les chaumières : j’ai dit tout cela pour protéger nos ressortissants, pour éviter la contagion et les effusions de sang…des milliers d’excuses que l'on pourrait retrouver dans la politique pour les nuls.
Après cela, quelques jours à tenir puis l’actualité enterrera votre affaire aussi rapidement qu’un dictateur prenant la fuite…
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Les jours les plus longs...
Le dimanche matin (mais ça marche aussi avec le samedi), les parents d’enfants en bas âge, dont le chroniqueur fait partie, se rappellent avec nostalgie ce temps pas si lointain où pas même le clocher de l’Eglise ou le voisin bricoleur de l’appartement d’à côté ne venaient les réveiller, donnant à la grasse matinée toute sa plénitude, son sens et sa volupté.
Tout ceci n’est plus qu’un doux rêve, le réveil matin que constitue la jeune progéniture ne s’éteint pas aussi facilement que l’alarme de votre Iphone. Pire, les gentils petits gnomes prennent un malin plaisir à se lever encore plus tôt qu’en semaine. Du lundi au vendredi c’est une guerre permanente pour les sortir du lit et la vengeance intervient dès le samedi, à l’heure où les noctambules dont vous n’êtes plus vont pouvoir commencer une bonne nuit de sommeil. Biberons, couches et autres refrains répétés de Oui-Oui et Petit Ours Brun, vous avouerez qu’il y a plus sympa pour commencer la journée.
Pourtant, vous auriez du le savoir que les enfants se lèvent tôt. Si rappelez-vous, la fois où vous étiez rentré à 6h00 du matin, et où machinalement, préparant une aspirine, vous aviez allumé la télévision attendant que l’effervescence se termine dans le verre d’eau. Là, vous vous étiez étonné de ne rencontrer que dessins animés pour tous petits, téléachats mal doublés et rediffusions de séries françaises particulièrement mal scénarisées et jouées. Si les deux derniers programmes sont pour des insomniaques atteints de troubles d’achat compulsif ou atteints de mauvais goût, les dessins animés sont pour ces petits êtres si attachants en théorie : les petits enfants.
Cependant, ces dessins animés deviennent rapidement vos alliés. Vous aviez juré que jamais au grand jamais vos gamins ne les regarderaient si tôt. Après quelques semaines ou mois de lutte, vous avez rendu les armes, et pour gagner quelques minutes de paix et de sommeil, vous laissez Oui Oui, Sam Sam et les autres s’occuper de vos progénitures. Malgré tout, vous êtes bien réveillé dès 7 heures du matin, et le petit déjeuner, même en trainant est terminé à 7h30.
Bilan des opérations, vous allez faire le marché à son ouverture, rencontrant là quelques personnes âgées et d’autres jeunes parents hagards, l’œil vitreux, les cernes apparentes. Le supermarché est fermé, le café vous ouvre les bras pour tenter de lire un journal que le petit dernier tente de vous chiper.
A 13 heures, vous sentez la fatigue poindre, la journée semble interminable. Jamais vous n’aviez pensé qu’il était possible de faire autant de choses durant un weekend, tout en regrettant le doux temps où vous n’aviez rien à faire, vous laissant porter par le temps qui passe.
Mais alors, est-ce vraiment l’enfer : Oui, incontestablement ! Mais un très bel enfer, à jouer avec vos p’tits bouts, à profiter justement du temps qui passe. Car n’oubliez pas, c’est passager ! Dans quelques temps, il vous faudra aller les extirper du lit sur les coups de 13 heures, pour partager le repas dominical et familial…
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Les résolutions se ramassent à la pelle
Souvenez-vous, c’était il y a quelques jours, à la toute fin de l’année dernière pour être précis… Bon, je vous l’accorde, pour l’Homme du 21ème siècle, gavé d’infos en continu, pour qui l’actualité se périme en deux minutes, c’est une éternité…
Je vous aide, un indice en bas de l’écran s’affiche (si vous avez regardé, consultez !)…Allez, je vous le livre sans plus attendre, ce sont les résolutions pour la nouvelle année. Dans un inventaire à la Prévert, on peut citer le récurrent j’arrête de fumer et son frère jumeau de fin de réveillon nauséeux, j’arrête de boire, le très sérieux et altruiste cette année, je m’investis pour les autres et en particulier les plus faibles, l’athlétique je me bouge et je vais (au choix) à la piscine, courir, à la salle de sport, le pieux et moral à compter de ce jour je ne serai que bonté, l’ambitieux je vais casser la baraque au boulot ou encore le courageux, j’emmerde les cons, je plaque tout…
Après quelques jours, vous avez enlevé le patch et repris quelques cigarettes, vous n’avez pas résisté au verre de Bourgogne lors du dernier apéro improvisé avec les potes, les courbatures, le froid et la pluie ont eu raison de votre motivation à avaler les kilomètres de bitume, et les quelques jours de vacances à Noël vous ont tout au plus reposé mais certainement pas réconcilié avec votre boulot…
Ce n’est pas grave docteur, le cimetière des bonnes résolutions se remplit fidèlement chaque année des cadavres de nos promesses éthyliques, lancées à la volée de la surenchère amicale.
Cependant, quelques-unes seront tenues, diminuant d’autant votre palette de bonnes résolutions à tenir pour l’année prochaine mais vous permettant de rendre jaloux et de forcer l’admiration de vos amis devant votre ténacité et votre persévérance. Vous ne leur direz pas, cela va sans dire, que vous fumez en cachette ou que vous ne courez qu’une fois par mois en fait…
Et le lecteur se demande à juste titre ce que le chroniqueur s’était promis et n’a pas tenu bien longtemps : c’est très simple, il s’était résolu à ne plus interpeller directement le lecteur dans sa chronique…
http://www.lepost.fr/article/2011/01/12/2368093_qui-se-ramassent-deja-a-la-pelle.html