La tendance de la rentrée, au-delà des marronniers sur l’école et la reprise du travail, et par-delà même les commentaires que peuvent inspirer des pièces de tissus et leur interdiction, est de déclarer sa candidature à l’élection présidentielle. Marasme ambiant oblige, tout le monde pense être la solution aux problèmes de notre temps, sans se rendre compte que beaucoup n’en sont que la source.
Bref, ça se déclare dans tous les coins, ça se positionne à tout bout de champs, ça propose comme dans le premier marché venu, et ça s’insulte comme dans une vulgaire bagarre de bistrot en fin de soirée. Il y a ceux qui veulent gagner une primaire, ceux qui souhaitent s’en passer et beaucoup qui sont entrés là en voyant la lumière et l’agitation. Dans son coin, tapie dans l’ombre, l’extrême-droite se lèche les babines devant l’odeur du sang et la vision de la mêlée confuse.
Joueur, l’auteur de ces lignes s’est dit, pourquoi ne pas participer également à ce jeu pour comprendre ce qui pousse tant de ses congénères à se lancer dans l’aventure. N’ayant pas trouvé de nègre pour écrire un livre sur le pourquoi il est évident que c’est moi, vous devrez vous contenter de ces quelques paragraphes à suivre.
Et sans modestie aucune, cela ne pourrait pas être pire que ce que nous avons déjà pu apercevoir d’un spectacle aussi affligeant que médiatisé à outrance.
Je fais donc acte de candidature et par un effet rhétorique emprunté au vainqueur de 2012 et battu de 2017, je déclare que moi président, il ne sera pas possible de me battre lors de l’élection présidentielle en 2022.
62 % des Français sont pris en otage. Pas dans les transports, ni les stations-services. Depuis quelques semaines, ceux qui se foutent de l’Euro, mais pas forcément du foot, ne peuvent plus faire un pas dans la rue, allumer la radio, ou même faire leurs courses sans qu’une allusion à l’euro de football 2016 ne viennent leur sauter à la figure. À vous en faire détester le football, le sport et les célébrations collectives joyeuses. Mais la machine à cash de l’UEFA est en route. Il faut rentabiliser les sommes monstres en jeu, que des multinationales sans liens avec le sport, et des chaines de télévision toujours avides de recettes publicitaires, qu’elles espèrent récupérer en achetant à prix d’or des droits TV, ont mises sur la table pour accoler à leurs noms le logo de ce qui, au final, ne constitue qu’un tournoi de football amélioré, comme il en existe des milliers d’autres dans le monde.
Les temps sont à la confusion. Les repères s’évanouissent, le temps file à toute vitesse et l’instabilité est de mise. Pas étonnant que nous puissions avoir la gerbe dans ces conditions.
L’été entame son déclin et une caravane chasse l’autre. Après les marronniers sur les campings, les plages et les cancers de la peau, prétextes bienheureux pour montrer des poitrines de tous poils à une heure de grande écoute, la caravane médiatique se met en branle pour couvrir ce spectacle inimitable qu’est la rentrée politique. C’est diaboliquement construit, à la manière d’un concept de télé-réalité, avec coups de théâtre, bandes rivales, invectives, réconciliations, applaudimètre. Entre Koh-Lanta avec petit four et l’amour est dans le pré sans le regard bovin…Quoique… Bien entendu, l’ambiance est différente selon les partis, histoire de culture politique, d’enjeux et de coups tordus, selon que vous serez dans la majorité ou l’opposition, grand ou petit parti…