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Chronique d'un néo-breton, épisode 3 : l'opportunité de quitter Paris

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Le Parisien, déjà repoussé en banlieue depuis quelques années, doit, sous la pression immobilière, quitter son nid douillet s’il espère un quotidien agréable. Dans l’épisode précédent, il a évalué la vie en banlieue pas chère mais près de Paris et le mode de vie pavillonnaire aux limites de la région Ile de France…


Devant ce choix entre la peste et le choléra, et n’ayant toujours pas gagné au loto auquel il oublie chaque fois de jouer, le Parisien se rappelle ce morceau de terre qu’il aime tant, mais qu’il ne connaît finalement qu’au travers de ses souvenirs de vacances : les chemins de douaniers, les festivals, la côte découpée et sauvage au soleil de l’été… Pour l’auteur de ces lignes, qui ne déroge pas à la règle, c’est la Bretagne qui lui est venue à l’esprit. D’ailleurs, le départ en province, il l’envisageait lorsque ses tempes seraient grisonnantes et son crâne dégarni mais la folie immobilière parisienne a été plus rapide que la chute capillaire.


Cependant pour quitter Paris, bien que le ras le bol puisse être en lui-même suffisant, encore faut il qu’une opportunité se présente. Ou soit provoquée. Après avoir résolu un problème de taille si vous avez une petite famille à vos côtés : faire valider cette possibilité de changement de vie. Même si la technique dite du fait accompli a pu donner des résultats intéressants ici et là... Mais cette option implique une vision patriarchale, voire dictatoriale qui n’est pas du meilleur goût de nos jours, allez savoir pourquoi. Bref, après l’accord plus ou moins difficilement obtenu, l’opportunité est traquée : un emploi dans la ou les villes recherchées.

Un premier constat s’impose : elles se comptent sur les doigts de la main ces fameuses opportunités. Le futur néo-breton se gratte la tête, il ne connaissait pas ce problème en région parisienne, où en cherchant sans trop se forcer, il pouvait trouver chaussure à son pied rapidement.

Il a entendu parler de cette légende urbaine, sans trop y croire : en province, les gens s’accrochent à leur boulot jusqu’à la retraite, après avoir comme le parisien, trouvé la perle rare, un emploi plus ou moins sympa. Dès lors, les mouvements sont rares.

La tache sera plus ardue, le bonheur en sera plus appréciable. La traque de l’emploi, une chasse exaltante pour atteindre le Graal d’une vie moins folle.


La quête est plus ou moins longue, plus ou moins difficile. Question de secteur d’activité, de localisation géographique, d’un poil de chance et de prétentions salariales à la mesure de la nouvelle région que l’on vise. L’auteur de ces lignes a buté longtemps dans sa recherche d’un poste de PDG d’une entreprise du CAC 40, sur la presqu’île de Crozon, payé deux millions d’euros par an, voilier de fonction en plus. Aucune annonce n’est parue. Aucun courrier n’est revenu des candidatures spontanées courageusement envoyées. Sentiment bizarre d’être quelque peu incompris dans un monde en recherche perpétuelle d’un sens à la vie. Travailler les pieds dans l’eau a pourtant tout d’un programme qui pourrait largement soutenir la comparaison à ce que les partis vont pondre pour la présidentielle de 2012.


Heureusement, un jour, l’opportunité se présente. Après une série d’entretiens, elle se concrétise. A partir de là, la terre s’ouvre sous vos pieds. Vous y êtes. Vous savez, cette croisée des chemins qui attire autant qu’elle fait peur. En un mot le changement est dans l’air du temps et la nature humaine, qui en a une sainte horreur va devoir se dépasser pour franchir le Rubicon.

Mais les quelques aller-retour pour décrocher ce job vous ont définitivement conforté : arriver dans une ville et entendre les mouettes au sortir de la gare tout comme voir les voitures s’arrêter aux passages piétons ont inscrit dans votre esprit une fragrance de bonheur que la perte de salaire que vous allez subir volontairement devrait compenser au centuple. Comme le dit la pub, il y a des choses qui ne s’achètent pas. Sauf si vous aviez décroché ce boulot de PDG avec voilier de fonction. Mais on ne gagne pas à tous les coups.

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