Alors que la vague de froid qui a saisi l’Europe s’éloigne déjà, le néo-breton commence à faire le bilan de son premier hiver finistérien. La chose n’est pas aisée, pour ainsi dire, l’hiver breton ressemble à s’y méprendre à l’automne francilien, la lumière en moins.
Les températures au bout de la péninsule bretonne sont clémentes. Ce qui n’est que justice : l’été est frais, la petite laine toujours à portée de main, il faut bien trouver quelques compensations à un moment ou à un autre. Ainsi de la vague de froid, elle n’a pour ainsi dire qu’à peine effleuré le néo-breton.
Sans jamais dépasser des températures tropicales, le thermomètre descend rarement sous la barre fatidique du zéro pointé.
Pourtant, une sensation désagréable accompagne ces températures clémentes : l’humidité est partout présente. Une hygrométrie couplée à une vigueur du vent que l’on ne rencontre pas souvent ailleurs. En un mot, ça décoiffe les jours de tempête, et c’est poisseux les autres jours.
Et là, le néo-breton comprend mieux ce mariage qui semble si naturel à la Bretagne : la crêpe et le cidre. Pour passer l’hiver, voilà des compagnons de route indispensable, qui vont (presque) toujours de pair.
Au-delà de la convention qui fixe l’hiver du 21 décembre au 20 mars, on peut dire que l’hiver breton déborde un peu en amont sans être assuré qu’il ne débordera pas non plus un peu en aval de cette date. La mesure n’est pas très scientifique, j’en conviens, mais la sagesse populaire ne se trompe pas systématiquement. L’hiver breton est caractérisé par un ciel bas, gris et une pluie plus ou moins omniprésente bien que fine, le fameux…crachin.
La vareuse est de rigueur. Le breton porte avec élégance un appendice qu’il détient en plusieurs exemplaires, disséminés aussi bien chez lui, dans sa voiture qu’à son bureau : le parapluie. Le breton est prévoyant, il connaît bien sa météo, à la différence de l’auteur qui commence à peine à intégrer cette donnée fondamentale : la pluie peut arriver de n’importe où et n’importe quand. Il est donc essentiel d’être constamment prêt à ouvrir son pépin. Et donc d’acheter ceux-ci par lot pour les disposer dans tous les endroits où l’individu est susceptible d’en avoir besoin. De même que les bottes ne sont pas totalement inutiles en cette saison, le néo-breton s’est équipé pour affronter les coups de vents, de pluie qui caractérise le littoral.
Certes, l’hiver peut sembler long, mais il est magique par certains aspects. Les balades en bord de mer font partie de ces instants inoubliables qui rappellent au néo-breton pourquoi il aime tant cette région. Le bruit des vagues, un ciel dégagé sur la côte, une plage quasi-déserte… un concentré de bonheur à portée de main, à quelques minutes à peine, un jet de vélo quand il est en forme, un jet de voiture quand la paresse ou la pluie surviennent.
Le clou du spectacle se matérialisant les jours de tempête. La vision de l’océan déchainée est incomparable. La force du courant, la hauteur des vagues, l’écrasement de celle-ci contre les falaises dans un fracas indescriptible mettent dans les yeux du néo-breton des étoiles pareilles à celles qu’il avait petit, quand il s’émerveillait devant la magie de la vie. Devant cette nature indomptable, le néo-breton se sent tout petit. Et privilégié d’en être un spectateur.
Il tombera malade une fois sur deux, mais devant ce spectacle unique au monde, il se fait une promesse, l’hiver prochain, il remettra ça !
Pour Jacques Dubaele. J’espère que de là-haut, tu pourras les admirer ces tempêtes, de cette Bretagne que tu aimais tant. Kénavo l'ami.