Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

néo breton

  • Chronique d'un néo-breton, épisode 18, la corvée du jardin d'éden

    Imprimer

    jardinage.jpgLe néo-breton a succombé au mythe de la maison avec jardin. Après Paris, l’espace conquis est jouissif. De son salon où il n’est plus obligé de dormir, il peut contempler la verdure et la quiétude de son jardin. La pelouse est taillée à ras, les haies coupées au carré, il n’y a qu’à se laisser porter par la douceur, en descendant une chaise longue sous la tonnelle, un bon bouquin et les oiseaux qui chantent sur les plus hautes branches des arbres. Le bonheur est dans le pré, avec un soupçon d’air marin que porte la marée…

    Joli tableau qui va se faner à mesure que dame nature va reprendre ses droits : passées quelques semaines, la si belle et verdoyante pelouse n’est en fait qu’un champ de luzerne, les arbustes repoussent dans une anarchie pas même esthétique, les feuilles mortes se ramassent à la pelle avant même qu’elles aient eu le temps d’apparaitre au printemps. Se demandant à quel saint se vouer, le chroniqueur se reprend pourtant. Non, il ne se laissera certainement pas dicter sa vie par le genre chlorophyllé !  Un plan d’attaque est nécessaire qui reposera sur les quatre éléments fondamentaux de l’entretien du jardin : un guide complet pour éviter de transformer une coupe en massacre, du matériel approprié, de l’huile de coude et last but not least, le sacrifice d’un début de weekend ou de congés. Après une semaine de boulot, il paraît que ça détend. C’est partiellement vrai mais ça relève globalement de la méthode Coué.

    Avant de passer aux travaux pratiques, le néo-breton va néanmoins devoir passer, une nouvelle fois, à la caisse. Le mythe de la maison individuelle est un puits sans fond que l’on découvre à ses dépens.

    Le matériel de base du parfait petit jardinier est composé d’une tondeuse, d’un coupe-bordure, d’un râteau, d’un taille-haies, d’un escabeau, de sacs pour remplir ce qu’il aura ôté, d’une rallonge et d’une cabane de jardin. En définitive, ce n’est donc pas tant la pelouse qui est tondu que le portefeuille du néo-breton.

    A ce stade de l’histoire, le chroniqueur n’en a pas cru ses yeux. En poussant la porte d’un magasin spécialisé, il est entré en terre inconnue pour lui mais luxuriante pour les amateurs du genre : le jardin, son entretien, constituent un phénomène culturel, social et pour une large part économique insoupçonné qu’une visite rapide d’un détaillant de presse aurait pourtant démystifié. La diversité des titres consacrés au jardinage n’a d’égal que le nombre des émissions télévisées qui sont dévolues à la chose.

     

    Devant ses yeux ébahis, une succession de tondeuses se présente : il est presque plus difficile de choisir ce genre de matériel qu’une automobile. Entre la mécanique, l’électrique et la thermique, une première fracture s’opère. Fibre plus ou moins écolo, surface à tondre, qualité de la tonte, des dizaines de facteurs à intégrer pour aboutir à la solution d’une équation à laquelle tente de participer et d’influer les enfants du néo-breton : papa, prends le tracteur, il est génial… Le refus paternel entraînant illico ce que dans le jargon on appelle un tirage de gueule couplé à un trainage des pieds qui vont durer quelques heures pour les plus chanceux, toute la vie dans quelques cas fort heureusement très minoritaires..

    Le vendeur essaie de placer le produit qui va au-delà de vos besoins, vous cherchez à vous en tirer à bon compte. Le match est serré, et devant vos refus poli, le vendeur invoquera les termes quasi-scientifiques de la tonte, surface à traiter, déclivité et qualité du terrain, de l’herbe, arrosage puis en procédant à un calcul ésotérique sur le besoin  présumé…pour aboutir à un match nul. Vous ne prenez pas le tracteur ou le modèle le plus onéreux mais repartez tout de même avec une tondeuse électrique autoportée avec fonction  « mulshing » censée vous épargner de la corvée de ramassage de la tonte tout en enrichissant votre pelouse. En pratique, cette fonction gadget ne pourra être utilisée au mieux qu’une fois sur quatre et vous vous rendrez compte que dans cette région quatre à cinq tontes annuelles sont bien suffisantes… La suite des courses sera du même calibre et la note sera plus salée qu’un caramel au beurre breton.

     

    Devant les cartons déballés, vous voilà fin prêt à entrer définitivement dans l’ère du mythe pavillonnaire.

    C’est dimanche, il est dix heures, la tondeuse est dans les startings blocks : vous lancez la bête mais au bout de cinq minutes un de vos voisins débarque, gêné : vous êtes de la ville, vous savez surement pas mais il y a l’usage et même la loi. Et l’usage, la loi, c’est que le dimanche, c’est la trêve des confiseurs. Vous l’aviez remarqué pour le commerce, vous le redécouvrez pour les travaux du jardin : le dimanche, l’oisiveté est permise. La Bretagne ça vous gagne qu’on vous disait !

     

    Mais ce n’est que partie remise, il faudra être sur le pied de guerre dès le samedi matin suivant, pour participer au ballet bruyant des coupeuses d’herbe sous le pied, chaque propriétaire de carré de pelouse se retrouvant à exécuter, de manière fort peu original, la même tache dans une cacophonie solitaire.

    Tonte, ramassage… Le jardin est fin prêt, pour un combiné barbecue-après-midi chaise longue. C’est en général une fois la tondeuse remisée, qu’en vertu de la théorie de l’emmerdement maximum, le ciel va se couvrir, la température va tomber et qu’une fine pluie va faire son apparition. Le néo-breton va pouvoir sortir la crêpière et admirer son jardin…depuis le salon. Mais qu’il se rassure, dès le lundi, le soleil sera de retour…

  • Chronique d'un néo-breton, épisode 17 : De l’hiver en Bretagne

    Imprimer

    Alors que la vague de froid qui a saisi l’Europe s’éloigne déjà, le néo-breton commence à faire le bilan de son premier hiver finistérien. La chose n’est pas aisée, pour ainsi dire, l’hiver breton ressemble à s’y méprendre à l’automne francilien, la lumière en moins.

    Les températures au bout de la péninsule bretonne sont clémentes. Ce qui n’est que justice : l’été est frais, la petite laine toujours à portée de main, il faut bien trouver quelques compensations à un moment ou à un autre. Ainsi de la vague de froid, elle n’a pour ainsi dire qu’à peine effleuré le néo-breton.

    Sans jamais dépasser des températures tropicales, le thermomètre descend rarement sous la barre fatidique du zéro pointé.

    Pourtant, une sensation désagréable accompagne ces températures clémentes : l’humidité est partout présente. Une hygrométrie couplée à une vigueur du vent que l’on ne rencontre pas souvent ailleurs. En un mot, ça décoiffe les jours de tempête, et c’est poisseux les autres jours.

    Et là, le néo-breton comprend mieux ce mariage qui semble si naturel à la Bretagne : la crêpe et le cidre. Pour passer l’hiver, voilà des compagnons de route indispensable, qui vont (presque) toujours de pair.

    Au-delà de la convention qui fixe l’hiver du 21 décembre au 20 mars, on peut dire que l’hiver breton déborde un peu en amont sans être assuré qu’il ne débordera pas non plus un peu en aval de cette date. La mesure n’est pas très scientifique, j’en conviens, mais la sagesse populaire ne se trompe pas systématiquement. L’hiver breton est caractérisé par un ciel bas, gris et une pluie plus ou moins omniprésente bien que fine, le fameux…crachin.

    La vareuse est de rigueur. Le breton porte avec élégance un appendice qu’il détient en plusieurs exemplaires, disséminés aussi bien chez lui, dans sa voiture qu’à son bureau : le parapluie. Le breton est prévoyant, il connaît bien sa météo, à la différence de l’auteur qui commence à peine à intégrer cette donnée fondamentale : la pluie peut arriver de n’importe où et n’importe quand. Il est donc essentiel d’être constamment prêt à ouvrir son pépin. Et donc d’acheter ceux-ci par lot pour les disposer dans tous les endroits où l’individu est susceptible d’en avoir besoin. De même que les bottes ne sont pas totalement inutiles en cette saison, le néo-breton s’est équipé pour affronter les coups de vents, de pluie qui caractérise le littoral.

    Certes, l’hiver peut sembler long, mais il est magique par certains aspects. Les balades en bord de mer font partie de ces instants inoubliables qui rappellent au néo-breton pourquoi il aime tant cette région. Le bruit des vagues, un ciel dégagé sur la côte, une plage quasi-déserte… un concentré de bonheur à portée de main, à quelques minutes à peine, un jet de vélo quand il est en forme, un jet de voiture quand la paresse ou la pluie surviennent.

    Le clou du spectacle se matérialisant les jours de tempête. La vision de l’océan déchainée est incomparable. La force du courant, la hauteur des vagues, l’écrasement de celle-ci contre les falaises dans un fracas indescriptible mettent dans les yeux du néo-breton des étoiles pareilles à celles qu’il avait petit, quand il s’émerveillait devant la magie de la vie. Devant cette nature indomptable, le néo-breton se sent tout petit. Et privilégié d’en être un spectateur.

    Il tombera malade une fois sur deux, mais devant ce spectacle unique au monde, il se fait une promesse, l’hiver prochain, il remettra ça !

     

    Pour Jacques Dubaele. J’espère que de là-haut, tu pourras les admirer ces tempêtes, de cette Bretagne que tu aimais tant. Kénavo l'ami.