Le néo-breton, comme tout bon finistérien qu’il est devenu, et par la grâce des congés payés, prend des vacances estivales en recherchant le soleil. Il pourrait rester du côté de Loctudy, mais plus que le soleil, c’est un peu de chaleur qu’il recherche. Chaleur de l’air et chaleur de l’eau, parce que la mer, s’y l’on peut s’y baigner sans combinaison, c’est Byzance. Direction le sud, le grand sud. La Méditerranée… Où comment un presque méditerranéen de naissance retrouve sa région natale mais avec désormais le regard du résident du grand ouest. Du point de vue scientifique, la chose n’est pas sans intérêt.
L’auteur passera sur le voyage qui ne présente pas un grand intérêt si ce n’est du point de vue de chroniques futures d’un nouveau parent, mais il peut toutefois être utile de relever qu’une fois passée la Loire, il a pu sentir la chaleur tant recherché…le thermomètre s’est mis à grimper si vite que le néo-breton s’est cru devenir un glacier en plein réchauffement climatique. Pendant le millier de kilomètre de son voyage, il n’a pu s’empêcher de verser une larme pour les ours polaires que son bilan carbone estival déplorable condamne un peu plus…Mais là n’est pas le sujet principal de cette chronique qui autrement aurait été nommée le néo-breton et le réchauffement climatique, jamais sans mon ours polaire.
Après un peu plus de dix heures de route, enfin, les plages de sable fin du Languedoc-Roussillon, entre mer et étangs, s’offrent au valeureux vacancier qui espère pouvoir planter parasol et poser serviette pour lézarder… seul au monde…ou presque…
Seul, vous ne pouvez pas l’être… En effet, la fonction du littoral méditerranéen depuis la célèbre mission Racine des années 60, c’est l’accueil du tourisme de masse pour faire concurrence à l’Espagne dans la recherche du portefeuille de vacances des gros culs esseulés à tongs… Le mimétisme avec l’adversaire ibérique va loin : sur certaines portions, le littoral est aussi défiguré que sur la Costa Brava, les plages ne sentent pas le bon sable chaud mais dégagent un mélange improbable de crème solaire, de beignet et d’iode marin… Il faut se battre pour une place de parking, se battre pour un bout de plage et se battre pour un coin d’eau… Albert Dubout, grand dessinateur natif de Palavas-les-Flots avait d’ailleurs croqué avec talent ses contemporains, littéralement les uns sur les autres dans le petit train qui les menait de Montpellier aux Plages dans les années 30.
Dans ces niches du tourisme de masse, il y a comme une impression de se retrouver dans un reportage de strip-tease ou de confessions intimes : les enfants s’appellent Kevin, ils portent un maillot de l’équipe de France (ou d’Allemagne ou des Pays-Bas selon la provenance…) et la syntaxe est violée à chaque coin de phrase… La Cagole y est reine, le Kéké est son empereur, dans sa voiture tunée et assourdissante. La seule presse sérieuse que vous trouvez sur les serviettes ressemble étrangement à un condensé des aventures de la vie des stars… Voici et consorts font des ravages intellectuels, et peut être même plus l’été que le reste de l’année…
Mais résumer le littoral méditerranéen à cela constituerait une malhonnêteté certaine. Si la beaufitude et la superficialité peuvent se croiser dans les grandes stations du type la Grande-Motte et sur quelques places de village, l’arrière-pays, quelques villes et plages isolées, et à l’extrême limite, quelques autochtones méritent largement le détour… à suivre…