Chronique publiée sur https://dmpvd.wordpress.com/2019/07/24/lodyssee-des-sans-nom-et-des-sans-visage/
Des milliers de morts, c’est une statistique, une victime, c’est une catastrophe. L’adage se vérifie fréquemment, et pour la compréhension d’une tragédie, il faut souvent partir d’une trajectoire individuelle. C’est toujours par la petite histoire que la grande histoire se comprend et s’écrit.
La crise des réfugiés, pour ce qui relève de la partie syrienne – mais la mécanique est presque identique sur tous les points du globe –, est une catastrophe que l’opinion n’arrive pas à saisir complètement : c’est un écho lointain, chiffres à l’appui, en fin de journal télévisé, ce ne sont plus des femmes et des hommes, mais seulement une catégorie gazeuse, les migrants, que certains imaginent comme une horde venant faire le siège de leur pays.
La vie nous apprend que nous ne sommes pas immuables. Nous sommes même le changement permanent. Cela se constate physiquement mais c’est tout aussi vrai intérieurement, et même plus profondément que notre enveloppe corporelle. Notre moi intérieur évolue, au gré des ans et des circonstances, aussi surement que notre peau se renouvelle chaque heure, chaque jour… Même pour des personnes dont le quotidien est identique d’un jour à l’autre, ces changements opèrent, dans des proportions certes homéopathiques, mais néanmoins réels. Nous ne sommes jamais tout à fait une personne différente, ni tout à fait le même individu que nous étions précédemment et que nous serons demain.