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Présidentielle 2012 - Page 3

  • LE ROI NU

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    S’il est une chose que l’on ne peut pas enlever à Nicolas Sarkozy c’est bien sa capacité à cristalliser les passions. De l’amour fou à la haine viscérale, le personnage ne laisse pas indifférent. Mais il y a peu du capitole à la roche tarpéienne, et de 2007 à 2012, le candidat de l’UMP le découvre.

    Ainsi, Les gens bons de Bayonne ont montré tout le bien qu’ils pensaient du président sortant qu’ils verraient bien sorti… Le bus de militant UMP n’était pas rempli comme à l’accoutumé, premier signe de fatigue, et qui par contraste donne de la voix aux opposants. Car le camp de l’UMP a beau jeu de noyer le poisson en vociférant, avec une mauvaise foi appuyée, contre de prétendus terroristes (tiens on refait le coup de Tarnac…) et de crypto-socialistes coupables d’une trahison républicaine, cela démontre surtout un candidat isolé qui n’arrive plus à occuper l’après-midi d’une maison de retraite en affrétant un car pour aller l’applaudir. Derrick a battu Nicolas Sarkozy à plate couture, c’est dire l’abîme dans lequel ce dernier est plongé.

    A de nombreux égards, la politique s’apparente à une scène de théâtre, et nécessite tout autant de comédiens, metteurs en scène et autres figurants. L’acteur politique est comme l’acteur de théâtre, il a peur du bide. Rien de plus triste qu’une salle vide et la publicité qui pourrait en être faite. Mais à la différence du théâtre, les spectateurs ne viennent pas toujours spontanément. A contrario, il est des spectateurs que l’homme politique n’apprécie pas de voir dans la salle ou dans la rue. Alors, comme cela se pratique depuis la nuit des temps, des figurants sont postés le long du cortège ou dans la salle d’un meeting et les opposants sont repoussés le plus loin possible.

    Souvent, il n’est pas besoin de leur demander de venir à ces mains et visages amicaux, ils viennent de leur plein gré, on appelle cela des militants ou des sympathisants. Quelquefois, il faut affréter des bus, demander au maire de la ville de bien vouloir accueillir, avec une ou deux classes d’enfants des écoles communales, le président ou le candidat. C’est vieux comme Hérode, et à la différence de la Corée du Nord, cela ne se fait pas par la peur d’une hypothétique balle dans la tête en cas de refus.

    Nicolas Sarkozy et plus largement l’UMP use et abuse de ces stratagèmes. Rappelez-vous de cet épisode pas si lointain, Nicolas Sarkozy visite une usine et sur l’estrade, pas une tête ne dépasse. Les salariés ont été sélectionnés pour leur taille, inférieure ou à défaut égale à celle du chef de l’Etat. Ces derniers mois, ces dernières semaines, les mises en scène sont devenues chaque fois plus grotesques, les ficelles de plus en plus grosses et au final tout le monde s’en aperçoit. Du transfert de salariés sur un chantier fermé pour faire croire à une visite sur un lieu de travail de Nicolas Sarkozy en passant par l’obligation faite à des enfants d’une école de brandir des petits drapeaux et de clamer Vive le Président, rien n’arrête la propagande.

    Mais la source s’est tarie. Même les militants UMP ne se déplacent plus. Le roi est nu, il se retrouve face à l’opinion publique : quelques supporters à la voix terne dont la vigueur est recouverte par les sifflets d’opposants, plus nombreux. Un baromètre vivant que Nicolas Sarkozy a pris en pleine face. Redevenu candidat, les forces de police lui sont facturées (on l’espère), dès lors, les dispositifs sont plus légers. Et la vérité des urnes se fait jour. Le roi est nu, le roi est seul…

  • Comment se faire sa propre opinion pour l’élection présidentielle en se marrant au passage...

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    Chronique, humour, politique, présidentielle 2012, tracts, marchés, militantsLeurs têtes sont partout, les bribes de discours et de petites phrases se succèdent dans un tourbillon de déclarations indigestes. Avec celle des signatures, la chasse aux voix est ouverte, l’électeur se demande bien où donner de la tête, qui croire, même si certains sont plus crédibles que d’autres.

    Si le scrutin n’est pas pour tout de suite, il est important de se construire une opinion par soi-même autrement que par la lecture des sondages, dont nous abreuvent les médias, et les raccourcis, que l’on entend sur les marchés ou encore au café du commerce.

    Mission difficile mais néanmoins possible. Se couper du cirque en place pour prendre le recul nécessaire à la réflexion, être volontaire dans sa volonté de discussion avec les uns et les autres des candidats. Et le tout dans la joie, la bonne humeur, l’humour et en le plaçant sous le signe de l’étude sociologique. Si, c’est possible.

    Premier acte, allez aux marchés. Faites le plein des programmes. Vous verrez, vous n’aurez qu’à tendre la main et sur vingt mètres vous les aurez tous.

    Revenez chez vous, posez-vous tranquillement, lisez consciencieusement, prenez des notes. Préparez des questions, consultez le détail des programmes sur les sites, voyez le parcours des candidats, qui les entoure (c’est important l’entourage, ceux qui financent, ceux qui alimentent en idées…, c’est le programme réel des candidats le plus souvent qui apparaîtra par cette lecture).

    Ne lisez aucun éditorial ou alors lisez les tous, pour ne pas être influencé dans le premier cas, pour relativiser les propos dans le deuxième.

    Retournez au marché avec vos questions. Vous n’aurez peut-être pas de réponse, mais vous passerez un agréable moment à mettre sur le grill des militants qui distribuent des programmes qu’ils, pour certains, n’ont pas même pris le temps de lire. Je le répète, ce n’est pas la tendance générale mais le cas n’est pas isolé. En ce cas, vous faites une grande œuvre, vous faîtes réfléchir quelqu’un qui ne se pose pas de questions d’habitude, préférant répéter les poncifs des éditoriaux et la soupe qu’il a reçu de ci de là par des sergents instructeurs de parti.

    Le militant va pédaler dans la semoule mais c’est pour son bien. La maïeutique est à l’œuvre. Il va devoir argumenter, chercher au fond de lui pourquoi il défend ce programme, tenter de vous convaincre. N’ayez aucune illusion, à ce moment, il vous déteste mais un jour, peut être dès le lendemain, il aura une pensée émue pour ce quidam qui l’a poussé dans ses retranchements pour lui ouvrir les yeux. Et cerise sur le gâteau, il sera peut être lui-même convaincu parce qu’il vous a dit…A défaut d’avoir trouvé le bon cheval, vous pourrez avoir la récompense de l’utilité…

    Mais il n’y a pas que le militant sans discours et argumentaire que vous rencontrerez, loin s’en faut. Dans la jungle des marchés, des sorties de métro et de bureau, évolue de redoutables carnassiers qui sévissent. Des tribuns des rues, rompus à l’exercice de la persuasion, qui dès lors qu’ils engagent la conversion ne lâchent plus la proie qui, innocemment, a voulu bénéficier de deux trois éclairages sur le programme. Ou pire, qui ne demandait rien de tout cela. Ce Terminator du logiciel programmatique de son parti va tenter de retourner le cerveau du pauvre individu, en ne lui laissant pas le temps de respirer, provoquant une asphyxie cérébrale propre à introduire le doute dans l’esprit de l’électeur potentiel. Des stats, des assertions, du storytelling, des anecdotes, des questions fermées, son arsenal est impressionnant. Il en connaît autant, si ce n’est plus sur les adversaires de son poulain que sur son poulain lui-même. Ainsi, il démonte patiemment les autres programmes pour vous placer son produit. Il en appelle aux grandes valeurs, aux grands hommes. Vous baissez la garde, vous pourriez être conquis…mais…mais…il a un talon d’Achille… L’homme est trop bavard, trop sur de lui, et finalement, il déplaît, déclenche un rejet. De l’empathie à l’inimitié il n’y a qu’un pas avec ce genre de personnage et l’aversion qu’il provoque bientôt jette un voile sombre sur le programme de son candidat. Il a perdu la partie, il est esseulé et finalement peu productif. A tenter de convaincre une personne pendant une demi-heure, des dizaines d’individus lui sont passés sous le nez sans qu’il ait distribué le moindre tract…

    Entre les deux personnages décrits, vous allez rencontrer une palette aussi diverse qu’improbable de soutiers des candidats et des partis politiques. Un point commun pourtant : il faut une certaine forme de courage pour afficher ses convictions et tenter de les faire partager. Porter des programmes et des candidats dont vous ne tirerez aucun bénéfice immédiat. Admettre la possibilité de la défaite. Il est plus facile de rester dans son coin et de critiquer tout le monde et tirer à vue. On n’est jamais perdant. Mais une chose est certaine, dans cette posture là, on ne sort jamais gagnant…