Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Présidentielle 2012 - Page 2

  • Du rêve en période électorale

    Imprimer

    tract-sfio-1936-1.jpgLa présidentielle a le charme des événements qui suspendent le temps et abolissent la réalité. Les candidats, avec plus ou moins de talents, avec plus ou moins d’honnêteté, présentent le projet qu’ils défendent et qu’ils entendent mettre en œuvre une fois élue, pendant que les supporters se prennent à rêver d’un avenir radieux qui ne peut qu’être différent du présent qu’ils vivent au quotidien.

    Une campagne présidentielle est hors du temps, le principe de réalité s’effaçant derrière la rhétorique, l’esprit de groupe et la constitution d’une mythologie propre à chacun.

    Le candidat, investit des pouvoirs d’un roi thaumaturge exalte la foi de ses sympathisants par une chanson de geste qui dure quelques mois, labourant les terres nationales à la rencontre de ce que les commentateurs appellent les forces vives de la nation, profitant d’une salle des fêtes, d’un centre des congrès, d’un zénith ou encore d’une place publique pour se faire tribun des grands comme des petits jours. Et là, emporté par la foule, le sympathisant se sent poussé des ailes, à cœur vaillant, rien d’impossible, la révolution est là mes frères, à quelques bulletins de vote glissés dans une urne. Dans une atmosphère de kermesse, le public scande le nom de son champion, cette fois, c’est la bonne, tout va changer pour le mieux.

    Lire la suite

  • Je voulais être Président…

    Imprimer

    émission télévision.jpgLa politique est devenue un bien de consommation comme un autre. Si elle ne l’était pas déjà. Le paroxysme sera atteint en avril, non pas au détour de la présidentielle, mais avec la diffusion sur France 4 d’un télé-crochet pour recruter les stars politiques de demain. Un jury, composé d’éminents chroniqueurs et analystes politiques, a accepté de se compromettre, sous couvert de la vague remise de propositions, dans ce nouvel avatar de la télé-réalité, pour une émission unique derrière laquelle se cache l’ineffable Marc-Olivier Fogiel, qui avec son meilleur ennemi Thierry Ardisson ont introduit en France l’entertainment dans la communication politique.

     De jeunes pousses viendront concourir, non pas pour persuader l’électorat mais le jury qu’elles sont les meilleures d’entre eux, ayant bien compris qu’aujourd’hui, plus qu’hier, les faiseurs de roi se recrutent du côté des médias. La politique ne serait plus tant une affaire de convictions personnelles et collectives pour se mettre au service des autres qu’une carrière à réaliser à la manière d’un chanteur, d’un danseur ou autre star du show-biz. Vous me direz, qu’est-ce que ça change en pratique quand la majorité du personnel politique en place nationalement est déjà dans ce cas, certains n’ayant jamais fait autre chose dans leur vie que cumuler des mandats comme d’autres collectionnent les trophées ? Pas grand-chose et pourtant presque tout en même temps. Les jeunes loups aux dents qui rayent le parquet ne prennent même plus la peine de cacher un tant soit peu leurs ambitions, qui avait au moins la vertu d’obliger à une humilité protectrice. Une niche est à pourvoir, réussir, être le premier de son parti, et bientôt remplir un Zénith et un égo surdimensionné.

    Devant ce jury, l’exercice de style sera de mise, le fond n’étant là qu’au service de la forme et d’une stratégie de conquête du pouvoir. Une forme de vérité est mise à nu, et elle fait mal à tous ceux qui pensent encore que l’engagement politique est noble, qu’il n’a pas comme finalité un métier mais qu’il est au contraire une manière de participer à la construction d’une certaine vision, d’un modèle de société pour tous. C’est l’implication du citoyen dans les affaires de la cité. Ce que la plupart de ceux qui s’engagent, d’une manière ou d’une autre recherchent. Mais la victoire est totale pour la petite minorité arriviste qui monétise la fonction politique à son seul profit. La relation incestueuse entre les médias et cette caste est révélée au grand jour : analystes, publicitaires politiques font les politiques qui le leur rendent bien en faisant des premiers nommés ce qu’ils sont. Un échange de bons procédés qui ne se soucie guère de l’électeur, qui n’est en définitive qu’un consommateur qu’il faut convaincre de choisir sa crémerie.

    La seule solution pour contrer ce phénomène vieux comme le monde, la captation des fonctions électives par une poignée, c’est bien de forcer le destin en limitant le cumul des mandats, en nombre et dans le temps. Un mandat unique, une fonction limitée dans le temps, voilà qui devrait limer quelques canines, tempérer quelques ardeurs et amener un peu de sang frais à la classe politique sans avoir à organiser de télé-crochet… Si la politique redevient un sacrifice, ceux qui y voient une opportunité de célébrité et de carrière n’auront plus qu’à se tourner derrière les fourneaux d’un Masterchef ou les micros d’une Nouvelle Star… Tout un programme…

  • Petite leçon d'Europe à l'heure de la présidentielle

    Imprimer

    Dans ce film de Henri Verneuil, d'après un livre de Simenon et sur des dialogues de Michel Audiard, Jean Gabin joue le rôle d'un président du conseil qui revient sur sa carrière. Ce morceau d'anthologie porte sur un débat sur l'Europe. De qui est elle le nom. C'était en 1961, ça n'a pas beaucoup changé depuis...


    "Le Président " - Gabin, Simenon, Audiard... par Empedocle_dAgrigente

  • Conjecture toulousaine...

    Imprimer

    Liste-des-candidats-a-la-presidentielle-2012.jpgLa conjecture. La conjecture est une hypothèse qui n’a pas reçu encore de confirmation. Elle est réapparue avec force depuis quelques jours. Rapport à ce qui se passe à Toulouse. A la lecture rétrospective des journaux (faites le test, garder-les, replongez-vous y, surtout les éditoriaux, qui sont peuplés de conjectures qui s’invalident une fois sur deux après coup) ou le visionnage des reportages télé, nous sommes allés et nous allons de conjecture en conjecture. Il faut occuper le terrain, l’espace, le temps, le papier, l’antenne et pour ce faire, il faut de la conjecture. Tout le monde peut apporter de la conjecture. Le journaliste, le témoin, l’ami d’enfance, le procureur, la police, le ministre de l’intérieur, le quidam pris au hasard dans la rue. 

    La réalité est devenue pareille à une série TV policière dans laquelle tous les points de vue sont évoqués. Le spectateur est omniscient dans une série télé. Le citoyen, le lecteur, le téléspectateur l’est devenu dans la vraie vie. La remontée de la piste du tueur, expliquée avec schémas à l’appui, les hypothèses, avec l’apparence de la certitude, exprimées par les enquêteurs et la hiérarchie de la justice, sous couvert d’anonymat ou pas, font ressembler notre société à un épisode des Experts ou de 24 Heures Chrono.

    Le siège du tueur présumé entretient un suspense où la conjecture a toute sa place. Si les forces de police n’interviennent pas c’est que 1) il y a une bombe, donc c’est dangereux 2) pour faire tenir le plus longtemps possible l’unité nationale en ces temps de présidentielle 3) pour éviter la bavure qui posera plus de questions qu’elle n’en résoudra 4) il n’y a pas de tueur présumé (la théorie du complot 5) …le nombre de conjecture peut être multiplié à l’infini.

    L’émotion est galvanisée, les discours grandiloquents se succèdent, les rassemblements s’organisent, les théories les plus hétérodoxes foisonnent, en pleine présidentielle, chacun y va de sa larme, de son incompréhension, de son explication. Les victimes et leurs familles ne sont finalement plus que les pièces d’un puzzle plus complexe. Les peurs, sur un terreau fertile, remontent à la surface et les uns et les autres surfent allègrement dessus pour en tirer parti.

    Le tueur était-il le maillon d’une chaîne terroriste, était-ce un illuminé qui s’est construit son scénario meurtrier tout seul dans son coin, les conjectures vont bon train, elles permettent de servir le discours de l’un ou l’autre des candidats selon le message qu’il souhaite faire passer en permettant de prolonger les plateaux télé squattés par les experts qui se succèdent sans interruption.

    Au final, à qui profite les crimes ? Après tout, j’ai bien le droit d’y aller de mes conjectures, je suis diplômé es Bar-Tabac-PMU, qui constitue l’élite de l’expertise du café du commerce.

    Le Président sortant, sans conteste, qui ramait dans les sondages, ses sujets de prédilection, la sécurité et la peur ne fonctionnant pas, la population s’inquiétant plutôt des perspectives économiques et sociales. Avec cette affaire, le voilà servi, campagne suspendu, il redevient Président, les autres candidats l’écoutant lors des obsèques des militaires, l’image a du provoquer un début d’érection dans l’état-major de Nicolas Sarkozy, qui lui-même n’a pu s’empêcher depuis de faire du Sarkozy en proposant une nouvelle loi dans le code pénal relative à l’endoctrinement sur le mode, un crime, une loi. L’UMP va tout miser sur cette séquence particulière de la présidentielle et surfer sur l’émotion suscitée, y compris dans les aspects les plus sordides. Mon petit doigt me dit que chaque jour, une nouvelle révélation sera lâchée dans la presse, occupant ainsi les esprits à autre chose qu’au fond de la présidentielle.

    Marine le Pen de son côté n’attendait que ça pour relancer sa campagne, un bon gros fait divers qui encourage le rouge qui tâche qui sommeille en chaque être humain. Elle n’a qu’à ramasser.

    Pour les autres candidats, il va falloir remonter le courant. Et ramer pour replacer les thèmes des débats de la présidentielle qui prévalaient jusqu’alors. Psychologiquement, c’est dur, médiatiquement c’est compliqué, mais après tout, ce ne sont là que des conjectures…

  • Présidentielle 2012 - Pacte des droits et de la citoyenneté - 28 mars 2012

    Imprimer


    Capture le télégramme 22 mars 2012.PNG