Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

humour - Page 22

  • Quand l’Etat trouve une bonne poire pour le poulet…

    Imprimer

    En ces temps de finances publiques locales en berne, il est pourtant un secteur qui ne connaît pas la crise : la sécurité !

    Pas un jour sans qu’une commune ne fasse le choix de créer ou d’agrandir sa police municipale, pas un jour ne passe sans qu’une nouvelle caméra de vidéosurveillance n’apparaisse au coin d’une rue !

     

    A cela plusieurs phénomènes (pression des citoyens, politique incitative, visibilité d’une police municipale synonyme de dividendes électorales), mais avant tout une question : l’Etat ne se décharge t’il pas d’une de ces missions sur des collectivités bien consentantes, qui d’habitude brandissent haut et fort la bannière de l’autonomie bafouée et du transfert de charges non financées ?

    La sécurité est le bien de tous, et en matière policière, les garanties doivent être nombreuses, certaines et réelles. Garantie que quelque soit l’endroit où vous vous trouviez sur le territoire, votre sécurité soit assurée. Ce n’est déjà pas le cas avec une police nationale, c’est d’autant moins certain avec une police municipale : seules les communes riches se paient ce luxe et si d’autres moins vernies le font, c’est au détriment d’autres activités fondamentales. Sachant que l’insécurité ne se situe pas le plus souvent dans les communes assez riches pour se constituer une milice, où la délinquance consiste dans une multiplication des déjections des teckels à poils courts. Sans compter que pour ce qui est de la vidéosurveillance, les résultats ne sont pas au rendez vous. Sans être négatifs, ils ne montrent pas d’amélioration substantielle, si ce n’est un déplacement de la délinquance de quelques mètres.

     

    Au-delà des questions de financement qui ne sont pas négligeables et posent le problème de l’égalité dans l’accès à un droit, le statut et le contrôle d’une police n’est pas chose anodine.

    Je ne sais pas pour vous, mais personnellement, avant de donner une arme à quelqu’un, j’espère que son mode de recrutement a permis de vérifier qu’il n’est pas un cow-boy ou un psychopathe. Certes tout ne peut être prévu mais il y a un minimum à respecter. Ensuite, le policier est là pour protéger en appliquant et faisant respecter la loi. C’est un art délicat et complexe assez éloigné de la pratique d’un Dirty Harry. En un mot, le policier se doit de porter des valeurs. Et celles-ci doivent être les mêmes sur tout le territoire, apprises, appliquées, contrôlées et ne sauraient être différentes en fonction de l’employeur.

     

    C’est malheureusement un phénomène global, qui conduit peu à peu à atomiser la fonction policière, sans parler d’un phénomène plus inquiétant encore, la privatisation de la sécurité. Sur ce point, la rupture d’égalité est manifeste, la protection n’est assurée qu’à ceux qui en ont les moyens et le contrôle des agents de sécurité privée est difficile.

     

    Sans y paraître, ce phénomène s’infiltre dans la société, au grand plaisir d’un Etat qui ne voit que le bout de son nez comptable, ce que font les autres, je n’ai plus à le faire… A terme, ce raisonnement est une catastrophe, mais après tout, si le politique agissait à long terme, il y a longtemps qu’il aurait résolu de nombreux problèmes…

    Dès lors, le développement de la police municipale apparaît comme la mauvaise réponse à une préoccupation réelle et légitime de la population : que fait la police ?

  • Damidotisation automobile

    Imprimer

    Le chroniqueur voudrait aborder aujourd’hui un problème d’une gravité insoupçonnée qui, sans en avoir l’air, sape les fondations de la société : la présence des chapelets de peluches, cœurs et autres niaiseries que l’on peut apercevoir sur la plage arrière d’une voiture, voir dans les cas les plus extrêmes sur le tableau de bord, tapissant allégrement le pare-brise.

    Rituel et pratique étrange qui pourtant doit avoir un sens caché. On ne peut pas impunément mettre un cœur sur lequel il est écrit I Love You, installer une farandole de petits chatons ou encore transformer sa voiture en appendice du Parc des Princes (ou du Vélodrome, de Bollaert…)  sans vouloir faire passer un message. Mais la seule explication logique à laquelle le chroniqueur est parvenu tient en une phrase : j’ai des gouts de chiottes et je l’assume.

    Oui, il faut le dire, la customisation est à la voiture ce que Valérie Damidot est à la décoration intérieure : un malentendu.

    La science est formelle, si le quidam emplit ainsi sa voiture d’un tel mauvais gout, il est assuré que l’intérieur de son logis sera tout aussi suspect. Défilé de néons multicolores, poster de twillight encadré et trônant au dessus de la cheminée, photo agrandi d’un gala de la star ac au cours duquel notre hôte a pu se faire tirer le portrait avec bidule qui a eu son quart d’heure de gloire il y a cinq ans déjà … Un petit musée des horreurs que même SOS Maison ne pourra sauver.

    Mais j’entends déjà les protestations des lecteurs qui ont ce petit fanion pendu au rétroviseur rappelant des origines portugaises (ou toutes autres origines ou club de foot, jusqu’à la mode un peu passé des petites chaussures de nourrissons) et qui se sentent visés par le présent post : pourquoi tant de haine à notre égard ?

    A vrai dire aucune, mais l’art de la chronique étant de trouver un sujet, il faut bien se mettre quelque chose sous la dent. Et en définitive, on peut même remercier le décorateur d’intérieur automobile : il annonce clairement la couleur. Je suis cucul la praline, si tu n’aimes pas, casse toi… dont acte. Ok j’me casse.

     

    http://www.lepost.fr/article/2010/11/24/2316999_damidomisation-automobile.html

  • Téciland Resort Paris

    Imprimer

     

    « Affaire suivante : Création et exploitation d’un parc de loisirs à vocation culturelle et sociale sur le territoire communal, provisoirement dénommé Téciland Resort Paris ». Le maire de Tremvilliers fit une pause, pour entendre le silence grave qui venait d’emplir la salle du conseil municipal, seulement recouvert par le crépitement des flashs. La presse était omniprésente, pour ce qui constituait une première : la création d’un parc de loisirs entièrement dédié au quotidien d’une banlieue sensible.

    Grave, solennel, le maire ralluma le micro et prit à nouveau la parole, pour exposer le fond de l’affaire. Dévoilant la genèse du projet, il rappela, non sans humour, les difficultés financières insurmontables de la ville, liées à des recettes en berne et à des besoins abyssaux, pour une population qualifiée pudiquement de défavorisée par les autorités, les deux pieds dans la mouise traduisait le premier édile. Acculé, à deux doigts de prôner une nouvelle hausse d’impôts suicidaire, il avait vu la solution apparaitre au détour d’une conversation avec le gardien de l’hôtel de ville, un matin, alors qu’ils prenaient tous les deux un café, comme ils en avaient l’habitude depuis deux mandats et des poussières. L’humble fonctionnaire, José pour les intimes et monsieur Hernandez pour l’état civil, devant le désarroi de son ami, et néanmoins employeur, pris le parti de détendre l’atmosphère de l’expresso matinal en déclarant « tu te rends comptes Jacky ! Si seulement on faisait payer pour la voir notre misère, tu pourrais même les baisser les impôts ! » Le maire, après un vague sourire en coin, en avait fait renversé son gobelet une fois l’information parvenue au cerveau. Remerciant sans se retourner son vieux complice, il s’était précipité dans son bureau et avait appelé tous ses collaborateurs pour leur annoncer qu’ils allaient travailler sur une nouvelle planche de salut : transformer ce qui plombe la ville en or !

    Depuis six mois, du maire aux animateurs de quartiers, du directeur général aux conseillers d’insertion, en passant par les juristes et les cantonniers, l’ensemble des forces de la commune travaillait pour mener à bien ce projet et faire de la ville une attraction sonnante et trébuchante. Un comité de pilotage, incluant habitants, élus et fonctionnaires, avait supervisé les travaux de définition du futur parc de loisirs à vocation culturelle et sociale. Le périmètre, les activités proposées, les tarifs, le mode de gestion, rien n’avait échappé à l’œil averti de cette instance. C’est la synthèse de ces travaux qui était présentée ce soir, publiquement, le tout dans une ambiance électrique, depuis que la presse locale, puis très vite nationale, s’était emparée du sujet. « Peut-on faire commerce de la misère des gens ? » avait on pu lire en première page des quotidiens. Ministres, philosophes, quidam, tout le monde avait un avis tranché sur la question, pas un seul qui ne voulait laisser sa part dans le débat. Le maire se savait attendu au tournant. Plus que présenter le projet, il allait devoir le justifier, le rendre incontournable et légitime. Sur ce dernier point, la partie était loin d’être gagnée, comme les premiers courriers reçus, anonymes ou non, tendaient à le démontrer.

    Ayant avalé une gorgée d’eau fraîche, s’étant raclé la gorge pour tenter d’arracher le trac qui l’avait envahi durant les premières minutes de son intervention, le maire entra au cœur de la polémique :

    « La Ville de Tremvilliers, notre ville, a toujours su affronter les défis de l’histoire. Elle a montré sa capacité à innover, à travers les siècles. C’est sur cette terre que l’industrie a vu le jour, dans ses rues que le mouvement ouvrier a pris son essor, dans les arrières boutiques que la résistance s’est organisée. Ville ouverte, ville d’échanges, le cœur du monde y a toujours battu la mesure, plus fort qu’ailleurs.

    Mais notre ville a aussi connu la souffrance, l’obscurité et le repli sur soi. Les rafles de 42, le conflit algérien, la désindustrialisation, le chômage de masse, le départ des classes moyennes, les émeutes, une lente descente aux enfers qui me laisse à penser que Zola, s’il revenait, prendrait sans doute notre cité comme source d’inspiration pour en faire un roman. Mais je m’égare.

    Qu’avons-nous fait pour redresser la barre ? Presque tout, malheureusement. Et je pèse mes mots » précisa le maire. L’assistance écoutait religieusement l’orateur. Celui-ci, suant à grosse goutte, vacillant presque sur sa chaise immobile, jeta un coup d’œil furtif en direction de ses plus proches amis qui acquiescèrent d’un mouvement de tête, Jacky, tu es parfait, tu les tiens, continue comme çà.

    « Je disais que tout ou presque a été tenté. Promouvoir la paix sociale, quand ce n’était pas l’acheter, travailler sur la reconversion industrielle, par la tertiarisation, pour des cols blancs en mal de sensations et de bureaux spacieux, mais aussi, rappelons nous, accompagner la rénovation par la destruction-reconstruction, demander la charité à l’Etat, ou  bien encore faire les poches trouées de nos concitoyens en augmentant sans cesse les impôts. Sans oublier de demander solennellement à d’autres de partager notre fardeau, avec le résultat que l’on connaît : nous n’avons réussi qu’à ralentir la course folle vers le mur sans l’arrêter.

    Cependant, nous ne baisserons pas les bras. Même s’il est juste de dire, pour reprendre Churchill, que nous n’avons rien d'autre à offrir que du sang, de la peine, des larmes et de la sueur. Pourtant ce qui fait cette ville, pour le meilleur et parfois pour le pire, va devenir sa richesse. Certains ont du pétrole, nous, nous avons des idées et les murs gris de la cité pour trésor. Nous serons nos propres emplois, notre propre entreprise…

     Le public aime les reportages sur les banlieues sensibles, nous allons lui offrir une expérience unique, la vivre de l’intérieur. Souvent montrés comme des animaux du cirque, nous allons désormais en tirer profit. Il faudra payer pour s’approcher de la cage aux lions » martela le premier des Tremvilliens. La foule, venue en nombre, se piquait de la rhétorique du Maire, qui s’enivrait tout autant en s’écoutant. Il sentait qu’il devait se recentrer et parcourut rapidement ses notes étalées devant lui avant de reprendre la parole.

    « Sur le plan opérationnel, le projet de Téciland Resort Paris est relativement simple : chaque quartier de la ville sera le théâtre d’un thème. Le comité de pilotage, après de passionnants échanges, et un choix difficile je dois le reconnaitre, a décidé de proposer la liste suivante : pour le quartier des Bruyères, une problématique particulièrement utile à faire partager, « comment (sur)vivre avec les minimas sociaux »; le quartier de la Madeleine sera lui le siège de l’activité « monter son réseau de trafics divers et variés sans se faire attraper » ; les Trois Vallées auront l’honneur d’animer un spectacle vivant, façon Puy du Fou, qui porte le nom de code provisoire de « Nuit d’émeutes », mais pour lequel nous ne désespérons pas de trouver une appellation plus poétique d’ici son inauguration ; le quartier Clémenceau-Valmy offrira pour sa part une plongée dans le quotidien d’un collège réputé difficile. Cette activité se tiendra, vous l’aurez compris, exclusivement durant les weekends et autres vacances, avec appel à figurants bien entendu. Enfin, il restera à fixer définitivement un thème pour le quartier de la gare et de la mairie, même si pour l’instant la « visite d’un bidonville » tient la corde par rapport aux autres dossiers étudiés. »

    Les propositions avaient, au choix, amusé ou inquiété l’assistance. Le maire laissa quelques secondes à tout un chacun pour s’en imprégner, avant de poursuivre son exposé, lisant cette fois ostensiblement ses notes, signe que la suite serait vraisemblablement plus technique :

    « Comment seront organisées ces activités et comment seront nous assurés d’en récolter les fruits ?  Une société d’économie mixte est en cours de création –le tour de table des actionnaires privés est quasiment bouclé -.  Elle se verra confier la gestion des activités et des périmètres dévolus à celles-ci. Une véritable structure pour appuyer le développement du projet. Nous avons cherché à tirer profit des expériences similaires, comme le Futuroscope ou le Puy du fou, même si notre projet est plus modeste tout en étant nettement plus singulier. Cette gestion privée se fera par un contrôle public, et c’est le plus important, par une participation massive souhaitée et souhaitable des habitants, qui seront prioritaires sur les offres d’emplois salariés et à ce, à tous les niveaux ! Nous montrerons qu’en banlieue, le succès dans les études, c’est aussi banal que l’échec. Et que les salariés du cru sont aussi compétents que les personnes que nous pourrions recruter à l’extérieur. D’une pierre, nous multiplierons les coups.

    Sur le plan pratique, et sans préjuger dans le détail de ce que proposera la société gestionnaire, les visiteurs de Téciland s’acquitteront d’un droit d’entrée, qui leur permettra de prendre part aux spectacles offerts dans les différents quartiers. Sur place, ils trouveront de quoi se restaurer, passer une nuit et assouvir leurs pulsions de consommateurs, dans les commerces du périmètre. Une navette de transport, spécialement affrétée, reliera les quartiers et donc les animations, réplique exacte d’un bus de la RATP, qui pourra être pris à parti et caillassé, par des comédiens bien évidemment, pour donner une touche folklorique à ces transferts.

    Egalement inclus dans le forfait des attractions, les spectateurs auront droit, et je dois préciser l’obligation, de prendre connaissance de la réalité autrement plus riche et complexe que la caricature de cité que nous leur aurons servis. Pour ce faire, et une fois entrés dans l’enceinte de chacune des attractions, ils ne pourront en sortir qu’en passant auprès d’expositions et de scénographies qui retraceront l’histoire de ces banlieues en général et de notre ville en particulier. L’approche culturelle et sociale, omniprésente dans le projet, n’est elle pas en effet de faire changer le regard de l’autre ? Car je le dis, et je le répète pour la presse ici présente et pour tous nos détracteurs au dehors, notre motivation principale n’est pas financière. Ce que nous voulons c’est être enfin entendu, en reprenant notre destin en main!  Et pour cela, Téciland sera notre fer de lance !!! »

    La salle se leva comme un seul homme, pour faire un triomphe au héros de la soirée et accueillir avec les honneurs Téciland Resort Paris, n’ayant même plus assez de mains pour applaudir à la mesure de l’enthousiasme soulevé. Le maire, pourtant, se sentait vaciller, une douleur à l’épaule…

    « - …ieur le Maire…Monsieur le Maire… vous vous êtes assoupis lui murmurait sa secrétaire en lui tapotant légèrement l’épaule, Votre prochain rendez-vous est arrivé… »

    Reprenant ses esprits le maire répondit, un sentiment honteux de s’être fait pincé inscrit sur le visage « - faites…faites entrer »

    Une jeune femme, la trentaine, brune, les cheveux courts, en tailleur sombre s’approcha du bureau du maire et lui tendit sa main :

    « Bonjour, Claire Durant, la journaliste du parisien chargé de vous interviewer à propos de la mise sous tutelle de votre ville… »