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logement

  • La liste des envies de mes reniements...

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    La tête de l’Etat souffre d’une maladie moins rare qu’on ne le pense, la renoncite aigue à virage à droite libérale toute. Elle se développe sur des terrains aux principes idéologiques instables, voire inexistants. Ce trouble qui peut être aggravé quand la renoncite est accompagnée d’une contrarite maligne. Cette dernière maladie fait faire le contraire de ce pourquoi l’on a été élu : ainsi d’abattre le mur de la finance comme programme, on en devient l’ami des banquiers, quand on en nomme pas un au ministère de l’économie.

    Ces deux maladies malheureusement incurables de nos jours pour leurs porteurs, provoquent des troubles de la vision : plutôt que de voir le monde tel qu’il est, il est pensé avec la focale des lobbys.

    Un exemple ? Le logement. La loi Alur. Le logement et la construction qui s’essoufflent depuis 2008. En dépit des cadeaux fiscaux. Ou peut-être à cause des cadeaux fiscaux. L’argent distribué pourrait être utilisé différemment, pour une politique de construction active, avec l’Etat ou les régions comme donneurs d’ordre. Patatras, le lobby de l’immobilier, gavé à l’aide d’Etat indirecte et à la spéculation, a trouvé le coupable de tous les maux du secteur depuis 2008 : la loi ALUR, publiée en mars 2014, dont tous les décrets d’application n’étaient pas encore sortis ces derniers jours… Apparemment, Valls et Hollande partagent l’analyse farfelue et totalement capillotractée des publicitaires de l’immobilier : le gouvernement va ajouter une nouvelle couche de cadeaux fiscaux à celles déjà bien épaisses des détenteurs de patrimoine. Ni Keynes, ni Piketty ne sont les livres de chevet du couple de l’exécutif, pas plus que les rapports sur le déséquilibre du logement que produisent nombre d’associations compétentes en la matière.  La belle pierre plutôt que l’abbé Pierre en somme…

    Le chef de l’Etat se rêve en Tony Blair. La différence, c’est que ce dernier avait annoncé la couleur avant de solliciter le suffrage universel. Que les britanniques fassent le choix d’un néo-libéralisme en toute conscience c’est une chose, qu’Hollande piétine ses promesses et son camp, c’est autre chose d’autrement plus grave. Le peu de confiance qu’il restait en politique au moment de son élection s’évanouit. Les électeurs ne s’attendaient pas à des miracles, ils sont matures. Mais de là à appliquer, à peu de choses près, le programme de Nicolas Sarkozy, il y a une sorte d’irréalité à la situation.

     Le pire, c’est la culpabilisation qu’entretient l’exécutif à l’égard de ses électeurs : vous avez votés pour nous, mais vous ne comprenez rien. La démocratie est malade, attaquée par l’intérieur par ceux qui étaient censés la protéger… La culpabilisation, c’est le chantage : ne me donnez pas la confiance sur ce programme qui est l’antithèse du discours du Bourget, la droite reviendra au pouvoir… En analysant les dérives du pouvoir en place, l’électeur en vient à se demander ce que cela changerait.

    Hollande et Valls proposent la saignée. Chiche, les frondeurs, les partis et les électeurs de gauche doivent proposer la purge. La purge de ce personnel politique tout acquis aux thèses néo-libérales, ayant trahi la confiance du suffrage universel. Comme disait Jean-Paul le deuxième, n’ayez pas peur. Et rappelons un vieux principe de l’histoire politique : le rapport de force….

  • conte des temps modernes : Place Henri Barbusse

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    non à l'indifférence, conte, SDF, espoir, logementChaque jour ouvré, après avoir garé sa voiture rue de la République, Pierre emprunte la place Henri Barbusse pour se rendre à son bureau. Chaque jour, un individu, à l’apparence débraillé, à la barbe sale et se faisant prénommé Eric l’apostrophe pour lui demander une pièce, un sandwich, un ticket restaurant, non sans l’avoir préalablement salué et souhaité une bonne journée. Chaque jour, Pierre détourne la tête et accélère le pas, murmurant qu’il a autre chose à faire, que lui se lève le matin pour travailler et se rendre utile à la société…

    Un jour, une ambulance enlève le prénommé Eric, pour le mener quasi directement au carré des indigents du cimetière de la ville. Pierre s’en aperçoit si peu qu’il continue, par un réflexe pavlovien, à détourner la tête, à accélérer le pas et à marmonner entre ses dents à l’endroit exact où le défunt SDF avait l’habitude de se tenir.

    Un autre jour, Pierre, par ce que certains appellent un malheureux concours de circonstances, apprend dans la même journée, son licenciement et son divorce. Il vivote quelque temps dans un studio que son allocation chômage lui permet de prendre en charge, mais sonné par la situation, il n’arrive pas à remonter la pente : il n’a pas la force de chercher un nouveau travail, ne fait pratiquement rien de ses journées, passant seulement place Henri Barbusse pour jeter un coup d’œil à la fenêtre de son ancien bureau, occupé à présent par un quidam qu’il n’arrive pas à distinguer au travers des vitres opaques.

    Après quelques mois et la fin de ses droits, Pierre commence à ne plus payer son loyer, pas plus qu’il ne peut verser la pension que la justice a mis à sa charge pour l’éducation de ses enfants. Ce qui devait arriver arrive, Pierre fait connaissance avec cette corporation souvent méprisée des huissiers de justice dont l’un des représentants l’expulse sans ménagement de son logement.

    Pierre découvre la rue. Elle devient pour ainsi dire son unique horizon, et chemin faisant, Pierre va de découverte en découverte. Ainsi, avec un RSA, on ne va pas bien loin constate t’il presque instantanément. Pour se loger, se nourrir décemment, et pour peu que l’alcool entre dans un quotidien bien sombre pour oublier quelque peu son sort dans des brumes éthyliques, on ne joint que très occasionnellement les deux bouts.

    Pris de court, Pierre s’installe sur la place Henri Barbusse. A peu de choses près au même endroit que le prénommé Eric, dont personne ne se souvient au demeurant. Pierre lui ressemble étrangement désormais… Eric, Pierre, en guenille, le prénom s’efface, seul le surnom compte : il est devenu le clodo de la place Henri Barbusse…

               

    Chaque jour ouvré, après avoir garé sa voiture dans la rue de la République, Christine emprunte la place Henri Barbusse pour se rendre à son bureau. Chaque jour, un individu à l’apparence débraillé, à la barbe sale et se faisant prénommé Pierre l’apostrophe pour lui demander une pièce, un sandwich, un ticket restaurant, non sans l’avoir préalablement salué et souhaité une bonne journée. Christine répond toujours par un sourire, parfois par une pièce, plus rarement par un ticket restaurant.

    Un jour, elle s’arrête net. Pierre est mal en point. Elle appelle une ambulance, qui conduit l’homme se refaire une santé à l’hôpital. Elle entreprend quelques démarches, elle contacte quelques personnes, elle passe voir comment se rétablit celui qu’elle refuse de prénommer le clodo de la place Henri Barbusse.

                Chaque jour ouvré, après avoir garé sa voiture dans la rue de la République, Christine emprunte la place Henri Barbusse pour se rendre à son bureau. Parfois, elle croise Pierre, qui se rend lui-même à son travail : il est magasinier, et un peu aide-comptable à l’occasion, dans une supérette du centre-ville. Le samedi, quand il ne voit pas ses enfants, il va au cimetière municipal déposer une fleur au carré des indigents. Et quand un individu qui se fait prénommer Victor, Salim ou bien Michel s’installe place Henri Barbusse pour demander une pièce, un sandwich ou encore un ticket restaurant, Pierre entreprend quelques démarches, contacte quelques personnes…