Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

conte

  • Maux comptent triple. Conte désabusé des temps modernes. première partie

    Imprimer

    roicharles (1).jpgIl était une fois, dans un pays pas tout à fait imaginaire, un monarque républicain qui avait été élu pour cinq ans sur un malentendu. Ou plutôt deux. Le premier des malentendus l’était à son insu, par un rejet du précédent monarque républicain, dont le gout pour les montres et les mannequins en reconversion avait fini par lasser. Le deuxième malentendu, c’était un discours. Prononcé quelques années à peine après l’une des plus grandes crises qu’avaient connues les royaumes d’un monde pas si éloigné du nôtre, crise notamment provoquée par des prêteurs un peu trop joueurs et pour tout dire carrément tricheurs. Le candidat du parti fleuri, dont il ne restait que quelques épines flétries, avait parlé d’abattre le mur de la finance, ce que nombreux prirent pour la promesse d’une mise au pas des forces obscures de l’argent. Il irait même dire à la reine d’outre-Rhin ses quatre vérités.

    Les yeux d’une partie des électeurs avaient pétillé mais signe qui ne trompe pas, les financiers n’avaient pas sourcillé, ils avaient même eu un sourire attendri en écoutant le remplaçant au pied levé de leur favori, disparu de la compétition, pris en flagrant délit dans une sordide histoire hôtelière du nouveau monde.

    Lire la suite

  • Petit conte de fêtes, belle tranche de fin d'année

    Imprimer

     

    conte, noel, frugalité, pantagruel, excès, cuite, foie grasLa frugalité en toutes choses a ses vertus. C’est indéniable. Mais comme toutes les vertus, elle appelle le vice et l’excès. Les fêtes de fin d’année en sont le meilleur exemple possible dans tous les domaines possibles et inimaginables. Cette dernière formule n’est là que pour appâter le lecteur, qui derrière les mots possibles et inimaginables, entrevoit le stupre et la luxure pour se jeter avec avidité dans la gaudriole. Oui la frugalité en matière de bagatelle appelle le vice mais noël oblige, nous ne traiterons pas de l’histoire de cet homme ayant fait vœux de chasteté et se retrouvant coincé, un soir de tempête, dans un bar empli de succubes aussi attirantes que libres d’esprit. Non lecteur tu mérites mieux. Tu mérites une approche culinaire, une approche consommatrice de la frugalité. En un mot, tu mérites ce que tu es, le meilleur (que tu trouveras sur  ).

     

    Donc nous disions que les fêtes de fin d’année sont assez symboliques de cette propension de l’Homme a relâché la pression d’une année vertueuse. Comme carnaval.

     

     

    Lire la suite

  • Il était une fois...

    Imprimer

    conte, fées, légendes, storytelling, disney, réalitéLa vie est pareille aux contes de fées et autres légendes. Ne riez pas. C’est la vérité vraie, juré craché, si l’auteur de ces lignes ment qu’il soit transformé en vulgaire citrouille à la seconde même. Et comme il poursuit son récit, cela prouve bien sa théorie, rarement citrouille n’ayant été prise en flagrant délit de tapotage de clavier.

    Revenons à nos blancs moutons et leur bergère, c’est quoi un conte de fées : ce n’est rien d’autre que faire passer des vessies pour des lanternes, des crapauds pour des princes charmants et de petites écervelées blondes à forte poitrine pour le must de la gente féminine avec méga-happy end hollywoodien.

    Bettelheim, dans un ouvrage des années 70, avait montré ce que les contes de fées représente pour la société : une déclinaison des épreuves de la vie par des allégories vieilles comme le monde.

    Ce que La Fontaine avait bien senti  quelques siècles plus tôt en pompant comme un forcené les fables d’Esope. Décrire le monde qu’il connaissait, ses travers, sous le couvert d’innocentes histoires.

     Et derrière le storytelling contemporain, il n’y a pas autre chose que perpétuer les mythes et autres contes de fées, orienter le récit de l’histoire en marche.

     Si le loup ne mange pas les trois petits cochons, ils auront une chance de connaître des lendemains qui ne déchantent pas trop. Mais à condition de ne pas procrastiner et d’utiliser du mortier de qualité (dans la variante maçonnerie et lusitanienne de l’histoire).

    Mais il ne suffit pas de travailler pour réussir, encore faut il bien naître: les vraies bergères n’épousent jamais les princes. C’est une constante, le héros est toujours bien né et c’est par accident qu’il se retrouve avec la plèbe : le vilain petit canard n’est pas que moral, le pas beau qui est en fait un cygne, il s’avère aussi qu’il n’est pas de la basse cour…

    Les contes de fées, c’est donner de l’espoir pour mieux maintenir le statut quo. L’histoire s’arrête toujours sur l’instant de bonheur, de réalisation mais oublie toujours de narrer la vie qui vient après…Affronter un dragon ou une sorcière, passe encore, mais le quotidien, lui ne ratera pas le héros ou l’héroïne…

    Car le crapaud qui se fait passer pour un prince, qui sauve le monde et que l’héroïne épouse n’est qu’une illusion qui ne dure qu’un temps. N’oublions jamais qu’à la fin de chaque histoire nous apprenons qu’ils vécurent heureux et (puis) eurent beaucoup d’enfants, ce qui prouve bien qu’un malheur n’arrive jamais seul et que l’amour n’a qu’un temps. Cendrillon, pour ses 20 ans... on connaît la suite…

    Rien n’a changé de nos jours : vous entendez à longueur de journées de beaux récits. Faites ce que je dis et vous irez au paradis. L’enfer est toujours pavé de bonnes intentions. Mais toujours le récit s’arrête au bon moment. Avant que la vie ne reprenne le dessus, avant que la grenouille qui voulait se faire plus grosse que le bœuf ne dégonfle…

    La vie est un conte de fées : il vécut heureux et…

  • conte des temps modernes : Place Henri Barbusse

    Imprimer

    non à l'indifférence, conte, SDF, espoir, logementChaque jour ouvré, après avoir garé sa voiture rue de la République, Pierre emprunte la place Henri Barbusse pour se rendre à son bureau. Chaque jour, un individu, à l’apparence débraillé, à la barbe sale et se faisant prénommé Eric l’apostrophe pour lui demander une pièce, un sandwich, un ticket restaurant, non sans l’avoir préalablement salué et souhaité une bonne journée. Chaque jour, Pierre détourne la tête et accélère le pas, murmurant qu’il a autre chose à faire, que lui se lève le matin pour travailler et se rendre utile à la société…

    Un jour, une ambulance enlève le prénommé Eric, pour le mener quasi directement au carré des indigents du cimetière de la ville. Pierre s’en aperçoit si peu qu’il continue, par un réflexe pavlovien, à détourner la tête, à accélérer le pas et à marmonner entre ses dents à l’endroit exact où le défunt SDF avait l’habitude de se tenir.

    Un autre jour, Pierre, par ce que certains appellent un malheureux concours de circonstances, apprend dans la même journée, son licenciement et son divorce. Il vivote quelque temps dans un studio que son allocation chômage lui permet de prendre en charge, mais sonné par la situation, il n’arrive pas à remonter la pente : il n’a pas la force de chercher un nouveau travail, ne fait pratiquement rien de ses journées, passant seulement place Henri Barbusse pour jeter un coup d’œil à la fenêtre de son ancien bureau, occupé à présent par un quidam qu’il n’arrive pas à distinguer au travers des vitres opaques.

    Après quelques mois et la fin de ses droits, Pierre commence à ne plus payer son loyer, pas plus qu’il ne peut verser la pension que la justice a mis à sa charge pour l’éducation de ses enfants. Ce qui devait arriver arrive, Pierre fait connaissance avec cette corporation souvent méprisée des huissiers de justice dont l’un des représentants l’expulse sans ménagement de son logement.

    Pierre découvre la rue. Elle devient pour ainsi dire son unique horizon, et chemin faisant, Pierre va de découverte en découverte. Ainsi, avec un RSA, on ne va pas bien loin constate t’il presque instantanément. Pour se loger, se nourrir décemment, et pour peu que l’alcool entre dans un quotidien bien sombre pour oublier quelque peu son sort dans des brumes éthyliques, on ne joint que très occasionnellement les deux bouts.

    Pris de court, Pierre s’installe sur la place Henri Barbusse. A peu de choses près au même endroit que le prénommé Eric, dont personne ne se souvient au demeurant. Pierre lui ressemble étrangement désormais… Eric, Pierre, en guenille, le prénom s’efface, seul le surnom compte : il est devenu le clodo de la place Henri Barbusse…

               

    Chaque jour ouvré, après avoir garé sa voiture dans la rue de la République, Christine emprunte la place Henri Barbusse pour se rendre à son bureau. Chaque jour, un individu à l’apparence débraillé, à la barbe sale et se faisant prénommé Pierre l’apostrophe pour lui demander une pièce, un sandwich, un ticket restaurant, non sans l’avoir préalablement salué et souhaité une bonne journée. Christine répond toujours par un sourire, parfois par une pièce, plus rarement par un ticket restaurant.

    Un jour, elle s’arrête net. Pierre est mal en point. Elle appelle une ambulance, qui conduit l’homme se refaire une santé à l’hôpital. Elle entreprend quelques démarches, elle contacte quelques personnes, elle passe voir comment se rétablit celui qu’elle refuse de prénommer le clodo de la place Henri Barbusse.

                Chaque jour ouvré, après avoir garé sa voiture dans la rue de la République, Christine emprunte la place Henri Barbusse pour se rendre à son bureau. Parfois, elle croise Pierre, qui se rend lui-même à son travail : il est magasinier, et un peu aide-comptable à l’occasion, dans une supérette du centre-ville. Le samedi, quand il ne voit pas ses enfants, il va au cimetière municipal déposer une fleur au carré des indigents. Et quand un individu qui se fait prénommer Victor, Salim ou bien Michel s’installe place Henri Barbusse pour demander une pièce, un sandwich ou encore un ticket restaurant, Pierre entreprend quelques démarches, contacte quelques personnes…