Les chiffres sont magiques. Depuis toujours. Il y a quelque chose d’ésotérique derrière ces suites numériques. Comme si les chiffres permettaient d’expliquer le monde par un caractère incontestable. Le nombre d’or, pi… Ça vous objective le débat d’y aller de son petit chiffre. Un chiffre, c’est un chiffre ma bonne dame.
C’est pas faux. Mais un chiffre, c’est surtout ce que l’on en fait, comment on l’a fabriqué et là, c’est un allié précieux pour lui faire dire tout et son contraire. Les exemples foisonnent de ces prises d’otages répétées sur des chiffres sans fondement, seulement pour « objectiver » un raisonnement.
Pourtant, une petite analyse sérieuse, quelques questions à peine impertinentes permettraient de lever la supercherie. Mais il faut croire que seule la taille des prothèses mammaires de Nabila intéresse le journalisme d’investigation. Ce qui n’est pas totalement vrai, rendons à César ce qui lui appartient, certaines rubriques désintox existent. Mais le spectateur est plus subjugué par les « lolcats », ça c’est un pilier de la société moderne, pas cette triste réalité que les empêcheurs de réfléchir en rond imposent : le spectateur, il est comme devant un magicien, il sait bien qu’il y a un truc mais il préfère ne pas savoir. Pour continuer à rêver. Ou plus précisément pour ne pas réfléchir.
Ces derniers temps, la tendance s’amplifie. La commission européenne vient de nous en livrer un exemple. Elle négocie actuellement un traité de libre-échange avec les Etats-Unis. TAFTA que ça s’appelle. Devant la pression qui s’installe, la commission clame que rien n’est fait, les discussions ne permettent pas de donner le contour du résultat final. Mais dans le même temps, elle annonce que ce projet de traité non abouti devrait permettre d’enrichir chaque citoyen européen de 545 € par an. C’est précis comme chiffre pour des négociations bien floues et incertaines.
Autre légende urbaine : les chinois accaparent les terres africaines. C’est pas faux mais ce ne sont ni les seuls, ni les premiers. Les américains sont n°1, la chine arrive en 6ème position (futuribles de janvier). Comme quoi les chiffres recouvrent des réalités à géométrie variable.
Question de chiffre, certains y vont fort : quand Michèle Alliot-Marie dit qu’elle va perdre de l’argent, il y a comme un malaise. On parle de quoi ? De près de 11 000 €. Par mois. Comment peut-on vivre avec cela, on se le demande c’est vrai…
Les exemples pourraient être multipliés à l’infini. Chiffres à l’appui.
Et question chiffre, la reine c’est la SNCF. Avec elle, tout est possible. Pour quelques centimètres de trop, la vénérable compagnie de transport ferroviaire devient la risée de tout un pays, peut être u monde, ne soyons pas modestes, pour faire plaisir à Arnaud Montebourg. On est pas champion du monde tous les jours. Les quais vont être rabotés, pour faire passer les nouvelles rames, et le attention à la marche en descendant des trains classiques va devenir attention au canyon. Errare humanum est. A ce niveau, c’est inimaginable. Mais quelque part, ça rassure. A quelques centimètres près, la nature humaine reste fidèle à elle-même, imprévisible. Pour le pire mais heureusement pour le meilleur.
Avec ces quelques centimètres de trop et ces quelques millions en plus, avouons-le, la magie a opéré : ça faisait bien longtemps qu’on ne s’était pas autant poilé ! Un rire vaut bien un bon steak en or massif. Il y a des chiffres que l’on peut prendre au pied de la lettre…