La gérontocratie rampante est à l’œuvre dans le sud de la France, et le déséquilibre démographique autant que l’allongement de la durée de la cotisation aux caisses de retraites commencent à se faire sentir : les individus du troisième âge sont désormais majoritaires et font régner la loi sur la plage, et pas seulement hors saison.
Premier signe qui ne trompe pas : lèves-tôt, les personnes âgées monopolisent les meilleurs emplacements dès 9 heures du matin. Pour le retardataire, le salarié, l’occupé, le parent, il faudra se contenter d’une étendue réduite, le plus souvent à côté des poubelles ou au bord de l’eau, avec serviette trempée et passage de chariot à chouchou, beignet, nature, au chocolat, à la pomme, ce qui, aux heures de pointe de la vente, devient rapidement pénible.
Deuxième point qui n’a pas manqué d’étonner l’auteur de ces lignes, et l’a même effrayé quand il s’est projeté une trentaine d’année plus tard, would you like me when i’m 64, les titulaires de la carte vermeil parlent si fort qu’ils en arrivent à couvrir et le bruit de la mer (ce qui en méditerranée n’est pas difficile, je l’accorde) et la sono d’un groupe de jeunes aux mœurs musicales bizarres, ce qui, là aussi, a plongé le néo-breton dans une profonde réflexion, à savoir qu’il était tout pareil quinze ans plus tôt et que la vie est d’une subtilité ironique, on passe de petit con à vieux con en passant par con d’âge mur sans même s’en apercevoir… En dépit des progrès de la technologie, de la miniaturisation des sonotones et de l’arrivée du SMS, ça blablate au volume maximum… Sur des conservations aussi futiles que celles de tout un chacun, la sagesse et la maturité étant des concepts inventés pour se donner de la contenance à l’occasion. Le jeune, lui, avec son casque sur la tête, relié à son Ipod, et discutant par SMS interposés avec ses potes de plage, pourtant géolocalisés à moins de 3 mètres de lui, n’emmerde personne au final !
Non content d’avoir pris les meilleures places, de s’étaler de tout leur long, et d’occuper le terrain sonore, les regards haineux qu’ils jettent aux pauvres enfants, dont le seul tort est de creuser un trou à 10 mètres du parasol gériatrique, augmentent la tension entre parents et enfants, poussant les uns et les autres à quitter, parfois, la plage un peu plus vite, au grand plaisir de certains qui peuvent accaparer un peu plus le territoire sablonneux….
Mais il faut bien l’avouer, la responsabilité est partagée. Sur la plage, ce n’est pas l’âge qui fait l’imbécile, elle ne fait qu’ accentuer le trait sur les porteurs de ce caractère… Le goujat, le bruyant, le malpropre, le malpoli, tous ceux-là sont en quelque sorte nus sur la plage, et se font repérer à grande vitesse, si ce n’est immédiatement !
C’est un peu la même chose dans les férias, les bodégas et autres fêtes votives que l’on rencontre dans le sud, avec ici la chaleur et l’alcool comme catalyseurs de personnalité. Finalement le breton a beau avoir la réputation d’alcoolique, le cidre ne monte pas à la tête et un vieux fond de pruderie judéo-chétien l’empêche d’être expansif. Le sud a conservé un caractère latin, italianisant qui fait sauter quelques verrous moraux au moment de faire la fête ! Ainsi n’est-il pas rare de voir quelques défilés de fesses sur comptoir, sorte de salut rappelant les belles heures des saturnales romaines, où la frontière entre politesse et vulgarité s’abolit indéniablement…ce qui est plus rare lors d’un Fest-Noz.
Prétexte à se retrouver, la féria peut être vécue de plusieurs manières. Mais elle glisse peu à peu sur un but ultime : montrer qui a la plus grosse, non pas celle que vous pensez, quoique, mais la plus grosse capacité à boire avant de tomber dans un semi-coma éthylique… La chute de l’Empire romain, rappelons-le, n’a pas été glamour…
Lue au premier degré, cette chronique laisserait à penser que le sud de la France est devenu une sorte de réserve de néandertalien… L’honnêteté doit primer : une frange non négligeable de la population, bien que minoritaire, se comporte ainsi, Kéké boy et Cagole Girl en tête… Mais l’immense majorité porte comme une croix l’image que ces types, portant à longueur de journée un maillot de l’OM en répétant « Paris, Paris, on t’encule » avé l’axcent, images véhiculées à travers la télévision et l’imaginaire populaire, et qui devient un repoussoir puissant. Force est de constater pourtant qu’il n’y a pas que les autochtones qui se la jouent beauf, mais bien souvent les visiteurs s’y mettent avec un talent incroyable….
L’été, allez faire un tour au bord des rivières comme le Gardon ou encore l’Hérault. Vous y verrez des gens pour qui le foot n’est pas une question de vie ou de mort, confessions intimes n’est pas un chef d’œuvre de la télévision et pour qui l’apéritif constitue un moment de convivialité où il n’est pas besoin de finir la bouteille de pastis ouverte pour l’occasion ! Rafraichissant, autant que la température de l’eau …
Mais à trop parler du Sud, cette chronique prend le risque de devoir changer de nom, et il est temps de revenir en terre armoricaine, où les actualités se succèdent sans forcément se ressembler : dans une allégorie des préoccupations mondiales, européennes et nationales actuelles, c’est la question de l’économie (Doux, PSA…) qui a pris le pas sur les questions écologiques (algues vertes notamment)… La prochaine chronique, je l’annonce à l’avance façon teasing et sans vous prendre en traître, parlera donc…d’économie bretonne…Ne partez pas, c’est super intéressant et il y a plein de choses à en dire !!!
Commentaires
Avoir un blogging souvent à jour est très indispensable pour conserver le contact avec ces internautes, tout à l'instar des commentaires c'est pour ça que nous vous laisse cette remarque pour vous encourager.