Parmi les constantes que l’on retrouve durant la convalescence de l’enfant, il y a le sentiment parfois assez désagréable que le médecin se fout légèrement de votre gueule quand vous lui amenez votre gamin, vous posant des questions comme si vous étiez un demeuré. Etes-vous certain qu’il a de la fièvre, que ces selles étaient molles…comme une envie de lui mettre le thermomètre dans le fondement et la couche sur la tête…
Une fois passée cette difficile épreuve avec le corps médical, l’étape du traitement peut à son tour devenir une route dangereuse pour l’intégrité vestimentaire des parents. Donner un médicament n’est pas toujours une sinécure. Si le Doliprane pour bébé et enfant se parfume pour leurrer le petit d’Homme, avouons que certains antibiotiques et autres sirops sont particulièrement désagréables au goût pour ne pas dire franchement déguelasse et qu’un enfant ne comprend pas que ce truc dégoutant va lui faire le plus grand bien… Il faudra donc forcer l’enfant à prendre sa dose à la manière d’une oie que l’on gave en utilisant toute la palette possible de dérivatifs propres à porter l’attention de l’enfant sur toute autre chose que le goût repoussant d’un médicament : être parent c’est rarement avoir le beau rôle…
Le catalogue des maladies et des symptômes liés à ces mêmes maladies tourne autour du triptyque : otite, rhino-pharyngite, gastro entérite. Le reste ne compte pas pour du beurre, mais n’aura pas le caractère régulier et cyclique des trois autres.
Bien entendu le rhume est mis de côté, ce dernier s’apparentant à un état chronique du 15 septembre au 15 avril…qui conduit à ce que les poches des parents soient toujours emplies de paquets de mouchoir. Avec la morve, c’est une question de rapidité. Si vous ne bondissez pas sur l’enfant, il n’aura de cesse d’étaler sur ses habits propres les conséquences de son écoulement nasal. Il y prend plaisir d’ailleurs, avec un petit sourire narquois qui démontre qu’il sait exactement comment agir pour vous mettre en rogne. Le reniflement compulsif, bruyant et ramenant les miasmes bien au fond des poumons pour se transformer en bronchite finira de vous achever !
Etre malade pour les enfants, c’est comme pour un adulte mais en pire. Enfant, les concepts de douleur et de patience ne sont pas bien intégrés. Notons que l’adulte n’est pas plus patient ou apprécie mieux la douleur, seulement, il a appris à faire avec, à se lever, à se préparer un antalgique, à serrer les dents et à attendre que ça passe. L’enfant exprimera avec moult décibels son désaccord profond avec cette contrariété qu’est le fait d’être malade. D’autant plus tant que l’enfant ne parle pas. A défaut de verbaliser sa douleur, il criera, encore et encore et encore. Et c’est ainsi que d’une otite enfantine nous passons à un crevage de tympan parental : les virus mutent en se transmettant…
L’auteur de ces lignes rappelait que la tolérance à la douleur est faible, elle va de pair avec une impatience chronique : à peine l’enfant a-t-il pris son antalgique qu’il demande pourquoi il n’y a pas d’effets immédiats. Et croyez en le chroniqueur, 15 minutes peuvent paraître une éternité en attendant que le produit agisse…
Avoir un enfant malade à la maison, c’est être capable de se faire acteur aux multiples visages, intégrant une palette subtile de comportements, de sentiments et de savoir-faire, tout en n’oubliant pas d’être indulgent. Occuper l’enfant, le consoler, le rassurer, c’est être parent puissance 10. Il dormira le jour et geindra la nuit. Ne lui en voulez pas, vous êtes à son image quand vous-mêmes êtes malade…
Si la varicelle est plus impressionnante que grave, son caractère contagieux obligeant à cloîtrer l’enfant et le pouvoir stigmatisant des croutes arrachées à lui scotcher les mains pour qu’il ne se gratte pas, la grippe ou bien les bronchites vous arrachent des larmes en voyant le petit d’Homme souffrir. Tel le Chat Potté de Shrek, vous ne pouvez que fondre devant leurs petits yeux perclus d’incompréhension devant cette chienne de vie qui fait si mal, comme ça, pour le plaisir…
Mais il y a plus embêtant encore : c’est la chaîne virale. C’est un peu comme les powers points pourris que l’on reçoit dans sa messagerie électronique, ils ne s’arrêtent jamais, se passant de boîte en boîte à moins que des mesures radicales ne brisent la chaîne. Cela peut partir d’un banal rhume, d’une otite que la famille se refile en décalé, continuellement. A peine guéri que vous voilà de nouveau touché après que le virus ait attaqué père, mère, enfants. Chaque tour devient plus rapide, la fatigue de l’organisme aidant. Une seule solution, l’isolement. Plus aucun contact entre membres de la famille, à peine pourrez-vous autoriser un serrage de main à l’intérieur du couple pour se dire bonjour. Les enfants seront cloitrés, le repas glissé sous la porte. C’est à ce seul prix que la chaîne pourra se clore. Je vous l’avais dit, c’est radical !
Pour finir ce rapide panorama des petites tracasseries virales du quotidien, un petit focus sur les poux s’impose. Vous en aviez oublié jusqu’à l’existence avant d’avoir des enfants. Les poux, c’est un truc que vous avez eu petit. A l’école. Ça tombe bien, vos enfants, par la grâce de l’instruction publique, laïque, gratuite et obligatoire vous ramèneront, non sans délice, ces charmantes petites bêtes à la maison… Vous vous grattez la tête, votre compagne ou compagnon, les enfants, c’est une danse folle de doigts dans les cheveux… (Vous vous grattez la tête d’ailleurs en ce moment même…), il faut en avoir le cœur net, la chasse aux poux cailloux hiboux est ouverte : l’instinct de primate qui sommeille en vous reprend le dessus : papouiller reprend tout son sens. On se cherche littéralement des poux dans la tête. Traitement chimique et traitement manuel, lavage de tous les vêtements, de tous les draps, insecticide spécifique dans toutes les pièces, c’est une véritable guerre que vous livrez. Mais sachez que les batailles seront nombreuses : la guerre de poux aura bien lieu et elle durera jusqu’à ce que calvitie s’en suive… Sans cheveux sur le caillou, c’est la mort du pou !