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Chroniques d'un jeune parent : au commencement était le verbe...1ère partie

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parents, parole, pipi caca, éducation, politesse, enfants, apprentissagePapa, Maman, quel sera le premier mot de l’enfant ? Plus vraisemblablement caca, ce qui ramène homo sapiens à une forme de vérité abrupte, nous ne sommes finalement pas grand-chose dans cette vallée de larmes.

La parole est un petit miracle devant lequel les parents de jeunes enfants ne cessent de s’émerveiller, exultant devant une onomatopée ressemblant vaguement à un wouaf-wouaf pour désigner tout animal quadrupède à poil, court ou long ou s’extasiant devant le premier non prononcé (avant que ce mot devienne synonyme d’enfer)…

Après des mois de pleurs et d’incompréhension mutuelle, le langage va permettre de passer une nouvelle étape dans la relation parents-enfant, et pas forcément pour le meilleur à vrai dire. Cependant, l’acquisition du vocabulaire et de la grammaire est un processus long et vous serez tels des béotiens confrontés à une nouvelle langue, qu’il conviendra d’apprendre autant qu’enseigner. Ainsi de l’onomatopée DEUH qui peut vouloir dire donne en liliputien ou deux, ou passe-moi le sel… Nous ne sommes pas devant une science exacte, faut-il l’admettre.

Au tout début, on ne distingue que babillages, mais petit à petit, tant la mise en contexte que la différenciation de plus en plus prononcée des syllabes vont ouvrir un espace de dialogue. Pour les seuls parents faut-il le préciser. Le quidam continuera à entendre un charabia pire que de l’hébreu ou du grec ancien et vous pensera demeurés en voyant votre extase pour un aéja-in, que vous avez interprété fort justement : « les parents, auriez-vous l’amabilité de m’ouvrir la porte pour que je puisse aller me dégourdir les jambes dans le jardin, vous serez bien urbain et si au passage vous pouviez m’aider à me chausser je vous serai éternellement reconnaissant. »

C’est fou ce que l’on peut faire avec un vocabulaire de base d’une vingtaine de mots. Bonjour, merci, manger, eau, caca… Avec ça, à défaut de conquérir le monde on peut tout de même en faire le tour sans trop de désagréments.

Mais il n’y pas que bob qui soit une éponge, le cerveau des tout-petits l’est encore plus… ils apprennent vite les bougres et le vocabulaire s’enrichit tous les jours. Les progrès sont fulgurants, l’ordre des mots commencent à venir, le sujet-verbe-complément n’est pas loin, un but que certains n’atteindront jamais malgré un parcours scolaire honorable : n’est-on pas surpris de voir à l’occasion quelque congénère se limiter à seulement claquer des doigts pour vous faire deviner qu’ils souhaiteraient que vous leur passiez le sel plutôt que de faire une phrase complète…

Les progrès sont fulgurants surtout pour prendre les tics de langage des parents et notamment les mots interdits, les fameux gros mots. Le « merde » échappé inopportunément, l’innocent « putain » laché inconsciemment vont faire le délice du petit d’Homme. Il va le répéter sans faute, et analysant votre gêne, à l’avoir dit et à l’entendre le prononcer, va en faire un élément de langage courant jusqu’à ce que le pouvoir du dit mot disparaisse. Cela viendra non par une opération du Saint-Esprit mais plus prosaïquement avec la retenue dans les propos parentales (le pitoyable mer…credi et l’insipide ouch pour remplacer l’héroïque putain) et surtout en déminant le terrain en veillant à ôter toute magie à ces mots. Il faut banaliser la chose, montrer qu’en aucun cas, vous ne semblez affecter par l’utilisation de ce mot dans sa bouche : une seule tactique, faire le dos rond.  

parents, parole, pipi caca, éducation, politesse, enfants, apprentissageMais autant vous prévenir tout de suite, il est une période à laquelle vous n’échapperez pas, la phase plus ou moins longue mais finalement assez rigolote Pipi-Caca-Prout…

Depuis la nuit des temps, cette trinité, que nous ne qualifierons pas de sainte, est magique, l’humour scatologique transcendant les époques, les cultures, les générations. Mais c’est au cours de la petite enfance qu’il va atteindre son paroxysme. L’enfant le mettra à toutes les sauces, non sans humour mais toujours avec sérieux. Le répétant comme un mantra, remplaçant n’importe quel mot par celui-ci, à la manière du parler schtroumpf… Au-delà de la lassitude de la répétition, c’est bien la honte que vous risquez à tous les coins de rue. Ainsi, vous lui demandez de remercier la vendeuse à la boulangerie, il répondra au tac au tac, merci madame caca… La boulangère vous fusille du regard tout en lâchant un subtil bien que contrit, j’ai l’habitude avec les enfants de cet âge… Ne cherchez pas, vous êtes désormais classé dans la catégorie des parents irresponsables et impolis… Mais on ne naît pas poli, on le devient, le parcours sera semé d’embûches, mais c’est une autre histoire…

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