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Le ciel bleu contre la marchandisation du monde

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société, beaux jours, loisir, marchandisation, procrastination<Pour peu que le temps soit clément, homo sapiens retrouve un instinct de saurien et n’aime rien tant que de lézarder, si possible en bonne compagnie. Loin de l’image qui voudrait qu’une vie réussie soit la somme des biens que l’on possède, l’aspiration de la majorité des personnes est de pouvoir profiter d’un repos champêtre, la chaleur des rayons du soleil rafraichie par une petite bise bienvenue.

Au quotidien aussi, la démonstration est faite que ce n’est pas dans le seul consumérisme, crédo des temps modernes, pas plus que dans un carriérisme fait religion, que l’individu se réalise.

L’individu chante, danse, dessine, écrit, joue, bref, il est atteint d’une maladie salvatrice, le hobby, le loisir, qui lui permet avec trois bouts de ficelle et la compagnie de ses congénères de se sentir bien dans ses baskets. Qu’il cherche à se vider l’esprit, à apprendre un art, à se découvrir une passion, à exceller dans une discipline, homo sapiens cherche autre chose que le profit ou la compétition.

Le marché, jamais avare de conquérir de nouvelles terres, cherche par tous les moyens à pénétrer cette sphère de la réalisation individuelle et collective.

Que ce soit un télé-crochet géant et médiatique, des activités sur le jardinage ou le bricolage, la création d’entreprises dédiées à des apprentissages qui auparavant relevaient de l’entraide et du monde associatif, rien n’échappe à la marchandisation du bonheur individuel, jusqu’alors gratuit.

Enfin, pas tout à fait. Il faut savoir recevoir autant que donner. Là aussi, le marché sait y faire : soit qu’il arrive par ses représentants à imposer une législation qui marchandise une activité pour la transformer en prestation, soit qu’il parvienne à vous faire payer le temps que vous ne voulez plus donner pour l’œuvre commune. Acheter du temps, pour faire à votre place. Si l’idée est séduisante, c’est oublier que dans l’entraide, l’engagement associatif, il y a plus que ce que l’on pense faire : il y a une promesse de faire société, en égaux.

Quand les beaux jours pointent leur nez, c’est de cela qu’il faut se rappeler. Un ciel bleu, les pieds sur l’herbe, avec des amis, avec ceux que l’on aime, pour le seul plaisir d’être ensemble est une expérience irremplaçable, un bonheur sans pareil. Lézarder, c’est résister à cette marche du monde qui veut étendre le rapport commercial en lieu et place des rapports humains. S’engager, pour recevoir et donner, c’est encore et toujours résister à cet ordre du monde en construction.

Quand les beaux jours pointent leur nez, on se prend à rêver que tout est encore possible, que les jeux ne sont pas faits et qu’homo sapiens peut revenir à un monde à sa mesure, où le bonheur est dans le pré, sans chercher à l’annexer, l’acheter, le piller et détruire son voisin pour l’obtenir.

Résistons à la marchandisation : lézardons, ensemble !

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