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Defense de rire - Page 56

  • Damidotisation automobile

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    Le chroniqueur voudrait aborder aujourd’hui un problème d’une gravité insoupçonnée qui, sans en avoir l’air, sape les fondations de la société : la présence des chapelets de peluches, cœurs et autres niaiseries que l’on peut apercevoir sur la plage arrière d’une voiture, voir dans les cas les plus extrêmes sur le tableau de bord, tapissant allégrement le pare-brise.

    Rituel et pratique étrange qui pourtant doit avoir un sens caché. On ne peut pas impunément mettre un cœur sur lequel il est écrit I Love You, installer une farandole de petits chatons ou encore transformer sa voiture en appendice du Parc des Princes (ou du Vélodrome, de Bollaert…)  sans vouloir faire passer un message. Mais la seule explication logique à laquelle le chroniqueur est parvenu tient en une phrase : j’ai des gouts de chiottes et je l’assume.

    Oui, il faut le dire, la customisation est à la voiture ce que Valérie Damidot est à la décoration intérieure : un malentendu.

    La science est formelle, si le quidam emplit ainsi sa voiture d’un tel mauvais gout, il est assuré que l’intérieur de son logis sera tout aussi suspect. Défilé de néons multicolores, poster de twillight encadré et trônant au dessus de la cheminée, photo agrandi d’un gala de la star ac au cours duquel notre hôte a pu se faire tirer le portrait avec bidule qui a eu son quart d’heure de gloire il y a cinq ans déjà … Un petit musée des horreurs que même SOS Maison ne pourra sauver.

    Mais j’entends déjà les protestations des lecteurs qui ont ce petit fanion pendu au rétroviseur rappelant des origines portugaises (ou toutes autres origines ou club de foot, jusqu’à la mode un peu passé des petites chaussures de nourrissons) et qui se sentent visés par le présent post : pourquoi tant de haine à notre égard ?

    A vrai dire aucune, mais l’art de la chronique étant de trouver un sujet, il faut bien se mettre quelque chose sous la dent. Et en définitive, on peut même remercier le décorateur d’intérieur automobile : il annonce clairement la couleur. Je suis cucul la praline, si tu n’aimes pas, casse toi… dont acte. Ok j’me casse.

     

    http://www.lepost.fr/article/2010/11/24/2316999_damidomisation-automobile.html

  • Comment occuper le terrain après un remaniement ou la nécessité du mouvement perpétuel

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    Tenir en haleine un public durant des semaines pour qu’il ne regarde pas ailleurs, c’est un art complexe qui ne peut durer éternellement. Imaginons un président qui annoncerait un remaniement ministériel des mois avant de le réaliser. Le média se jetterait avec délectation sur la moindre rumeur, la commentant jusqu’à l’assécher, les prétendants alimentant sans cesse les manchettes des journaux dans une farandole de révélations sur les qualités propres de l’individu et les limites supposées du concurrent. De quoi faire oublier au quidam une réalité particulièrement sombre et des politiques qui ne lui veulent pas que du bien.

    Mais un beau jour, c’est fini, le remaniement est réalisé, il va être discuté quelques jours encore mais le rideau est tombé, la pièce est terminée, chacun retourne à ses occupations et peut contempler la farce qui se joue réellement.

    C’est la terre de tous les dangers pour le politique : le journalisme d’investigation peut reprendre ses droits, l’opposition peut venir titiller la majorité sur le fond et le concret, l’électeur potentiel réfléchir à ses choix futurs.

    A moins d’ouvrir un nouveau front, dans une sorte de mouvement perpétuel, la majorité va devoir affronter ses contradictions, ses erreurs et ses petites bassesses.

    Mais il ne faut pas croire que cette attitude est exclusivement réservée à nos élites gouvernantes : tout un chacun l’expérimente tous les jours. C’est ce besoin irrépressible d’avoir toujours l’impression d’être occupé, même si en définitive on ne fait rien. Subtil non ?

    A ce jeu, on se demande bien quel sera le prochain sketch que le président mettra en œuvre pour détourner le regard ? D’autant qu’il ne pourra plus compter sur les saillies de Frédéric Lefebvre, propulsé secrétaire d’Etat à je ne sais pas trop quoi…

    Quelques idées la dessus pour faire oublier Karachi, la réforme des retraites, l'affaire Bettencourt, le chômage, le bouclier fiscal...?

  • On nous ferait tout gober

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    On ne le rappellera jamais assez : en matière de communication ce n’est pas tant la vérité qui compte que la croyance que l’on met dans une assertion. Et en la matière un exemple récent démontre que le journalisme est un combat permanent pour ne pas laisser la communication tuer l’information.

    A la suite du récent sommet sur la biodiversité à Nagoya, la presse a repris en chœur la conclusion de celui-ci: la biodiversité est sauvée, la preuve, le texte final historique !

    Mais d’accord écrit, de texte final, il n’en a pas été vu une seule ligne ! Et pour cause, le seul texte existant n’est qu’un communiqué de presse, pondu par le secrétariat du sommet, et repris par presque toutes les rédactions. Tout va très bien madame la Marquise, mieux c’est pas possible.

    C’est un éditorialiste spécialiste de l’environnement du Guardian qui a fait son boulot, en cherchant à travailler sur le texte promis pour écrire un papier. Il n’a pas trouvé ce qu’il appelle l’accord fantôme et a alerté l’opinion sur la tromperie, qui reflète l’absence de décisions contraignantes et plus largement un contenu flou lors des échanges du sommet[1].

    Depuis, rares sont les médias ayant osé avouer l’entourloupe dont ils ont été les principaux promoteurs par leur négligence à ne pas vérifier le communiqué de presse.

    Plus que jamais, à l’heure où l’information se périme plus vite que le temps de chargement d’une page web, la vérification des sources, le recoupement des données est une nécessité pour assurer la transparence. La distinction entre propagande, communication et information devient chaque jour plus ténu devant l’avalanche de ressources disponibles.

    Prendre du recul n’a jamais été aussi fondamental pour conserver ce qui fait la force de la démocratie moderne : le jugement éclairé.


    [1] Ce qui est ressorti concrètement c’est le fait d’affecter une valeur monétaire à la biodiversité. Pas sur que ça aide la nature, c’est plutôt la porte ouverte à une déresponsabilisation des pollueurs, qui intégreront ce coût comme aléas, oups j’ai pollué votre île paradisiaque, vous prenez l’American Express ?…

  • Je suis, tu es, il est, nous sommes… googlelisé(s).

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    Andy Warhol avait annoncé que chacun aurait son quart d’heure de célébrité. Le problème, c’est que dorénavant, celui-ci vous colle à la peau pour l’éternité. Le mouchard le plus efficace de l’histoire a un nom : internet, et Big Brother existe réellement, il est alimenté avec une inconscience bien consciencieuse par les victimes elles-mêmes. Tapez votre nom sur Google ou un autre site de recherche, et si vous n’y avez pas pris garde, vous verrez de nombreuses traces de votre passage dans le cyber espace. Je vous laisse deux minutes, allez y ! C’est éloquent. Vous ne vous rappeliez pas cette pétition contre la guerre? Ce n’est pas grave, vous l’assumez. En revanche, cette photo de vous lors de cet apéro monstrueux où vous avez montré le moindre aspect de votre anatomie à toute l’assemblée pourrait faire des vagues.

    Une étude de Microsoft a ainsi révélé que 75 % des recruteurs américains avaient déjà procédé à des recherches en ligne sur des candidats et que 70 % avaient rejeté des candidatures à la suite de ce qu’ils avaient trouvé en googlelisant les noms des candidats. Tout ce qui aura été mis sur la toile pourra dès lors être retenu et se retourner contre vous…

    Aujourd’hui la frontière entre vie publique et vie privée devient plus ténue et le contrôle social plus resserré que jamais. La vigilance est indispensable pour ne pas payer toute sa vie une mise en ligne malencontreuse car le droit à l’oubli n’existe pas formellement à ce jour sur la toile. Vous me direz, si telle ou telle information est visible c’est bien qu’une personne l’a sciemment mise en ligne. Et qu’il s’agisse d’un tweet, d’une photo ou d’un texte, l’auteur doit en assumer la paternité. Surement, mais certainement pas à perpétuité.

    Ce qui fait que l’homme avance, c’est ce savant mélange entre apprentissage et oubli, c’est le droit de se construire tout autant à partir qu’en dépit de ses erreurs sans que ces dernières ne lui reviennent perpétuellement à la face, l’expérience n’étant que le nom que chacun donne à ses erreurs pour reprendre le bon mot d’Oscar Wilde. Pour le permettre, une grande partie des informations présentes sur le net devraient être comme les yaourts : périmées et détruites passée une certaine date.

    Sans compter que certaines informations qui apparaissent sur la toile sont le fait d’amis qui, tout compte fait, ne vous veulent pas que du bien : vous pensiez passer un moment intimiste en leur compagnie, la moitié de la terre est finalement susceptible de le partager également avec vous. J’en entends déjà quelques uns qui me rétorqueront, s’ils n’ont rien à se reprocher, où est le problème ? C’est une intrusion dans la vie privée que de l’étaler au grand jour. Après tout, si j’aime les bons gueuletons arrosés de bonnes bouteilles, mon employeur actuel ou futur n’a pas à le savoir, sauf si je décide de lui en faire part. Donc, le droit de retrait d’un document devrait pouvoir être instantanée…à condition d’en avoir connaissance, ce qui implique de se googleliser soi-même…on tourne en rond…

    Il y aurait bien une autre solution comme demander systématiquement aux personnes que l’on croise d’éteindre portables et appareils photos, mais cette attitude ne manquerait pas de tuer dans l’œuf toute convivialité…

    De nombreuses personnes ont bien cernées le phénomène au point d’en jouer à leur avantage. En sélectionnant ce qu’ils veulent montrer, en référençant ce qui les met en valeur, ils communiquent parfaitement pour renvoyer l’image désirée…C’est en particulier au travers des réseaux sociaux professionnels que l’on voit naviguer avec le plus de talents ces personnages qui ont trouvé là des outils encore plus efficace qu’une carte de visite cartonnée.

    A l’opposé, vous avez ceux qui laissent, à la manière des escargots, des traces derrière eux sans s’en rendre compte, des traces souvent compromettantes : des réponses sur des forums suspects dans lesquelles les fautes d’orthographes feront douter l’employeur sur la capacité du ou de la candidate googlelisée à occuper le poste d’assistante de direction par exemple…

    Devant ce phénomène, nous ne sommes pas tous égaux, dans le niveau d’information et de connaissances nécessaires, amplifiant plus qu’il ne réduit les inégalités. Et la nouvelle génération d’application n’est pas pour rassurer : reconnaissance faciale sur les photos qu’on pensait anonyme, entre autres choses… Le pseudo Cacahuète58 ne vous protégera même plus de la googlelisation… Ne serait Il pas temps de déconnecter…???!!!

    Source : Books octobre 2010

     

    http://www.lepost.fr/article/2010/11/08/2296871_je-suis-tu-es-il-est-nous-sommes-googlelise-s_1_0_1.html

  • Miroir, mon beau miroir

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    Les miroirs feraient bien de réfléchir un peu plus avant de renvoyer les images. Ils n’imaginent pas le mal qu’ils font chaque jour. A l’heure de Photoshop et de l’Iphone l’humanité peut elle encore supporter le renvoi de ses imperfections, de ses excès et de ses travers physiques.

    Vous me direz, il y a une solution radicale, ne pas se présenter devant le dispositif réfléchissant. C’est pas faux mais ce n’est pas aussi simple qu’il y paraît. De fait, le miroir est partout. De la plus obscure des devantures au moindre ascenseur, impossible d’échapper à sa propre image, aux cernes qui vous donnent ce petit air de Droopy, l’hiver qui vous transforme durablement le nez en patate rouge, votre faute de goût du jour dans le choix de votre combinaison vestimentaire. Cette somme de petits détails qui feront les jugements de l’autre.

    Ce défilé permanent de soi-même sous couvert d’un narcissisme assumé et moderne va paradoxalement mettre un voile sur l’Homme.

    En se concentrant sur l’image qu’il renvoie, l’individu en oublie simplement d’être lui-même, il se focalise sur la coquille et ne cherche pas à en valoriser le contenu. La superficialité comme valeur et mode de communication n’a plus qu’à pointer son petit nez refait pour prendre toute sa place. Tout est dans la surface, la profondeur n’est pas cherchée, elle est même suspecte à certains égards.

    Si seulement les miroirs pouvaient avoir les propriétés du portrait de Dorian Gray en reflétant l’image qui se cache derrière le masque…Il est certain que dans cette hypothèse, vous ne trouveriez plus grand monde pour les installer à tous les coins de rue…Vanités de l’humanité qui n’aimerait pas se voir telle qu’elle est : pas toujours très jolie à voir…