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  • Chroniques d'un jeune parent, de l'esclavage légalisé comme mode de vie, le weekend, l'hypermarché...

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    caddie, enfant, caprice, centre commercialIl est à peine 9h00 du matin, c’est samedi et vous avez déjà eu à gérer une crise au sommet, entre menaces (qui peuvent être cumulatives dans la liste non exhaustive suivante : t’es plus mon papa ou ma maman, je t’aime plus, t’es méchant, je veux plus te parler, nan c’est toi qui va m’écouter…), pleurs et roulades au sol. Par bonheur (enfin, c’est vite dit), l’heure d’aller faire les courses arrivent à point nommé. L’attention de l’enfant va être détournée sur cette autre activité- Détourner l’attention, retenez bien cette expression : là encore une technique bien utile, qui fait ses preuves et qui est transposable dans presque tous les contextes.

    Vous voilà en route pour l’hyper du coin, et une nouvelle aventure pas si anodine que cela à vivre commence à partir du chariot à course dit Caddie. Il a un pouvoir hypnotique sur l’enfant. Il voit le rectangle rouge qu’il suffit de déplier pour en faire le siège de la plus fantastique des voitures de course. Et le papa (plus rarement la maman, quoique) imagine la même chose : chouette, un rallye et du slalom entre les rayons, un circuit à imaginer, des obstacles et de la performance au rendez-vous. Au supermarché, un adulte peut redevenir un enfant, au point de mettre mal à l’aise l’enfant, qui peut avoir quelque peu honte du comportement parental, comme quoi la roue tourne…

    Ouf de soulagement, la crise de la TV est passée, les courses vont pouvoir se dérouler tranquillement, à quelques virages en épingle près. Sauf que, un supermarché, pour un enfant, selon les rayons,  constitue la plus vaste des cavernes d’Ali Baba que seul un magasin de jouet arrive à surclasser. Votre pire ennemie du moment s’appelle la tête de gondole et ses promesses de bonheur matérialiste pour la famille en général et les plus petits en particulier. Les professionnels de la vente ne le savent que trop, l’enfant est un prescripteur d’achats à son insu. Mettre en avant des DVD de Cars, de Toy Story, des montagnes de Kinder, ou encore des amas de bonbon, c’est un coup bas dont ne se privent pas les géants de la distribution. L’enfant apercevant la figurine de son héros préféré ne va pas comprendre les subtilités de notre société, en particulier sur la consommation : travailler, avoir un salaire ou un revenu, ne dépenser que ce que l’on a et pas plus, ne pas prendre un crédit pour ma première chose venue. Savoir que le revenu ne couvre pas tous les désirs et que la frustration est à chaque coin de rue sont des concepts que de nombreux adultes n’acceptent déjà que difficilement et pour certains les récusent franchement, alors inutile de penser qu’un enfant les découvrira facilement et voudra se les voir appliquer sans broncher. C’est plutôt rassurant et sain d’ailleurs…

    Mais loin des considérations métaphysiques sur l’origine du mal, le parent est à l’entrée du magasin, concrètement, comment va-t-il s’en sortir sans passer par la case « conflit armé autour de la question de savoir s’il est raisonnable d’acheter la moitié du magasin et surtout cette cabane de jardin en forme de roulotte pour pouvoir jouer dedans »?

    La première et peut être l’unique chose à faire est de repérer les sirènes qui pourraient appeler l’enfant. Les fameuses têtes de gondoles. Elles sont le plus souvent…à l’entrée du magasin. C’est le moment crucial. Au lieu d’aller tout droit après l’entrée comme nous le faisons tous, il est impératif de virer à gauche tout en occupant l’esprit l’enfant pendant quelques secondes. Longer les caisses. Eloignez-vous de l’empire du mal des promos du mois de l’entrée du magasin et de son cortège de rayons diaboliques permanents au sein duquel se niche le saint du saint, le rayon jouet. Longeant les caisses, faisant en quelques sortes les courses à contresens, vous contournez la logique commercial et consommatrice. Il y a bien encore quelques pièges, dans le rayon gâteaux, jus de fruit et autres laitages au gout aussi industriel qu’addictif, mais le spectre du scandale et du bras de fer en plein magasin s’est éloigné. Car c’est bien la difficulté que pose le magasin : le scandale public, la perception du regard réprobateur des autres sur le caprice l’enfant, la fessée qui fait mauvais genre, bref un piège à se retrouver avec un paquet de bonbons sur le tapis de caisse pour acheter la paix sociale et repousser l’opprobre public. Mais lecteurs attentifs de ces chroniques, vous savez ce qu’il en coutera demain de baisser les bras aujourd’hui et de satisfaire le moindre désir de l’enfant : c’est faire entrer le diable dans la maison.

    Le dernier obstacle à franchir sera cette maudite caisse, temps d’attente où l’enfant aura le regard fixé sur des kinder surprise qui lui chantent une douce musique : mangez moi, mangez moi, mangez moi… à laquelle vous répondrez en vous motivant : Résiste, prouve que tu existes !...

    Il est 11 heures du matin, la pièce du caddie est récupérée, l’aventure continue, le weekend et sa nuée de pièges sont à peine entamés... 

    à suivre...



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