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L'avenir de l'Homme se jouera dans les têtes...

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lutte contre extrême droite, europe démocratique sociale ecologique, hégémonie culturelle, présidentielle, Eurobonds, hollande, Merkel, hugoAvec les législatives se termine un cycle politique en France, comportant un message indiquant une volonté de donner une direction très différente à la conduite du pays. Deux questions persistent néanmoins auxquelles il faudra répondre dans les semaines, les mois et les années qui viennent sous peine d’avoir fait des mois de mai et juin 2012 une éclaircie sans lendemain d’une histoire tumultueuse et violente.

 Ces deux questions sont intrinsèquement liées, la non-réponse à la première nourrissant l’existence de l’autre.

 

1) Quel projet politique pour l’Europe dans la mondialisation et dans la triple crise écologique, économique et sociale ; 2) Comment faire refluer un vote d’extrême-droite qui s’est installé durablement en Europe et dont le discours contamine l’ensemble de la société par capillarité.

A l’heure d’une crise sans précédent, d’une mondialisation qui laisse sur le bord du chemin nombre d’individus en mettant en concurrence les Etats et les travailleurs, faisant le lit des fascismes de tout bord, la réponse à apporter devra être plus ambitieuse que la seule rectification d’un traité européen qui ne changera pas ce qu’est aujourd’hui l’Union Européenne, un vaste espace de libre-échange commerciale et économique, à peine politique, si peu sociale et vaguement démocratique.

 

Construire l’Europe n’est pas aisé, il faut en convenir : des visions différentes, une histoire tumultueuse, des intérêts étatiques divergents. Le compromis est souvent la règle, la recherche du plus petit dénominateur commun une technique éprouvée pour éviter le conflit. Mais c’est là peut être une erreur. Intégrer le compromis avant même d’avancer les solutions, c’est se censurer et fermer la porte à une construction ambitieuse. C’est faire l’impasse sur ce que nécessite aujourd’hui la résolution des crises que l’on connaît : une réponse idéologique. Le pilotage à vue, un court-termisme enrobé de libéralisme n’est pas de mise. C’est un changement de paradigme qui est nécessaire et seule la confrontation des idées pourra aboutir à un choix construit et clair. A défaut, c’est l’Europe libérale telle qu’elle s’est construite qui triomphera et aboutira au suicide du vieux continent et à l’écrasement de ses citoyens.

 

Le projet européen doit évoluer. L’individualisme étatique, le veau d’or d’une concurrence libre et non faussée, l’absence d’harmonisation sociale et fiscale, que ne permettent ni les traités, ni le mode de gouvernance actuel ne peuvent plus durer.

 

Mais le projet d’une Europe démocratique, sociale, écologique, prête à réaliser la transition énergétique en mettant l’économie au service de ses citoyens n’est pas culturellement majoritaire dans les têtes. Ce projet est minoritaire sur le plan des idées.

Pourtant, il ne faut pas se résigner, il faut porter cette voie(x), haut et fort, la rendre évidente dans les esprits, en l’assumant, en la promouvant sans se restreindre, se censurer. Il ne faut pas avoir peur du conflit.

 

Pour ce faire, il ne faut pas abdiquer sur les exigences de la création d’un espace de solidarité politique, budgétaire et fiscal, ne rien lâcher sur la nécessaire relance au plan européen avec une politique de grands travaux et de recherches sur la transition énergétique. Il est impératif de cristalliser le débat autour de cette question, face aux arguments d’une Europe seulement espace d’austérité. Le conflit ouvert constitue ce temps de confrontation des idées qui permet d’avancer ses pions, de convaincre l’autre puis de rechercher le compromis et non pas de l’anticiper. Le conflit n’empêche pas le dialogue, au contraire, il l’ouvre, à condition d’écouter l’autre et de ne pas s’enfermer dans une position de principe intangible.

 

Au-delà des dirigeants, c’est auprès des individus que le travail de fond est central, aussi bien pour la question européenne que pour la lutte contre la montée des mouvements xénophobes et populistes. Devant un avenir confus, complexe, difficile, la nécessaire explication du monde, et la présentation des solutions proposées ne doivent pas être laissées aux seuls mouvements libéraux, d’extrême droite et de droite extrême.

 

Les mouvements progressistes se doivent de retrouver leur rôle dans l’éducation populaire. La bataille se perdra ou se gagnera dans les têtes et à ce titre le contact direct, quotidien avec les composantes de la société, qui en tant que telle n’existe pas est primordiale.

 

Un discours clair, compréhensible et argumenté, sans tomber dans le travers de la simplification à outrance, reste à construire ou à compléter, matière indispensable pour aller à la rencontre de l’autre. La formation des militants dans la compréhension de ce discours, en vue de sa restitution et de sa discussion avec les citoyens est tout aussi essentielle. Sans militant formé, l’impact très faible de la distribution de tract aura encore de beaux jours devant lui. Mais après tout, l’éducation populaire, c’est autant pour celui qui reçoit que pour celui qui émet le message. Porte à porte, rencontres en tout lieux, échanges permanents avec la société civile, notamment les mouvements associatifs, syndicaux doivent être à l’agenda politique pour élargir la base du mouvement d’opinion et multiplier les lieux de socialisation et d’éducation populaire. Les médias, le web doivent être investis. A la limite, la discussion devrait être permanente et atteindre jusqu’au repas de famille du dimanche midi.

 

La situation est identique sur la réponse à apporter à la montée de l’extrême-droite en Europe. Le score de Marine Le Pen à la présidentielle n’est pas un acte isolé dans le temps et l’espace. C’est la résultante d’une tendance de fond, lourde, entamée il y a une trentaine d’années, et qui trouve son fondement aussi bien dans les crises économiques qui ne cessent de se succéder depuis le milieu des années 70 que dans un populisme savamment construit dans des sociétés atomisées, individualistes et dans lesquelles la culture politique et citoyenne s’est affaiblie, quand elle n’est pas sciemment balayée.

Lutter contre les idées d’extrême droite impose un combat en deux directions : apporter des réponses concrètes à des situations de crises profondes et reconstruire une culture politique chez les électeurs leur permettant de repousser les idées nauséabondes portées par ces mouvements fascisants.

 

S’inscrire dans le temps, construire l’évidence nécessite une pédagogie de la répétition incessante. Partant du constat qu’on ne reçoit que les messages que l’on veut bien entendre, le discours progressiste doit devenir une petite musique d’ambiance qui prédispose ensuite à l’échange et à la discussion. Le libéralisme, le populisme et la xénophobie ne font pas autre chose. C’est donc du projet politique et des arguments construits de lutte contre l’extrême droite que tout partir. Accompagner au changement, vaincre les résistances n’est jamais facile. L’être humain préfère une mauvaise certitude qu’un espoir impalpable. C’est là le nœud du problème. Il faut lever les peurs. Et ouvrir des perspectives. C’est là le combat d’une gauche écologique, démocratique et sociale, porter une idée, culturellement dominante.

 

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