le vieux continent s’est mis à la page, tournant sa propre version du dernier car(l)ton du cinéma. Mais « 50 nuances de Grèce » reste un film profondément européen. Loin du glamour hollywoodien, c’est un apprentissage façon le jeune Werther. L’apprentissage difficile pour notre héroïne, Angela, qu’une autre économie est possible. Elle qui aime la punition, l’économie auto flagellatrice, pourrait découvrir de nouveaux horizons, avec Alexis, le bellâtre grec, son côté populaire, son hédonisme raisonné, son keynésianisme assumé, son amour de la démocratie. Bref, son côté athénien.
merkel
-
Fifty shades of...
-
L'avenir de l'Homme se jouera dans les têtes...
Avec les législatives se termine un cycle politique en France, comportant un message indiquant une volonté de donner une direction très différente à la conduite du pays. Deux questions persistent néanmoins auxquelles il faudra répondre dans les semaines, les mois et les années qui viennent sous peine d’avoir fait des mois de mai et juin 2012 une éclaircie sans lendemain d’une histoire tumultueuse et violente.
Ces deux questions sont intrinsèquement liées, la non-réponse à la première nourrissant l’existence de l’autre.
1) Quel projet politique pour l’Europe dans la mondialisation et dans la triple crise écologique, économique et sociale ; 2) Comment faire refluer un vote d’extrême-droite qui s’est installé durablement en Europe et dont le discours contamine l’ensemble de la société par capillarité.
-
Destins liés...
Nicolas et Angela, les Stone et Charden de la construction européenne, ont décidé d’afficher leur idylle au grand jour. Angela vient donner un coup de pouce à Nicolas, qui le lui rendra, espère t’elle, en 2013, quand à son tour, elle devra se présenter à nouveau devant les électeurs.
Le procédé est singulier, c’est même une première : la représentante d’un gouvernement qui appelle ouvertement à voter pour un candidat, pas encore déclaré, d’un autre Etat européen.
En d’autres temps, nous aurions appelé cet événement une regrettable ingérence dans les affaires intérieures de la nation. Mais il faut croire que les temps ont changé.
Ce que laisse apparaître cette situation nouvelle, ce sont deux dirigeants dont le destin est lié et qui pour survivre sur leur scène politique respective ont besoin l’un de l’autre.
Qui aurait parié cela il y a encore quelques mois. Rappelez-vous les débuts du couple Angela et Nicolas, les invectives, les insultes à peine cachées… Oui mais voilà, nécessité fait loi et la matrone allemande se rend bien compte qu’une défaite du petit nerveux pourrait la mettre dans une position fort peu confortable :
Si François Hollande est élu, Angela Merkel n’aura plus face à elle un chantre du modèle allemand actuel. L’austérité teutonne n’est pas la tasse de thé du candidat socialiste. C’est embêtant pour faire passer un projet de traité estampillé « Compatible Bundesbank ».
Si François Hollande est élu, elle devra le recevoir, et le message qu’il porte sur les limites de l’austérité teutonne, qui commence à rencontrer quelques échos en Allemagne n’ira pas dans le sens de sa campagne future.
Si François Hollande est élu, cela pourrait donner quelques idées aux électeurs d’outre-Rhin en 2013 en portant le SPD àla Chancellerie.
Bref, Angela, qui porte la culotte dans le couple qu’elle constitue avec Sarkozy, a bien compris une chose : les sondages ras les pâquerettes de son camarade du parti populaire européen ne sont pas pour la rassurer sur son propre avenir politique. Elle va donc servir la cause perdue que constitue le président sortant français pour limiter la casse de son propre destin. C’est une stratégie qui se défend même si elle met à mal quelques principes de bienséance européenne établis de longue date. Elle est surtout risquée pour notre duo de choc : pas sur que les français goutent l’austérité allemande prônée par la dame, pas sur que les allemands apprécient d’être associés à notre Blin-Bling national. Réponse le 6 mai.
-
Résignez-vous!
Au contraire du court essai de Stéphane Hessel publié en 2010, le slogan à la mode dans la bouche des gouvernants et autres commentateurs est un appel à baisser la tête et courber l’échine devant la situation explosive que nous vivons.
Tous les procédés sont bons pour faire rentrer dans le crâne du citoyen qu’il n’y a point de salut en dehors d’une bonne saignée. Nico et Angela vous le répètent : l’austérité, c’est le pied !
Plutôt que chercher à reprendre son destin en main, en s’affranchissant du dieu marché et de ses intercesseurs sur terre, les agences de notation, il convient de se mettre un peu plus à sa botte en courant après un triple A grace à la potion magique « Merkozy », composée de rigueur, de dumping social et fiscal et de règles techniques aussi absurdes qu’absconses.
Résignez-vous…et votez bien lorsque l’on vous proposera les prochains traités. L’union budgétaire par la méthode du père fouettard, voilà le rêve auquel vous pouvez aspirer pour les années qui viennent.
Résignez-vous à ne pas casser cette interdiction faite à la BCE de ne pas devenir la banque des Etats…comme cela a pourtant pu être le cas avant les années 70-80, où le mot crise financière n’existait pour ainsi dire presque pas, une époque où les Etats ne payaient pas d’agences de notation braquant la menace d’une mauvaise note.
Résignez-vous à ne pas remettre en cause des politiques fiscales qui ont creusé les déficits, alourdit la dette et…fait exploser les inégalités de patrimoine et de revenus.
Résignez-vous à être les coupables, les stigmatisés, les fraudeurs, les déviants : au royaume du Dieu marché, vous serez les victimes anonymes mais bien utiles de la cupidité des autres.
Résignez-vous à ne pas entendre d’autres voix que celles des commentateurs officiels : Il n’est qu’un seul Dieu le marché et Standard & Poors est son prophète. Tout ce que l’on vous dira de différent n’est que l’œuvre d’hérétiques à la seule vrai foi sur terre, l’œuvre de populistes désœuvrés et même anti-germain sur les bords…
Résignez-vous à vous replier sur vous-même, avec un peu de chance, vous éviterez la faucheuse du jugement dernier des réajustements structurels…
Après avoir applaudi au énième sauvetage sans lendemain de Saint-Nicolas, vous vous flagellerez trois fois en récitant le crédo libéral ! Amen