Dans quelques années, quand assez d’eau, pleurs de joie ou de tristesse, aura coulé sous les ponts de l’histoire, nous nous remémorerons la présidentielle 2017 en nous souvenant que cette élection a été celle d’une transformation radicale dans le rapport à l’information et d’une bataille sans commune mesure avec les élections précédentes en matière de communication. L’information a fait cette élection comme rarement une élection a été construite, vendue. Au-delà du cadre classique partidaire qui a volé en éclat, acmé d’un processus entamé il y a déjà de nombreuses années, c’est bien la place des médias, de tous les médias qui a été au cœur de la lutte pour la conquête du pouvoir, l’ère de l’information, fausse ou vraie, sans que la distinction pour certains ne représente un critère de qualité. Cette information a eu l’étonnant pouvoir de cristalliser les positions au point que rarement les camps, multiples, ont été loin dans l’invective et rapide dans l’atteinte du point Godwin. Les destins ont été faits ou défaits par un pilonnage sans fin ou à l’opposé une simple phrase reprise en boucle et en chaîne par des médias sociaux trop rapides pour les cellules de gestion de crise. De même, une différence est vite apparue entre ceux qui avaient leurs entrées médiatiques et les autres : la possibilité d’une victoire ou la candidature de témoignage.