« Eh ! Vous ne saviez pas, vous, qu'en hiver il fait froid et qu'en été il fait chaud ? ». C’est le type d’affirmation bateau, pour ne pas dire un peu con, la porte ouverte qu’on enfonce encore et encore chaque année. Bien forcé de la sortir. Sous nos latitudes, j’entends. Ça ne fonctionne pas sous les tropiques. Et dans l’hémisphère sud, ce serait plutôt : « eh, vous ne saviez pas, vous, qu’en hiver il fait chaud et qu’en été il fait froid ? ». Question de point de vue et d’antipode. A mon avis, c’est vieux comme le monde. Imaginez, Rome, en 30 après le crucifié. Ave Julius, on se les caius ce matin…C’est fin ça Antonius. Mais t’as raison, c’est dingue, il fait froid, c’est surprenant ça !!! De toute manière, depuis l’empire, tout fout le camp. Tu vois Toto, ça m’étonnerait pas qu’un jour on en arrive à se prosterner devant deux bouts de bois, au point où on en est… Le défilé des saisons comme thermomètre de la connerie humaine. Sans fin.
Donc je reprends, dès les premiers froids de novembre, on entend, ci et là, des commentaires sur la température glaciale, et que c’est pas possible et que c’était mieux avant…sans parler du fameux : bah alors, on nous parle du réchauffement climatique et on se retrouve sur la banquise !!! Ils ont l’air malin les petits hommes verts…Bref, l’être humain redécouvre les saisons. La faute à qui ? Une société aseptisée qui ne voit le salut que dans la constance ? La mémoire de l’être humain qui est finalement limitée ?
Vous verrez qu’un jour, pas si lointain, vous aurez à ironiser : Eh ! Vous ne saviez pas, vous, que la pluie, ça mouille ?...
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ça caille
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Commission Européenne C/ Petit Papa Noël, décembre 2010
La commission européenne va-t-elle intenter une action en justice contre la neige pour entrave à la liberté de circulation et atteinte au droit de la concurrence ?
Dans une société où il n’est plus permis le moindre écart, dame nature est considéré comme une emmerdeuse, voir comme une vieille salope ingrate. Le fait d’être cloué au sol semble rappeler à certaines de nos élites que l’homo economicus qui veut prendre un avion n’est qu’un simple être humain, soumis à son environnement. Et cela, c’est inacceptable pour le commissaire européen !
Les compagnies vont devoir s’expliquer : elles répondront que c’est au régulateur de prévoir les mesures appropriées. Après tout, la sécurité est l’affaire de tous, avec un coût qu’elles ne souhaiteront pas payer. Le passager dans le meilleur des cas, le contribuable plus surement sera sollicité pour permettre de mettre définitivement sa race à Gaïa.
Supprimer l’aléa, mater mère nature, voilà un programme digne d’une institution qui a pour mission de protéger le consommateur et le financier. Parce que finalement, il est plus facile de s’attaquer à la météo qu’à un système gangréné qui cause bien plus de dégâts que quelques centimètres de neige…
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Fiat Lux mais pas trop...
Il faut bien se le dire, nous avons encore échappé à la catastrophe du blackout général. Un frisson a parcouru la population, qui en citoyenne émérite, a débrancher pour quelques heures et avec sang froid l’un des nombreux appareils électriques qui n’existaient pas il y a encore dix ans, permettant par la même de différer la fin du monde.
S’il n’y a pas à douter un instant des difficultés auxquelles ERDF est confrontée en période de grand froid, des risques réels de surchauffe du système, si nous n’avons jamais autant consommé d’électricité depuis que nous sommes devenus tous écolo, il n’en reste pas moins que l’on peut sourire des invectives aux citoyens, en appelant à leur sens des responsabilités et voir dans le même temps les décorations de noël tapageuses dans les vitrines et dans les rues, les tours de bureaux illuminés jusqu’à pas d’heure, bref une orgie électrique qui participe largement à la réalisation effective d’un blackout d’anthologie.
N’est il pas paradoxal qu’à l’heure du Grenelle de l’environnement et du sommet de Cancun nous ne puissions pas prendre quelques mesures simples bien que hautement symbolique en interdisant cette débauche de luminaires que représentent les décorations de Noël et en contraignant les entreprises à éteindre automatiquement leurs bureaux (pour les heures sup’, la bougie ou la lampe d’appoint) ?
Mais j’entends déjà les cris d’orfraies des admirateurs de l’illumination des rues : l’hiver n’est déjà pas drôle si en plus vous nous supprimez ça que restera-t-il ? Une belle conscience, n’est ce pas le plus beau des cadeaux, sans compter que, personnellement, le concours de la décoration la plus moche me fait renvoyer à l’avance ma dinde du réveillon ? Et pour les entreprises, éteindre les loupiottes constitueraient de vraies belles économies, en permettant à tous de pouvoir enfin admirer à nouveau les étoiles en ville…si ce n’est pas chouette ça !
Plus globalement, il est urgent de revenir à l’essentiel et de débrancher le superflu. Et pour ce qui est du radiateur, à défaut d’isoler tout de suite, la technique dite du pull over est efficace. Est-il vraiment utile de se balader en caleçon tee-shirt en plein mois de décembre … ?
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Quand l’Etat trouve une bonne poire pour le poulet…
En ces temps de finances publiques locales en berne, il est pourtant un secteur qui ne connaît pas la crise : la sécurité !
Pas un jour sans qu’une commune ne fasse le choix de créer ou d’agrandir sa police municipale, pas un jour ne passe sans qu’une nouvelle caméra de vidéosurveillance n’apparaisse au coin d’une rue !
A cela plusieurs phénomènes (pression des citoyens, politique incitative, visibilité d’une police municipale synonyme de dividendes électorales), mais avant tout une question : l’Etat ne se décharge t’il pas d’une de ces missions sur des collectivités bien consentantes, qui d’habitude brandissent haut et fort la bannière de l’autonomie bafouée et du transfert de charges non financées ?
La sécurité est le bien de tous, et en matière policière, les garanties doivent être nombreuses, certaines et réelles. Garantie que quelque soit l’endroit où vous vous trouviez sur le territoire, votre sécurité soit assurée. Ce n’est déjà pas le cas avec une police nationale, c’est d’autant moins certain avec une police municipale : seules les communes riches se paient ce luxe et si d’autres moins vernies le font, c’est au détriment d’autres activités fondamentales. Sachant que l’insécurité ne se situe pas le plus souvent dans les communes assez riches pour se constituer une milice, où la délinquance consiste dans une multiplication des déjections des teckels à poils courts. Sans compter que pour ce qui est de la vidéosurveillance, les résultats ne sont pas au rendez vous. Sans être négatifs, ils ne montrent pas d’amélioration substantielle, si ce n’est un déplacement de la délinquance de quelques mètres.
Au-delà des questions de financement qui ne sont pas négligeables et posent le problème de l’égalité dans l’accès à un droit, le statut et le contrôle d’une police n’est pas chose anodine.
Je ne sais pas pour vous, mais personnellement, avant de donner une arme à quelqu’un, j’espère que son mode de recrutement a permis de vérifier qu’il n’est pas un cow-boy ou un psychopathe. Certes tout ne peut être prévu mais il y a un minimum à respecter. Ensuite, le policier est là pour protéger en appliquant et faisant respecter la loi. C’est un art délicat et complexe assez éloigné de la pratique d’un Dirty Harry. En un mot, le policier se doit de porter des valeurs. Et celles-ci doivent être les mêmes sur tout le territoire, apprises, appliquées, contrôlées et ne sauraient être différentes en fonction de l’employeur.
C’est malheureusement un phénomène global, qui conduit peu à peu à atomiser la fonction policière, sans parler d’un phénomène plus inquiétant encore, la privatisation de la sécurité. Sur ce point, la rupture d’égalité est manifeste, la protection n’est assurée qu’à ceux qui en ont les moyens et le contrôle des agents de sécurité privée est difficile.
Sans y paraître, ce phénomène s’infiltre dans la société, au grand plaisir d’un Etat qui ne voit que le bout de son nez comptable, ce que font les autres, je n’ai plus à le faire… A terme, ce raisonnement est une catastrophe, mais après tout, si le politique agissait à long terme, il y a longtemps qu’il aurait résolu de nombreux problèmes…
Dès lors, le développement de la police municipale apparaît comme la mauvaise réponse à une préoccupation réelle et légitime de la population : que fait la police ?
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Peut-on faire de la politique sans argent ?
Affaire Bettencourt, affaire des sous-marins pakistanais, emplois fictifs… l’actualité judiciaire en politique est riche. Et récurrente devrions nous préciser !!! Les années 90 avaient connu des procès retentissants comme ceux d’Urba sur le financement du PS et de plusieurs personnalités du RPR (Alain Carignon, Michel Noir), de même, les différentes affaires autour de Jacques Chirac ne sont que quelques exemples d’un problème de fond qui agite la politique : peut on réussir sans argent ? Et dans la prolongation de la première question, où trouver de l’argent ?
Il est vrai qu’on n’attire pas des mouches avec du vinaigre et que sans aller jusqu’à la corruption directe de l’électeur, le persuader de voter pour soi demande quelques moyens. Humains, matériels et tout le toutim. Et le toutim, c’est un concept aussi large que vague.
Regardons d’ailleurs comment un sortant qui se représente à une élection bénéficie d’une prime : au-delà des qualités intrinsèques du dirigeant, il ne faut pas oublier qu’il a accordé un travail en tant qu’employeur, il a signé le courrier qui annonçait l’obtention d’un logement, une place de crèche. Même si c’est un processus juste et transparent qui a conduit à ce résultat, sans favoritisme, ni clientélisme particulier, il n’en reste pas moins que l’électeur souhaitera remercier son bienfaiteur. Alors imaginez la tentation du clientélisme…
Le clientélisme est protéiforme : en la matière, l’intelligence humaine montre une créativité insoupçonnée. Du très classique votez pour moi, vous aurez un emploi au plus audacieux votez pour moi, vous aurez un bouclier fiscal, vous pourrez trouver une palette riche. Un point commun dans tous les cas, il faut pouvoir être en mesure d’accorder quelque chose une fois le pouvoir conquis…
Mais promettre n’est pas assez. Il faut communiquer, communiquer, communiquer. La politique est un produit comme les autres à bien des égards : le matraquage publicitaire va intervenir pour vendre le candidat ou le programme. Et là encore, l’artisanat n’est pas de mise, même sur le mode du buzz. Rien n’est laissé au hasard. Et combattre le hasard a un prix : le communicant veut des espèces sonnantes et trébuchantes…
Pour autant, n’y a-t-il donc que corruption, mauvaise foi et clientélisme ?
Heureusement non, la politique n’étant que le reflet de société humaine. Mais il est évident que celui qui est prêt à tout part avec un avantage indéniable…
http://www.lepost.fr/article/2010/11/30/2323263_peut-on-faire-de-la-politique-sans-argent.html