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société - Page 45

  • Chronique d'un néo-breton, épisode 1

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    Qu’on se le dise, le parisien n’en peut plus de la région parisienne : les transports, le logement, la pollution, la grisaille…trop c’est trop ! Et pour comprendre ce ras le bol, il faut partir de la vie de tous les jours de l’individu résidant en Ile de France.

     

    Le quotidien du francilien, c’est un parcours semés d’embuches : Pour celui qui a la chance d’avoir un emploi, celui-ci se trouve non pas à 10 kilomètres mais bien à 1h30 de transports. Il faut le savoir, le système métrique ne fonctionne pas à Paris aux heures de pointes. Il est simplement remplacé par une unité de mesure appelée le putain de bouchon ou le putain de RER supprimé. Vous savez exactement quand vous partez, jamais quand vous arriverez. Le fameux retard du parisien ne s’explique pas autrement, à l’exception de quelques malins qui le provoquent volontairement pour se rendre intéressant.

     

    Vous me direz, et Vélib alors ? Ça peut fonctionner à la rigueur, avec le parisien réel s’il n’habite pas la Butte Montmartre dans le sens de la montée. Le faux parisien, dénommé autrement le banlieusard, ne pourra pas utiliser le vélo couleur taupe comme une bouée de sauvetage : la bicyclette à louer s’arrête quelques centaines de mètres après le périph’. Point de salut, la condamnation est sans appel, ce sera la voiture ou les transports en commun.

     

    Il y a bien une solution alternative : vivre à Paris. Mais une limite s’impose rapidement au banlieusard : rares sont les emplois à 4 000 € net mensuel permettant de faire face aux loyers inabordables. Même les bonnes sont virées manu militari de leurs chambres au huitième sans ascenseur, pour louer ces dernières à prix d’or.

     

    A défaut d’être un fils de ou d’avoir gagné au loto, le francilien n’a plus que trois solutions qui s’offrent à lui : vivre dans les banlieues du 93 pas chers mais à un jet de périph de Paris, acheter au fin fond de la région à la limite de la Picardie, de la Champagne, du Centre ou encore de la Normandie et enfin s’exiler en province.

  • Dans la peau d’un smicard…

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    Voilà ce qui pourrait faire un excellent titre de film ou de concept d’émissions de téléréalité mais qui constitue pourtant le quotidien d’une majorité des individus qui résident dans le pays du bouclier fiscal. Avec des hausses de salaires qui sont à mettre au rang des légendes urbaines combinées à l’envol des prix alimentaires et du coût de l’énergie, joindre les deux bouts devient un sport que seules les classes favorisées peuvent se permettre.

     

    Plus grave, le vécu de ces populations n’est pas même soupçonné par la troupe qui se presse pour se disputer le fauteuil de Nicolas Sarkozy dans un an exactement. La macro-économie, le discours généraliste, populiste et xénophobe pour certains, tout y passe, sauf la description et les propositions, au-delà des poncifs, pour améliorer le quotidien de ceux qui ne verront rien changer avec le relèvement du seuil de taxation de l’ISF.

     

    Dans une société qui allie le problème de la disparition du pain avec la surabondance des jeux, quoi de mieux qu’imposer aux candidats de la future présidentielle de se glisser dans cette peau d’un smicard, disons pendant un mois. Façon Pekin Express, un SMIC, un contrat en CDD, aucune aide extérieure (pas de copinage ni de réseautage possible) et quelques objectifs : décrocher un logement que tout le monde vous refuse, se coltiner un boulot pas drôle (ou en chercher un…), se nourrir sans exploser son compte bancaire dès le premier euro de découvert en oubliant Fauchon et consorts, prendre les transports de monsieur tout le monde sans se mettre aux antidépresseurs dès le premier jour, se taper une voiture pourrie qui tombe en panne tous les jours mais que vous devez garder puisque vous ne pouvez pas vous en payer une nouvelle, ne plus être invité à droite et à gauche pour voir telle première, tel match de foot, d'être invité dans tel restaurant étoilé sur le dos d’on ne sait pas trop qui. Bref, plonger, pour la sentir et la comprendre, dans la vraie vie de la majorité des électeurs.

     

    Au-delà d’une émission certes pathétique mais au potentiel comique réel, ce concept pourrait être instructif pour nos élites dans l’optique des programmes, propositions et postures qu’elles pourraient adopter lors de ce grand cirque désormais quinquennal qu’est la présidentielle.

     

    Et rêvons un peu, le candidat élu fêtera peut être sa victoire non plus au Fouquets comme en 2007 mais au Flunch du coin avec tous ses nouveaux amis rencontrés lors de son expérience de smicard pour qui il souhaitera désormais améliorer la vie plutôt que de celle d’une vieille dame de la banlieue ouest de Paris…

  • La boite de pandore ou ce que nous pourrions écrire dans quelques années (ou mois ou jours)…

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    C’est presque trop tard. Il va être difficile de revenir en arrière, d’un seul coup d’un seul. Les mots ont dérapé. La boite de Pandore est ouverte, elle ne se refermera pas de sitôt. La peur, le rejet de l’autre, la lâcheté, la dénonciation se sont installés dans les esprits. Quelques-uns ont bien tenté de nager à contre courant, jouant les cassandres pour avertir des dangers qui guettaient la société si celle-ci laissait passer les mots de la haine. Mais les temps n’étaient pas propices à un tel discours.

     La fin de la repentance, la liberté de parole étaient revendiquées en reprenant pour mieux le détourner un vieux slogan libertaire, il est interdit d’interdire, du moins en paroles. Le verbe décomplexé qu’ils disaient.

    Cette libération de la parole a aujourd’hui un coût exorbitant, plus personne n’ose parler. Le silence est devenu la meilleure des protections. Sauf à répéter le discours officiel, qui donne du monde une explication simpliste, où aucun n’est responsable mais l’autre est toujours coupable. Cette doxa passe en boucle, martelée en tous lieux et tous temps, amplifiant encore un peu plus la chape de plomb qui s’est installée sur le pays.

    Pour être honnête, le mécanisme est plus insidieux. La chape de plomb ressemble plus à un abrutissement général généré par une production destinée à rendre le genre humain plus con qu’il ne peut être, à lui ôter tout esprit critique. Du pain et des jeux dans une version moderne. C’est dans les jeux que les élites maitrisent le mieux leur sujet. Du sport, de la téléréalité, du rêve en boite statistiquement dosé pour donner à penser que la chance existe. Et si par malheur la conscience se réveille, parce que la soupe est rare ou que l’esprit se rebelle, quelques documentaires bien dosés stigmatisent tels ou tels individus pour exciter la haine qui s’effrite. Un jour le pas pareil est un voleur de poules, le lendemain une horde conquérante à l’assaut des verts pâturages, avec un trait commun, c’est toujours lui est qui la mère de tous les échecs et les ratés. En élargissant le cercle des montrés du doigt au gré des besoins de la propagande et du stock disponible de métèques et autres pas comme les autres que les chefs.

    Des images, des reportages, du lavage de cerveau il en faut des quantités extraordinaires. Une production industrielle confiée à quelques producteurs et scénaristes trop contents de percer alors que le tampon estampillé raté aurait du les marquer autrement.

    Ce n’est jamais un personnage seul qui fait l’Histoire, il a besoin d’alliés, d’une armée qui tente un pari sur un cheval en espérant ramasser la mise en cas de succès. Le parti de la haine est un aimant pour tous ceux qui considèrent, à tort ou à raison, que la vie ne leur a pas octroyé le juste du qu’ils méritaient. Et qu’ils méritent un retour sur investissement.

     Le discours simpliste est fait pour eux. L’explication des difficultés individuelles, par le seul fait d’un bouc émissaire, permet de détourner l’attention sur la complexité et la myriade de raisons qui font qu’un destin est ce qu’il est en omettant de mentionner le ou les responsables réels. Parmi ceux qu’il aspire, le pari de la haine utilise des personnages qui justement pensaient pouvoir l’utiliser, s’en servir, tout en espérant le maitriser et le jeter aux orties le moment venu. Stratégie naïve, la créature s’échappe toujours des mains de son maitre, et le plus souvent se retourne contre son créateur. Une fois lancée dans la nature elle vit sa propre existence. Celui qui stigmatise peut devenir à son tour le stigmatisé.

    Une partie de l’élite se fourvoie en dépit des leçons de l’histoire. A force de se croire unique, on en oublie qu’on reste humain. Avec ses limites et sans maitriser réellement ce que l’on manipule. L’intelligence n’est pas inversement proportionnelle à la connerie. Au contraire, elle rend cette dernière plus dangereuse, parce qu’elle lui ouvre des horizons insoupçonnées.

    Ces horizons, c’est le contenu de boite de pandore qui est ouverte. Celle de toutes les lâchetés humaines, de ce que l’âme a de plus sombre. L’absence de responsabilité et d’empathie à l’égard de l’autre, la haine, l’irresponsabilité individuelle, la négation de la personnalité de celui qui n’est pas ce qu’il voudrait qu’il soit.

    Forcément, on pense se sentir mieux ainsi. Le monde est plus simple à expliquer. Les instincts grégaires sont caressés dans le sens du poil et en appartenant à cette majorité braillarde, l’individu ressent le parfum agréable bien que très artificiel d’être de ceux qui ont raison. En propulsant le parti de la haine, ils en sont un peu les participants de son succès.

    Ce qu’ils savent moins, c’est que le premier cercle des dirigeants de l’empire du mal s’en fout comme de sa première chemise du péquin qui vote pour lui. Il en a besoin pour prendre ou conserver le pouvoir. Pour le reste, c’est comme un mouchoir en papier, après utilisation et perte de l’utilité, on jette. Seules la force de travail et la qualité de consommateur importent. Une fois le poison diffusé dans le corps social, une fois que l’électorat s’est jeté dans les bras tentaculaires de la peste brune, les nouveaux gouvernants prennent rapidement leur distance avec le système électif qui les a portés au pouvoir, pour le conserver. Pas forcément une dictature qui porte son nom, mais un éventail de techniques permettant de garder la haute main sur la victoire électoral. Après tout, l’Iran, la Chine et la Tunisie sous Ben Ali connaissent ou connaissaient la fièvre des soirées électorales. Il est seulement nécessaire de maitriser qui se présente, qui vote et surtout qui compte et proclame les résultats. Ça peut même faire plaisir à l’égo de voir son nom affiché avec un score de 80 % de suffrages en sa faveur. Qui n’a pas enfant, rêvé d’être acclamé au sein de la cour, même au prix de quelques clés de bras bien intentionnés, pour rappeler qui est le bon candidat. Bon d’accord, ni moi, ni vous, mais l’amicale des dictateurs et autres fachos démontrent que ce cas n’est pas si rare.

    La boite est ouverte, les maux se sont échappés. Il sera plus long de les rattraper que de les relâcher dans la nature. Le vivre ensemble c’est une construction patiente, quotidienne. La haine, c’est une facilité. Dans une société où tout doit répondre au claquement de doigts, la facilité est reine. Détrônons-là, abattons son régime. Pour refermer la boîte.

     
  • Borloo est arrivé...

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    Une élection présidentielle, c’est avant tout un scénario qui s’écrit à la manière d’un soap, épisode après épisode : il faut tenir l’électeur/téléspectateur en haleine. Faire parler de soi, pour ne parler des autres ou pour ne rien dire, c’est un art délicat que chacun des partis manie avec plus ou moins de succès.

    Le vrai/faux coup d’éclat de Jean-Louis Borloo n’est pas la saute d’humeur d’un ex-ministre aigri, qui noie son chagrin dans l’étalage de ses sentiments à défaut de reprendre un verre de whisky (quoique…), mais il s’agit plus surement d’une tactique concertée entre alliés de la majorité, partageant tous deux l’amitié de ce grand personnage et comédien qu’est Bernard Tapie.

    Résumons, l’UMP hégémonique, après avoir tout raflé, constate les limites d’un système où coexistent démocrate-chrétien, gaulliste, libéraux, néo-libéraux, cathos, fachos et autres grands pourfendeurs de l’autre. Finalement, personne ne s’y sent à l’aise, les électeurs ont leur pudeur, boudent les urnes et le parti du président accumule les gamelles, au point que les sondages sont chaque fois un peu plus mauvais. Le temps n’est pas loin où nous verrons que face à une carotte ou un navet, Nicolas Sarkozy sera battu à plate couture.

    Se rappelant que la pluralité des sensibilités permet le rassemblement au deuxième tour en attrapant les électeurs dans le filet dès le premier, la stratégie de la candidature unique à droite à du plomb dans l’aile. Borloo doit tailler des croupières au PS et au Modem, en permettant à un électorat conservateur modéré de retrouver le chemin des urnes.

    Le jeu d’acteur se met en place avec un rappel des règles par Borloo lui-même : je quitte l’UMP pour mieux l’aider.

    La tactique peut marcher et leurrer l’électeur. Mais il y a une condition : que Nicolas Sarkozy n’irrite pas plus ses ouailles au point de ne pas être qualifié pour le second tour. Et pour cela, l’ami cahuète de Valenciennes ne sera d’aucun secours.

  • Quand le malheur des uns…

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    Une bonne dose de cynisme permet à n’importe quel commercial de transformer un produit honni en une sorte de merveille à acheter sans plus attendre.

    C’est ce qui est en train de se passer avec la filière nucléaire française pendant qu’aux antipodes, sur les côtes nippones, une catastrophe nucléaire se joue depuis quelques jours.

    Sur l’air de ça ne pourrait pas arriver avec nos produits, le lobby de l’atome chante en cœur la beauté et la prétendue sécurité de l’industrie bleu-blanc-rouge. Oubliant au passage de narrer les ratés de la technologie EPR, en Finlande et à Flamanville.

    Mais au-delà du lobby du nucléaire, il n’est pas exclu que la filière du gaz de schiste, malmenée par une opinion qui a pris conscience des dangers que la production de ce gaz comportait, se refasse une santé sur le dos de la filière nucléaire : « d’accord, ce que l’on fait, c’est loin d’être propre, mais notez que ce n’est pas aussi dangereux que le nucléaire… »

    Dans le cas où l'argument sur la performance du nucléaire française ferait pschitt, il reste une arme de taille : la temporisation ! Qui permet ensuite l’oubli. Pour temporiser, le suppôt du lobby nucléaire va déclarer : « ma bonne dame, on ne sort pas du nucléaire comme ça ! On appuie pas sur un bouton et hop ! Vous comptez vous éclairer à la bougie ? » Cet argument, qui tombe sous le sens, coupe la chique instantanément si personne n’ajoute : « C’est bien pour ça qu’il faut commencer maintenant pour que dans 30 ans, on soit débarrassé de cette source de production. » Le format médiatique, la volonté de rassurer une population qui vit au milieu du nucléaire allié à la puissance publicitaire des industries énergétiques ne plaide pas pour une information contradictoire il est vrai…

    Mais comme le dirait Kadhafi, dont la contre-offensive sanglante est passée quelque peu à l’arrière plan depuis vendredi dernier, le malheur des uns fait le bonheur des autres…