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société - Page 40

  • T’es indigné ?!!! Populiste va…

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    Il y a des mots bateau que l’on sert à toutes les sauces pour stigmatiser tel ou tel propos. Et en période de crise, ils sont légions. Discréditer l’autre, c’est une technique comme une autre dans la guerre idéologique qui se joue.

    Tenez, idéologie, si ce n’est pas devenu un gros mot ça. Aujourd’hui, il n’y aurait plus d’idéologie devant la crise : il y a les pragmatiques, vous comprenez ma bonne dame, si on se coupe pas un bras nous-mêmes, les marchés nous prendront les deux et les chinois les jambes… et il y a les autres, ceux qui font entendre une autre voix. Enfin d’autres voix, parce qu’elles sont multiples et pas compatibles entre elles. Voire même carrément antagoniste. Entre les indignés, les keynésiens, les partisans d’une sortie de crise à la manière Roosevelt, les souverainistes, les antimondialisations, les altermondialistes, les nationalistes et les gros racistes, le spectre est large, au point de constituer un grand écart. Mais dès lors qu’elle sort du point de vue dit des pragmatiques, toute parole sera considérée comme…populiste. Et les adjectifs ne manque pas de pleuvoir si l’on sort des rails du consensus mou, Attention à ce que vous dites, vos propos sont dangereux, contreproductif, de nature à mettre le doute dans les marchés. Au point de perdre son triple A.

    Non, on vous le dit et on vous le répète, nous sommes en crise et c’est par la douleur, la rédemption et une bonne grosse austérité que le salut viendra. Tu la sens la rigueur, elle est pragmatique non ? Penser que l’on pourrait résorber la dette par autre chose que du sang, des larmes, et une bonne pression fiscale des classes moyennes et populaires, constitue un crime de lèse-marché.

    Il n’y aurait plus d’argent et prétendre le contraire serait un mensonge.

    Pourtant Pinocchio n’est pas celui que l’on croit. Tenez, du pognon, il y en a. Comme jamais. Partout. Enfin presque. Il est concentré chez une minorité. Dans les patrimoines extravagants qui se sont constitués ces dernières décennies. Le fameux capitalisme d’héritage, pour lequel le seul mérite tient au fait qu’un spermatozoïde était dans le bon testicule. Ou dans le délit d’initié. Ça paie cela aussi. Et la spéculation sur tout et surtout n’importe quoi, pourvu que ce soit sur les autres. En fait, c'est là le nouveau capitalisme financier, qui s’est constitué sur les cendres de la régulation héritée de Roosevelt et des autres, qui après la grande dépression des années 30, avaient compris que l’alliance des maîtres de forge et des banquiers en redingote conduisait le monde à sa perte. Mais bon, ce qui est en image noir et blanc, c’est has been. Vous êtes post-moderne, vous avez un Iphone…alors ces vieux concepts… et puis l’histoire ne se répète jamais tentez vous de raisonner péniblement entre la lecture et l’envoi de deux Tweets…

    Pourtant, la thune, en la cherchant sans trop se fatiguer, on la trouve, elle est dans la concurrence complètement déloyale, par le dumping fiscal et social que certains voudraient faire accepter sans broncher… Mais déjà, l’argument est prêt à être dégainé : si c’est pas nous, c’est eux… L’argument de culpabilisation… Nous sommes dans la mouise et nous le serions plus encore après… faut pratiquer une bonne saignée ma bonne dame…

    Comment en sortir ? Bonne question. Une bonne dose de courage est nécessaire : ce ne devrait être que pour montrer ses fesses au marché que l’on devrait baisser le pantalon. Ne pas penser à se faire réélire mais crier un grand « fuck » aux profiteurs de crise... Et ne pas avoir peur. Affronter le langage condescendant des pragmatiques de l’économie… Sortir de son état de consommateur dépressif pour reprendre le costume du citoyen engagé… Bref, y a du boulot…

  • Et le triple A de la connerie est décerné à...

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    Nicolas Sarkozy est impayable… c’est le plus grand fraudeur politique des trente ou quarante dernières années. Il vole et détourne le panthéon national sans vergogne, Guy Moquet en 2007, le Conseil National de la Resistance en 2011.

    Il invoque les mânes des pères fondateurs de la sécurité sociale pour stigmatiser les ennemis de l’intérieur, les traitres à la nation : le voleur de poules moderne, le fraudeur aux minimas sociaux… celui-là même qui va grappiller honteusement 500 € par mois, qui va bien entendu faire des enfants pour toucher des allocations (quel bénéfice, un enfant pour quelques centaines d’€ par an… quel esprit d’entreprise). Un individu qui est capable de vivre au crochet de la société pour la somme mirifique, astronomique de 500 € par mois, et qui est capable de faire quelques heures supp’ au noir pour arriver à vivre avec 1 000 € par mois ! Scandaleux ! Comment osent-t-il ? Rendez vous compte, c’est 3 milliards d’€ par an… Tout de suite le chiffre en impose ! C’est une mafia, 3 milliards d’€. Ça en fait des nuits de palace à Cannes une somme pareille ! N’en jetez plus, nous l’avons le bouc émissaire, l’origine du mal de notre temps, c’est le fraudeur social…

    D’ailleurs, la crise de l’Euro, la crise de la dette, la crise économique, c’est lui. Haute trahison, le terme est presque lâché…

    Et tout de suite, les conversations de café du commerce, il a raison, à bas le fraudeur, salaud de pauvre ! On vole le pain des français, des travailleurs, des petites gens.

    Nicolas Sarkozy est un prestidigitateur… pas un bon magicien, mais son public n’est ni très regardant, ni exigeant…

    Le déficit de la sécurité sociale, toutes branches confondues, devrait se situer à 18 milliards d’€ en 2011. Les trois milliards de fraude aux prestations n’expliquent pas tout. En revanche, la fraude aux cotisations sociales, c’est 8 à 15 milliards d’€ par an... Tiens, ce ne serait pas une trahison de ne pas s’acquitter de ses impôts par hasard…deux poids, deux mesures… Sans compter les allégements de cotisations ciblés dont la pertinence économique est remise en cause aussi bien par la cour des comptes que par certains élus de la majorité présidentielle…mais ils doivent être un peu gauchistes sur les bords…

    Pour le déficit de l’Etat, qui avoisinera les 95 milliards d’€, le bouc émissaire est vieux comme les déficits et les budgets de l’Etat : Homo fonctionnarius, branche de l’humanité qui aurait une pilosité accrue de la paume de la main et serait à elle seul à l’origine de tous les maux de la civilisation… ça marche, il suffit de le livrer en pâture pour éteindre tous les feux de la contestation : si le déficit est si important, c’est à cause de lui : il coûte cher à l’Etat et il se reproduit comme un lapin dans les collectivités territoriales… la loi TEPA, les heures supp’ défiscalisées, aberration économique s’il en est, les baisses d’impôts, les niches fiscales, les dégrèvements, les voyages, le four à pizza d’air Sarko one, les sondages de l’Elysée, les sorties spectaculaires du président non, tout cela compte pour du beurre ! le seul coupable, c’est le fonctionnaire et l’ancien fonctionnaire, il coute si cher…

    L’argument ultime du Garcimore de la politique n’est plus très loin : ma bonne dame, voyez les prélèvements, ils sont les plus élevés d’Europe, du monde, tenez même que je vous parie de l’univers et même au-delà… En Allemagne, ils ont fait plein d’efforts, regardez les maintenant comme ils se portent…

    Oui, l’Allemagne a tondu les allemands en comprimant les salaires et en taillant dans les programmes sociaux…pour vendre aux européens qui avaient encore de l’argent pour acheter…L’Allemagne demande maintenant que les autres pays européens prennent la même potion magique qu’elle…bilan, il n’y aura plus d’acheteur…plus de croissance…et toujours plus de déficits…

    Mais expliquer ça à l’opinion, c’est compliqué…stigmatiser les copains du Fouquet’s, c’est difficile, se mettre à dos ceux qui vous invitent à droite à gauche c’est gênant. Caresser le con dans le sens du poil, c’est plus rentable politiquement à court terme…

    S’il y a un triple A que le président actuel conservera, c’est bien celui de la connerie…en plus d’être une triple buze…

  • Chronique d'un néo-breton, épisode 15 : des préjugés sur le breton...

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    Les préjugés sont tenaces, ils alimentent les discussions de comptoirs, les blagues éculées, et permettent à tout un chacun de se différencier en se définissant par ce qu’est l’autre. Ainsi le Belge serait un peu lent du cerveau, le Corse adepte du poil dans la main, l’Alsacien un peu trop allemand sur les bords, le Provençal mafioso par définition. Le Breton n’échappe pas à cette imaginaire populaire et pour tout dire, il cumulerait même plusieurs tares : alcoolique comme un chti, cul terreux comme un irlandais, avare comme un auvergnat et têtu…comme un Breton. En un mot, il est pas comme tout le monde.


    Le néo-breton se doit de rétablir une vérité que son expérience apprend à découvrir chaque jour. Au risque de paraître partial et subjectif, cette vérité ne s’appuyant sur aucune vérité statistique si ce n’est quelques chiffres glanés ci et là au détour d’une conversation de comptoir.


    Dans cette terre lointaine, cette presqu’île accrochée au continent eurasiatique, l'environnement a forgé une culture et des caractères. Que la vie soit terrienne ou nécessite d’avoir le pied marin, elle était dure, et même carrément vache à l’occasion. Essayez de faire pousser des cultures sur une terre granitique, acide, pauvre, détrempée… faut se lever tôt le matin, travailler dur pour un résultat aléatoire. Sur les côtes, la pêche a également forgé une histoire bretonne. Si les armateurs, propriétaires des bateaux ont su se construire des fortunes que l’on retrouve dans le faste des maisons bourgeoises et autres manoirs le long des ports, pour les marins et leurs familles, la mer était synonyme de métiers mal payés, où les risques sont quotidiens et la mort omniprésente. Ajoutez à cela de longues journées de pluie, l’éloignement géographique et vous comprenez comment certains caractères sont entrés dans le patrimoine culturel breton.


    Ainsi, le breton n’est pas alcoolique par nature. C’est la contingence, l’environnement pour ne pas dire la civilisation, qui font monter ses gammas gt. Est-ce sa faute si l’eau est si chargée de nitrates que seul le cidre lui permet de survivre sans s’intoxiquer ? Que les jours de pluie sans fin provoquent une répulsion de H2O ? Que la bière locale est si bonne ? Non, soyons sérieux. Le breton est la victime, très consentante, de mère nature.

    Idem pour son avarice, particulièrement prononcée en pays bigouden paraît il. C’est bien l’histoire qui a conduit les Bretons a ce comportement de thésaurisation. Des récoltes aléatoires, des filets vides ramenés au port incitent à jouer à la fourmi plus qu’à la cigale. Et quand bien même le breton le voudrait, il n’arriverait pas dépenser plus qu’il n’a : la galette n’est jamais meilleure qu’avec des ingrédients simples, elle se marie difficilement avec le caviar. Même le homard est donné à la criée, impossible de se la jouer bling-bling.


    Mais avarice n’est pas radinerie. Le breton est généreux. L’Eglise vous le dira. Enfin était. L’Eglise vous le confirmera également. Si dans les affaires religieuses, le breton est moins prodigue de nos jours, pour le reste, il sait ouvrir son porte-monnaie, son toit et même parait il son cœur de granit.


    Ce qui nous amène à évoquer, en parlant de roche dure d’un défaut souvent reproché au breton : il serait têtu. Une tête de pierre. Un menhir à la place du crane. L’avis du chroniqueur en la matière est plus nuancé. En face d’un breton qui ne reconnaît pas que j’ai raison, je le qualifie volontiers de têtu, mais l’honnêteté me fait reconnaitre que certains, certes peu nombreux, acceptent d’emblée que je sois dans le vrai.

    Mais si la détermination est une qualité, alors oui, la légende a un fond de vérité. L’esprit d’entreprise existe, avec un grain de folie qui passe pour du génie si le succès est au rendez-vous. Il faut avouer que personne, hors de Bretagne n’aurait mis un Kopeck sur une boisson nommée Breizh Cola dont le slogan est la boisson du Phare Ouest. Que rendre fun une région avec comme ambassadrice une vieille bigouden nourrit à la motte de beurre était un pari osé. Le breton pense avoir raison en dépit des autres et ce défaut en devient une qualité.

    Mais pour le reste, dans la réalité, le breton est loin de cet être têtu, borné et radical. Au contraire, la Bretagne est une terre où le consensualisme est un dieu, et le compromis, son prophète. A condition de ne pas attaquer la Bretagne. Car là, vous ferez l’unanimité contre vous. Preuve éclatante d’un consensualisme jusqu’au boutiste…

  • Chronique d'un néo-breton : épisode 14 : de la pluie en Bretagne...

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    Une vieille légende, tenace, attribuerait au climat breton une pluviométrie nettement au dessus de la moyenne. Mieux, une blague potache raconte que le sigle BZH signifierait Bienvenue en Zone Humide.


    L’auteur s’insurge : il est trop facile de répandre de telles allégations partiellement infondées sur la seule foi qu’il se vend plus de parapluies et de cirés que partout ailleurs.

    L’explication est plus complexe : le breton est prévoyant et il sait qu’il habite une région tropicale. La mousson existe, et l’humidité ambiante peut conduire à la faire passer pour de la pluie. Le breton cultive allègrement cette réputation de pays mouillé, elle lui permet qu’on lui foute relativement la paix, évitant par ce moyen la défiguration de du littoral à la mode station balnéaire méditerranéenne.

    Si le néo-breton veut bien admettre l’existence de précipitations un poil plus conséquentes que dans le bush australien, il se doit de préciser qu’il a déjà connu, en dépit de sa très relative expérience en cette terre, des épisodes ininterrompues de soleil à faire pâlir de jalousie un irlandais ou un écossais.


    D’un point de vue fonctionnel, cette humidité réelle, ou supposée, emporte quelques avantages indéniables. Les corvées d’arrosage du jardin, de nettoyage des allées ou encore de la voiture ont une fréquence quasi inexistante. La poussière ne vole pas à tous les vents en vous piquant méchamment les yeux. Les épisodes de sécheresse sont moins violents qu’ailleurs, la canicule est bien plus supportable. Last but not least, un dimanche après-midi pluvieux, c’est l’occasion de pouvoir se mettre au chaud, une crêpière et un bol de chocolat chaud à portée de main.


    Côté négatif, car il faut bien en trouver, l’herbe pousse plus vite qu’ailleurs et demande à être tondu plus souvent, les vitres sont sales à la minute même où elles ont été lavées, le linge met une éternité à sécher, le courrier est mouillé trop régulièrement, les baskets et les chaussures pourrissent assez vite (d’où l’imagerie populaire de la botte), vous ne pouvez rien laisser sur le balcon sous peine de le flinguer, vous êtes presque obligés de déposer un parapluie chez vous, au bureau, dans la voiture…, vous passez la journée au bureau en sentant le chien mouillé, le barbecue est rare -et risqué-, la lutte contre l’humidité intérieure de la maison est un combat perpétuel qui ne connaît de ralentissement quelques semaines par an à peine, rien ne pousse dans le jardin potager à moins d’être équipé d’une serre, vos plants pourrissant sur pied par trop plein d’eau, la motivation à se rendre au boulot tous les jours en vélo est gravement entamée par les épisodes plus ou moins long de dépression atmosphérique qui rendent l’exercice aquatiquement déplaisant, les enfants salopent le parquet de leurs bottes boueuses plus souvent qu’à leur tour…


    La mauvaise foi assumée du néo-breton vous dira que ces quelques 1 200 millimètres de précipitation annuelle se remarquent à peine. Et sont le prix à payer pour apprécier une végétation luxuriante, une nature généreuse et éclatante au printemps, dans une explosion de couleurs, d’espèces et d’odeurs dont la rencontre avec la mer permet ces paysages que le touriste et l’autochtone ne se lassent pas d’arpenter encore et encore…

    Mais il y a une réalité que le chroniqueur a découvert : quand vient l’été, le breton part en vacances…au soleil, et croisera sur sa route le sudiste venant prendre le frais le long des sentiers des douaniers… Nul n’est prophète en son pays…

     

     

     

  • Chronique d'un néo-breton, épisode 13 : du pluralisme de la presse en terre bretonne...

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    Le néo-breton veut s’intégrer, comme il se doit, dans sa nouvelle terre d’adoption. Et ce chemin passe par l’information. Comprendre et être au courant sont les deux mamelles indispensables pour tenter de se fondre dans le costume de l’autochtone. Ce qui va faire plonger le chroniqueur dans la découverte ou plus précisément la redécouverte de ce trésor de la province, la presse quotidienne régionale, la PQR pour les intimes. Souvent moquée, à tort ou à raison par le parisien et le lecteur de la presse nationale, cette PQR constitue pourtant le point névralgique de la société locale. A la décharge des pourfendeurs de la presse de proximité, le premier contact avec un tel canard ne manque pas de déconcerter le lecteur.

     

    La première page présente un mélange improbable entre "une" sur la dernière catastrophe nationale ou mondiale, annonce d’un reportage sur la foire aux bestiaux du jour et publicité vantant les promos exceptionnelles de l’hyper du coin. La plongée dans les pages intérieures peut donner le tournis : de l’international, vous glissez à pas forcés dans le très très local en vous arrêtant successivement sur les pages France, Région, Département, Sous-Préfecture, Arrondissements, Cantons, Communes et pour finir sur l’actualité croustillante du bourg. Sans oublier les annonces nécrologiques, sur lesquelles se jettent allégrement certains pour ne pas louper l’enterrement du jour.

     

    De la crise économique au compte-rendu de la dernière assemblée générale du club des brodeuses, le panorama de l’information ne saurait être plus complet. L’œil snob y verra un monument kitsch, de méchantes langues diront que le plouc prend ses quartiers dans ces pages mais le regard attentif, et bienveillant, apercevra, pour sa part, un échange social permanent. Du menu des enfants à la cantine à l’annonce de la petite brocante du club de bridge, le lien social se construit derrière toutes ces lignes. Le romancier trouvera lui la matière première d’histoires invraisemblables : les comptes-rendus d’audience des tribunaux du coin constituent une mine d’or qui fait dire que la réalité dépasse presque toujours la fiction. Tous les moindres petits faits se trouvent consignés et diffusés dans ces chroniques quotidiennes que constituent les pages locales. Les groupes d’influence, les partis politiques, tout le monde sait comment utiliser au mieux cette tribune si efficace.

     

    Spécificité bretonne, la page économique comporte le cours des marchés agricoles (du coco de Paimpol au prix du veau en passant par le cours du porc) et le retour au port, et donc à la criée, des marins-pêcheurs. Autre particularité de la presse atlantique, les horaires et coefficients de marée, que l’on apprend rapidement à consulter.

     

    Devant cette richesse journalistique, le néo-breton va se trouver face à un choix cornélien : il n’y a pas un titre de PQR dans sa ville, mais bien deux : Ouest-France ou le Télégramme. La compétition va être rude pour départager les deux canards, dont l’auteur n’a pas saisi les subtilités dans une version informative du jeu des sept erreurs, de prime abord s’entend. Mais la lecture attentive des articles, et plus surement des éditoriaux, donne quelques clés de compréhension. Et en Bretagne, terre des pardons, la religion est une ligne de fracture qui se ressent autant que d’autres plus modernes. Ainsi Ouest-France penche du côté du goupillon alors que le Télégramme porte une tradition laïcarde héritée d’un radicalisme à la mode chouchen. Ouest-France tirerait à tribord et le Télégramme à bâbord. C’est plus ou moins vrai, mais les lignes sont parfois troubles : le fond démocrate-chrétien de l’un peut l’amener à prendre des positions fortes pour les droits de la personne humaine alors que le côté populaire de l’autre peut le faire glisser dans le sensationnalisme, à la frontière du populisme.

     

    Mais une chose est réelle, les deux titres se livrent une guerre des rédactions pour être le premier et le meilleur sur l’actualité locale et à ce titre, le grand gagnant est le lecteur : rien n’échappe à l’œil des journalistes, qui sont largement sollicités par qui veut faire du buzz.

     

    Mais me direz-vous, comment choisir : c’est simple, lisez les deux, arrangez vous avec un voisin, chacun s’abonne à un titre et le tour est joué. Vous pouvez également opter pour le café au comptoir, vous aurez les deux pour le prix d’un.

    Et là, c’est sur, impossible de rater le prochain championnat du monde du cracher de bigorneau. Ce qui serait vraiment moche…