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Chroniques d’un jeune parent, au commencement était le verbe, 2ème partie

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enfant, parents, chronique, langage, humour, pipi caca prout, raisonnement, adolescenceSi deuxième partie il y a, c’est qu’il y en avait une première, à laquelle je te renvoie lecteur : tu n’as qu’à cliquer . Pour résumer, si tu as la flemme de cliquer , le billet se rappelait et s’extasiait des premiers pas langagiers du petit d’homme, comment le premier mot apparaissait, puis la suite de mots, inintelligibles pour le commun des mortels sauf pour les propres parents de l’enfant, il abordait l’attraction universelle des enfants pour le tryptique sacré pipi-caca-prout, en terminant sur la question de la politesse, qui est un apprentissage de toute une vie. Mais avant de passer à la suite, je te donne une dernière chance lecteur, en cliquant là.

Le petit d’homme, donc, poursuit sa course contre le temps qui passe, il grandit, et après avoir acquis du vocabulaire, puis une syntaxe approximative, qui le restera à jamais pour certains, il entre dans l’ère de la discussion plus ou moins argumentée, de la rhétorique qui tue ou à deux balles, bref, l’apprentissage continue de plus belle, pour le meilleur et parfois pour le pire…

enfant, parents, chronique, langage, humour, pipi caca prout, raisonnement, adolescenceC'est une lutte sans pitié entre les enfants et les adultes, arguments contre arguments, pour prendre le dessus sur l'autre. Ça commence par un non. Premier mot utile, qui contient une promesse de pouvoir mais limite nécessairement l'échange. L'enfant le met à toutes les sauces, sans nuances, ni même réflexion. C'est un jeu d'ailleurs. Tu fais ça ! Non. Alors ça? Non et ou bien ceci ! Non. Je te donne une mousse au chocolat? Non euh oui. Trop tard, je t'ai eu. La vengeance des parents est vile, elle est celle du faible et devrait les rendre honteux, si elle n'était pas jouissive

Parallèlement au non, une autre forme de rhétorique sera l'usage du pipi-caca-prout. Ça fait marrer la première fois mais la gente parentale se lasse vite de cette fausse innocence du petit d'homme. Le ton monte, le visage de l'adulte commence à tourner écarlate, l'enfant comprend la situation, renchérit, l'adulte perd ses moyens devant un modèle réduit d'humanité de moins d'un mètre. Une seule solution, tourner les talons, en maugréant un dépité, bon ben, viens pas te plaindre, jsuis plus là. Appelons un chat un chat, cela s'appelle une capitulation en rase campagne et l'ego en prend un coup.

Il ne faut pas croire que l'adulte soit démuni. Il a la connaissance des choses et l'autorité pour lui, il peut dégainer : arbitraire et mauvaise foi sont les deux mamelles de la contre-argumentation. C'est le fameux, parce que c'est comme ça et pas autrement. Le souffle de l'incompréhension et de l'injustice entoure cette sentence, dont homo sapiens ne comprend le sens et l'utilité qu'une fois devenu parent à son tour. Face au terrorisme du pipi-caca-prout, il y a des jours où aucune négociation n'est possible...

A partir de là, c'est l'escalade. Dans la cour de l'école, l'enfant affûte ses armes verbales au contact de ses petits congénères. Un soir, il revient de l'école, il n'y a pas de signes avant-coureurs, vous êtes à table, il mange comme un cochon, vous lui faites remarquer et il vous répond d'un magistral, c'est celui qui dit qui est... Stupeur et tremblements. Il vient de franchir le cap. Celui du "celui qui dit qui est". Vous en prenez pour trois mois ferme avant qu'il ne se lasse de cette basse invention rhétorique et ne passe à des armes plus lourdes.

Chaque semaine, chaque mois, une nouveauté, plus ou moins sympathique, plus ou moins rigolote, va faire son apparition. Étant entendu que les enfants sont aussi le reflet des parents : un "fait chier" relâché dans la nature ne se perd jamais. Il est comme un boomerang qui revient, un jour ou l'autre. De la même manière qu'il faudra prendre le temps d'expliquer qu'un doigt d'honneur n'est pas un élément de langage subtil propre à installer une relation de confiance, sauf pour le cas très précis de ce putain de connard qui vous a grillé la priorité ce matin même encore...

Comme monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, les enfants font du raisonnement sans s'en rendre compte. Si tu ne fais pas cela, tu n'auras pas ceci, si tu fais cela, tu auras droit à ça. Jusqu'ici, cela fonctionnait. L'ordre naturel des choses semblait être éternel... Mais un beau jour, vous entendez répondre : Et! Oh! c'est du chantage cela. Tu n'as pas honte. c'est fait ce que je dis, pas ce que je fais... Panique à bord. l'enfant vous surprend en crime de lèse-cohérence. L'innocence s'efface de son visage et un petit rictus de plaisir se lit sur sa bouche : il vous a mouché grave.

Il va y avoir du sport. A compter de ce jour, vous devrez mettre en pratique ce que vous prônez. Un sport fatiguant pour homo sapiens parce ce que, avouons le tout net, ce dernier carbure à la contradiction. Ôtez lui ce défaut, il dépérit et devient ennuyeux comme la lecture d'un bottin de téléphone, les noms de famille rigolo en moins.

enfant, parents, chronique, langage, humour, pipi caca prout, raisonnement, adolescencePour le petit d'homme, il y aura bien une petite rechute, une petite régression dans l'acquisition d'un raisonnement argumenté. Ce sera l'adolescence. Constituée en tout et pour tout de deux formes de contre-argumentation, trois si l'on est en présence d'un génie :

- le grognement

- le vous ne pouvez pas comprendre

- le a croire que vous avez oublié que vous avez été jeunes

ces trois phrases précèdent généralement un claquage de porte de chambre, un jeté sur le lit digne d'un film de cinéma et un texto dénonciateur aux amis et pour les parents les plus malchanceux, de la musique de merde pour couvrir les pleurs que déclenchent tous ces bouleversements hormonaux...

Mais il y a de l'espoir. Il est des parents pour qui la vie est un enfer. On cite le cas d’une pauvre femme dont la fille a commencé à lui répondre dès le plus jeune age non mais allo quoi ?, le déclinant à toutes les sauces, au point qu'elle a du l'envoyer en pension, pardon, dans une émission de télé-réalité pour l'éloigner du domicile familial, avec un résultat mitigé au final.

Alors, la prochaine fois que votre enfant vous répondra par un "c'est celui qui dit qui est", ne baissez pas la tête, ne tourner pas les talons, prenez votre enfant dans les bras, et remerciez le de sa normalité! Les motifs de fierté ne sont pas toujours là où nous les espérons !

Commentaires

  • belles paroles ...en l'air ! car ailleurs ...c'est la misère du monologue d'un bobo vert au boulot qui ne voit même pas plus loin que sa porte de bureau tout engluer d'avoir toujours raisons !

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